Les combats du
J’ai donc discuté avec Finn, l’informant de l’état des transports à L City, et j’ai pris mes dispositions pour le rencontrer sur le palier du sas n°13.
Finn avait connu à peu près la même aventure que moi : il avait été pris au dépourvu, sauf qu’il avait, lui, sa combinaison pressurisée. Il n’avait pas pu reprendre le commandement de ses fusiliers laser avant la fin des combats et s’était battu tout seul pendant le massacre du Vieux Dôme. Maintenant, il rassemblait ses troupes et l’un de ses officiers se trouvait dans son bureau du
— Mannie, faut-il que j’y envoie des hommes par le métro ?
Je lui ai répondu d’attendre car ils ne pouvaient pas nous attaquer par les rails, pas tant que nous contrôlions la force motrice, et je pensais que ce convoyeur de troupes ne pouvait pas reprendre son vol.
— Occupons-nous plutôt de celui-là.
C’est ainsi que nous avons progressé par le sas n°13, marché le long des tunnels à pressurisation indépendante d’un de mes voisins (qui ne voulait pas croire que nous avions été envahis) et utilisé son sas particulier vers la surface pour voir de nos propres yeux le convoyeur, à environ un kilomètre à l’ouest. Nous avons pris les plus grandes précautions pour ouvrir l’écoutille.
Nous sommes alors sortis, dissimulés par les amas de roches. Nous nous sommes avancés en rampant, à la façon des Peaux-Rouges, et avons observé à l’aide des binoculaires de nos casques.
Ensuite, nous nous sommes abrités derrière les rochers et avons tenu conseil.
— Je crois que mes hommes pourraient s’en occuper, m’a dit Finn.
— Comment ?
— Si je te l’explique, tu trouveras des raisons pour répliquer que ça ne marchera pas. Pourquoi ne pas me laisser faire mon numéro tout seul, mon vieux ?
Vous avez sans doute entendu parler de ces armées où l’on ne dit jamais au commandant en chef de la fermer, cela s’appelle la « discipline » ; mais nous étions des amateurs. Finn m’a permis de rester dans le coin pour regarder à condition que je ne prenne pas les armes.
Il lui a fallu une heure pour rassembler ses hommes, et deux minutes pour exécuter son plan. Il a dispersé une douzaine d’hommes autour du vaisseau en se servant des écoutilles de surface des fermes et en exigeant le silence radio. De toute manière, la plupart de ces gars n’avaient pas de combinaisons équipées de radio : c’étaient des citadins. Finn a pris position le plus loin possible vers l’ouest : après avoir vérifié que les autres avaient eu le temps de gagner leurs postes de combat, il a envoyé une fusée.
Quand le vaisseau s’est retrouvé violemment éclairé, tous nos hommes se sont mis à tirer en même temps, chacun d’eux visant la cible qui lui avait été désignée. Finn a envoyé toute la puissance disponible, épuisant d’un seul coup son chargeur, le remplaçant et recommençant à brûler en pleine coque… sans même se préoccuper de viser la porte. Son point d’impact, devenu rouge cerise, a immédiatement servi de cible à un autre tireur, puis à trois autres, et tous les quatre ont concentré leur tir sur la même portion. Tout à coup, l’acier brûlant a éclaté, et on a pu voir l’air jaillir du vaisseau en un long jet. Ils ont continué à viser au même endroit, pour bien élargir la brèche, jusqu’au moment où ils ont été à court d’énergie. J’imaginais la pagaille à l’intérieur du vaisseau, les sonneries d’alerte résonnant toutes ensemble, les cloisons étanches se refermant, l’équipage s’efforçant de colmater en même temps trois énormes brèches, car les autres membres du groupe de Finn, dispersés tout autour du vaisseau, infligeaient le même traitement à deux autres endroits de la coque. Ils n’ont pas essayé de brûler quoi que ce soit d’autre : il s’agissait en effet d’un vaisseau sous vide, construit sur orbite, avec une coque pressurisée séparée de la chambre des machines et des réservoirs : ils ont appliqué leur effort exactement là où il devait être le plus efficace.
Finn a appliqué son casque contre le mien :