Читаем Révolte sur la Lune полностью

— Non, Monsieur, rien ne l’empêchera de rentrer chez lui, du moins en ce qui nous concerne, a répondu Prof. Mais il faut peut-être ajouter que votre police, sur Terra, lui donnera à penser. Je n’ai jamais entendu parler d’un déporté arrivant avec assez d’argent pour s’acheter un billet de retour. Mais est-ce vraiment un problème ? Les vaisseaux vous appartiennent, Luna n’en possède pas. Permettez-moi d’ajouter, à ce sujet, que nous déplorons l’annulation du vaisseau prévu ce mois-ci. Non pour me plaindre que cela ait forcé mon collègue et moi-même (Prof s’est interrompu pour sourire), à utiliser un moyen de transport fort peu classique. J’espère cependant que ceci ne traduit pas un changement de directive. Luna n’a aucun motif de querelle avec vous ; vos vaisseaux seront toujours les bienvenus, votre commerce nous convient, nous sommes en paix et nous désirons le rester. Je vous prie de remarquer que toutes les expéditions de grain prévues ont été effectuées en temps utile.

(Prof avait vraiment le don de changer de sujet.)

Ils ont alors discuté de problèmes mineurs. Un petit fouineur d’Amérique du Nord a voulu savoir ce qui était réellement arrivé au « Gard…» et il s’était repris à temps : au « Protecteur, le sénateur Hobart ». Prof lui a répondu qu’il avait été victime d’une attaque (un « coup d’État » n’est-il pas une « attaque » ?) et que son état ne lui permettait plus de remplir ses fonctions… qu’il était cependant en bonne santé et sous surveillance médicale constante.

Prof a ajouté pensivement que la vigilance de ce vieux monsieur devait avoir baissé ces derniers temps, au vu de toutes les indiscrétions et autres interférences qu’il s’était permises depuis un an à l’égard de citoyens libres, y compris ceux qui n’étaient pas et n’avaient jamais été des déportés.

Une histoire pas trop difficile à avaler : quand ces fichus savants s’étaient arrangés pour donner des nouvelles sur notre coup d’État, ils avaient annoncé la mort du Gardien… tandis que Mike, se faisant passer pour lui, l’avait gardé en vie et même en fonction. Quand l’Autorité sur Terre avait demandé au Gardien un rapport sur ces rumeurs incontrôlées, Mike après discussion avec Prof, avait accepté la communication et donné une excellente imitation de sénilité, s’arrangeant pour démentir, puis confirmer, et surtout confondre tous les événements. Notre Déclaration avait suivi, et des lors… plus de nouvelles du Gardien, ou même de son alter ego informatique. Trois jours plus tard, nous déclarions notre indépendance.

Ce Nord-Américain voulait savoir pour quelles raisons ils iraient croire à la véracité d’une seule de ces déclarations. Prof a souri de son sourire le plus innocent – il a même fait un effort pour étendre une main devant lui avant de la laisser retomber sur la couverture.

— L’honorable délégué de l’Amérique du Nord est invité à venir sur Luna voir le sénateur Hobart sur son lit de malade pour se rendre compte par lui-même. J’ajouterai que tous les citoyens de Terra sont cordialement invités sur Luna. Nous désirons être vos amis, nous sommes pacifiques, nous n’avons rien à cacher. Mon seul regret est que mon pays soit incapable de fournir le moyen de transport ; pour ce problème, nous devrons avoir recours à vous.

Le délégué Chinois regardait Prof d’un air pensif. S’il était resté silencieux, il n’avait rien perdu de la conversation.

Le président a ajourné la séance jusqu’à 15 heures. Ils nous ont fourni une chambre isolée et apporté à déjeuner. Quand j’ai voulu parler, Prof a secoué négativement la tête, regardant tout autour de la pièce en se touchant l’oreille du doigt. Aussi je me suis tu. Prof s’est enfoui sous sa couverture ; je me suis levé de mon fauteuil roulant pour le rejoindre. Sur Terra, nous dormions comme nous pouvions, chaque fois que nous le pouvions, mais jamais assez.

Ils ne sont pas venus nous chercher avant 16 heures ; le Comité siégeait déjà. Le président a lui-même fait une entorse à son règlement contre les discours à rallonge et nous a longuement adressé la parole, sur un ton plus triste que violent.

Il a commencé par nous rappeler que l’Autorité Lunaire constituait un organisme apolitique, solennellement chargé de garantir que le satellite de la Terre, la Lune – Luna comme certains l’appelaient –, ne serait jamais utilisé à des fins militaires. Il nous a assuré que l’Autorité avait pendant plus d’un siècle fait observer cette loi sacrée, alors même que des gouvernements tombaient, que d’autres les remplaçaient, que des alliances se créaient et se défaisaient. L’Autorité était encore plus vieille que les Nations Fédérées elles-mêmes, car elle tenait sa légitimité d’une société internationale plus ancienne encore. Elle avait rempli son mandat assez bien pour surmonter les guerres, les tempêtes et les renversements d’alliances.

(Quelles nouvelles ! Mais vous voyez où il voulait en venir ?)

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