Читаем Révolte sur la Lune полностью

— Excellent ! Magnifique ! s’est exclamé Prof en éclatant de rire. Cher monsieur, vous allez remporter le premier prix en fin d’année ! La fabrication du grain nécessite de l’eau et des matières nutritives : des phosphates et d’autres produits, vous n’avez qu’à demander aux experts. Envoyez-nous tout cela et nous vous enverrons en retour du bon grain. Pompez l’inépuisable océan Indien, parquez ces millions de vaches que l’on trouve en Inde, récoltez leurs sous-produits et envoyez-les-nous. Collectez vos ordures et ne prenez pas la peine de les stériliser, nous avons appris à le faire de manière simple et peu onéreuse. Envoyez-nous de l’eau de mer, des poissons pourris, des cadavres d’animaux, les eaux de vidange de vos villes, de la bouse de vache, des déchets de toutes sortes… et nous vous rendrons, tonne pour tonne, du grain doré ! Faites-nous-en parvenir dix fois plus, et nous vous renverrons dix fois plus d’épis. Envoyez-nous vos pauvres, vos déshérités, envoyez-les par milliers, par centaines de milliers, et nous leur enseignerons les nobles méthodes de l’agriculture lunaire, en tunnels, et nous vous livrerons d’incroyables quantités de nourriture. Messieurs, Luna n’est qu’une immense friche de 4 000 millions d’hectares qui ne demande qu’à être labourée !

Ils n’en revenaient pas. Quelqu’un, cependant, a murmuré :

— Mais Luna, qu’est-ce qu’elle en retirera ?

Prof a haussé les épaules :

— De l’argent, sous forme de marchandises. Ici, vous pouvez fabriquer à bon compte de nombreux produits qui reviennent très cher sur Luna : les médicaments, les outils, les livres microfilmés, les babioles de nos jolies femmes. Achetez-nous notre grain et vous pourrez nous vendre tout cela avec un beau bénéfice.

Un journaliste hindou a semblé réfléchir, avant de prendre quelques notes. Près de lui, un Européen ne semblait pas très convaincu.

— Professeur, avez-vous la moindre idée du prix de revient de telles expéditions en direction de la Lune ?

Prof a écarté l’objection d’un geste de la main :

— Simple question technique, monsieur. Jadis, il était tout simplement impensable de transporter des marchandises par la mer. Puis cela devint possible, mais onéreux, difficile, dangereux ; aujourd’hui, le transport maritime ne représente qu’un facteur de coût en tous points négligeable. Messieurs, je ne suis pas ingénieur, mais de ces derniers j’ai appris une chose : quand le besoin devient trop fort, les ingénieurs finissent toujours par trouver une solution à moindre frais. Si vous voulez vraiment le grain que nous faisons pousser, faites travailler vos ingénieurs.

Prof a remué en soupirant, faisant mine de se lever, puis il a fait un signe pour demander aux infirmières de l’emmener.

J’ai refusé de me laisser questionner, leur déclarant qu’ils devraient s’adresser à Prof quand il serait suffisamment reposé pour les voir. Ils m’ont donc asticoté sur d’autres sujets. L’un d’eux m’a demandé pourquoi, étant donné que nous ne payions pas d’impôts, nous pensions avoir le droit de diriger nos affaires comme nous l’entendions ? Ces colonies n’avaient-elles pas, après tout, été établies par les Nations Fédérées, du moins par certaines d’entre elles ? Et cette entreprise avait été terriblement coûteuse. La Terre avait payé la note, entièrement, et nous voulions maintenant empocher les bénéfices sans rien payer en retour ? Est-ce bien honnête ?

J’avais envie de lui dire de la fermer mais, par chance. Prof – qui m’avait une fois de plus administré un tranquillisant – m’avait demandé de bûcher une interminable liste de réponses à donner à toutes les questions embarrassantes que l’on pouvait me poser.

— S’il vous plaît, une question à la fois, ai-je insisté. Et d’abord, je vous prie, pourquoi voudriez-vous que nous payions des impôts ? Dites-moi donc quel avantage j’en retirerai, et peut-être alors accepterai-je de payer. Non, reformulons cette question : vous-même, payez-vous des impôts ?

— Bien sûr que j’en paie ! Et vous devriez en faire autant.

— Et que vous donne-t-on en échange ?

— Euh… Les impôts servent au gouvernement.

— Excusez mon ignorance. Vous comprenez, j’ai vécu toute ma vie sur Luna et je ne sais pas grand-chose de votre gouvernement. Pourriez-vous m’expliquer cela en détail ? Que vous donne-t-on en échange de votre argent ?

Ils ont tous fait preuve d’un grand intérêt, et tout ce que le petit crétin agressif ne m’avait pas dit, les autres se sont empressés de me l’expliquer. J’ai établi une liste ; quand ils se sont arrêtés, je l’ai relue depuis le début :

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