Читаем С.Д.П. Из истории литературного быта пушкинской поры полностью

Ce 23 Mai 1821.

Vous l ’avez prononc'e, Madame! vous m’avez rendu le droit de vous con-ter mes peines, de vous parler de mon amour? H'elas, ce droit est le seul qui me soit r'eserv'e: je n’ai, pour toute r'ealit'e que mes tourments et la libert'e de g'emir. D’autres, plus heureux que moi, respirent la douce haleine de la rose; je n’en recueille que les 'epines. Oh! pourquoi ne puis-je r'epandre mon ^ame sur ce papier? pourquoi ne puis-je pas 'ecrire avec le sang de mon coeur: ces caract `eres seraient br^ulants, ils vous auraient embras'es des m^emes feux dont ce pauvre coeur est consum'e!

Croiriez-vous, Madame, qu ’il m’arrive souvent d’^etre plus heureux, seul et loin de vous, qu’en votre pr'esence? Je vais vous expliquer cette 'enigme: vot-re image est toujours avec moi: tout mon ^etre intellectuel en est rempli:

… Je t’aime en cent facons,Pour toi seule je tiens ma plume:Je te chante dans mes chancons,Je te lis dans chaque volume.Qu’une beaut'e m’offre ses traits,Je te cherche sur son visage:Dans les tableaux, dans les portraits,Je veux d'em^eler ton image.

Voil `a la peinture la plus vraie de ce qui passe dans mon coeur, dans mon imagination, enfin dans tout mon individu. Que je suis f^ach'e que ce ne soit pas moi-m^eme qui ait fait ces vers! ils expriment si bien ce que j’'eprouve et que je sens… H'e bien, Madame, ajoutez `a cela le doux souvenir de ce que j’ai entendu, de ce que j’ai vu, et ces mots de bont'e, ces mots de consolation qui flattaient de temps en temps mon oreille. «Вот милая попинька! O`u est mon Oreste? Jouez, mon ange!» — Croyez-vous que je les oublierai? Ja sais bien comme je viens de le dire, que c’'etaient seulement des mots de bont'e, des mots de consolation, des expressions presque banales, mais je vous le r'ep`ete, et je le r'ep'eterai toujours: mon coeur aime `a se tromper, il est tout `a ces illusions… Aussi la r'ealit'e est trop dure pour lui… je vois bien que j’ai cess'e m^eme d’^etre l’objet de votre indulgence: quelquefois je suis l`a, pr`es de vous, et vous avez l’air de ne pas vous en apercevoir [333]. Oh! c’est l’unique occasion o`u je fais des reproches am`eres `a la nature, `a la providence de ne m’avoir pas combl'e de leurs dons.

Pourquoi en effet ne m ’ont-elles pas donn'e une figure attrayante, une taille avantageuse, des talents agr'eables surtout celle de plaire, un esprit aigre et cultiv'e, enfin tout ce peut attirer et attacher. De tous leurs dons, elles ne m’ont laiss'e en partage qu’un coeur tendre et aimant et une ^ame 'elev'ee au-des-sus de mon 'etat, deux choses qui au lieu de faire le bonheur de celui qui les poss`ede, ne contribuent qu’`a le rendre encore plus malheureux. Ayez piti'e de moi, Madame; rendez-moi du moins mon bonheur illusoire, ce bonheur qui m’a 'et'e accord'e nagu`eres: je vous jure, je fais le serment le plus solennel d’^etre aussi circonspect que vous l’exigez, de vous 'epargner la peine de me faire encore les m^emes reproches que votre jolie bouche m’avait prononc'e autre jour.

Et en quoi suis-je fautif? J ’a toujours 'et'e si respectueux, si soumis devant vous, Madame (en m^eme temps que j’ai vu un jeune homme se permettre de vous faire les r'eprimandes un peu dures en pr'esence de tout le monde: voil`a `a qui peut vous compromettre et pr^eter au scandale…)

Veuillez bien, Madame, me pardonner ma franchise excessive: c ’est dans l’inter^et de tout ce qui vous concerne, et par cons'equent de tout ce qui m’est plus cher que ma vie, que je me suis permis de vous exprimer mon sentiment `a ce sujet. Si vous saviez toute la force de mon amour, vous ne vous f^acheriez point de ma sinc'erit'e. Je tombe `a vos pieds, je m’an'eantis en disant toujou rs

Tout `a vous pour la vieO. Somoff.
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