Читаем Sur la dalle полностью

— Vrai, dit Adamsberg. On ne ment pas avec ces choses-là.

<p>XXXVI</p>

Au matin, hormis les gardes à bouclier, relayés à huit heures et laissés à l’auberge pour la protection d’Adamsberg, dix autres hommes avaient rejoint les équipes des commissaires pour procéder aux perquisitions des domiciles de Karl Grossman, dit « Jeff », et de Laurent Verdurin, dit le « Joueur ». Avec dix-sept agents répartis en deux équipes, ils devraient en avoir fini bien avant l’heure du déjeuner. Selon les photos trouvées par Mercadet, les maisons n’étaient pas très grandes, de cinq pièces au maximum, plus une dépendance servant de garage. Celle de Grossman était flambant neuve et plutôt laide, celle de Verdurin ancienne et peu rénovée. Johan et Adamsberg achevaient leur petit-déjeuner.

— T’es sûr de ce que tu dis ? répétait Johan d’une voix basse et inquiète.

— Je te le promets. Cela lui est égal et elle ne m’en a même pas touché un mot.

— Parce que tu comprends, réexpliqua l’aubergiste en se mordant la peau d’un doigt, m’avoir vu terrifié devant un papillon de nuit, c’est se ridiculiser devant Violette. Elle doit me prendre pour un moins-que-rien, une larve, un déchet.

— Cela fait dix fois que je te le dis : non. Violette ne juge pas ainsi les hommes. Mets-toi ça dans le crâne et tiens-en toi là.

Adamsberg achevait de dissiper les craintes de Johan quand on frappa à la lourde porte.

— C’est Josselin, Johan, tu peux m’ouvrir.

— C’est bien sa manière de frapper, dit-il aux gardes et c’est bien sa voix. On peut le laisser entrer.

Les gardes refermèrent aussitôt la porte derrière lui.

— Vous m’avez l’air bien excité, dit Johan en lui servant une tasse de café.

— Quelque chose d’important que j’ai oublié de vous dire hier, commissaire, dans l’agitation de cette soirée. Dès que j’en ai le temps, je continue plus que jamais à surveiller ces gars et sillonner les routes. J’en néglige mes champignons. Hier, vers douze heures trente, j’allais au hasard vers Montfort-la-Tour, en direction de Rennes, quand j’ai croisé un type à moto. À cause de la chaleur, il avait remonté sa visière. Il n’allait pas vite, je l’aurais reconnu entre mille. Pas besoin de l’entendre ou de le voir en photo, c’était lui : Pierre Le Guillou, revenu dans les parages. J’ai roulé encore cinq cents mètres puis fait demi-tour pour le rattraper. Juste à temps pour le voir s’engager dans l’allée d’une belle maison entièrement retapée. À vingt mètres de la sortie de Montfort, 7, rue du Cormier, très isolée. Ils y ont fait des travaux pendant des mois.

— Avant, dit Johan, c’était qu’un tas de ruines et de broussailles. Ça a dû coûter un paquet de fric.

Adamsberg envoya un message à Mercadet pour connaître le nom du propriétaire de la maison de la rue du Cormier.

— Quand ont-ils fini les travaux ? demanda-t-il.

— Il y a environ cinq ans, dit Johan.

— Et depuis, Josselin, la maison était occupée ?

— Non, bouclée. Il me semble que je ne l’ai vue volets ouverts que trois ou quatre fois.

— Pour de longues périodes ?

— Très courtes. Deux à trois jours maximum.

— Ce serait donc le point de chute de Le Guillou quand Robic est sur une affaire d’importance.

— Alors quelque chose se prépare, dit Josselin. Je sais que cela ne nous avance pas, mais c’est toujours une donnée de plus.

— Il y a moyen de surveiller discrètement la maison ?

— Elle est entourée par des haies arbustives de bonne hauteur. Et un chemin de rocaille la longe sur sa droite.

— Le propriétaire, dit Adamsberg en lisant la réponse de Mercadet, est Yannick Plennec. Le Guillou aussi a changé de nom. Il était beau gosse ?

— Très, dit Josselin. Pourquoi ?

— Ce pourrait être lui qu’ils surnomment le « Tombeur ».

— Très probable. Belles fringues, boucles blondes, yeux d’un bleu net, toutes les filles étaient après lui. Je vous laisse, commissaire. Mais prenez garde à vous. Robic plus Le Guillou, c’est de la dynamite.

Gardes du corps et policiers réintégrèrent l’auberge à midi.

— Johan, on va déjeuner vite, dit Adamsberg, une fois toute l’équipe réunie. C’est trop calme depuis leur échec d’hier soir. Ça va bouger.

— Il abandonne et se prépare pour un autre coup, c’est tout, dit Johan.

— Non, dit Adamsberg, le visage concentré. Robic n’est pas du genre à échanger un assassinat raté contre une attaque de bijouterie. Je suis hors de sa portée, il va donc changer de cible et ce sera un sale coup. Il a maintenant cinq hommes en taule.

— C’est très possible, dit Veyrenc, tu ne vas pas tarder à recevoir un message.

— Johan, même si cela te choque, prépare-nous seulement des sandwichs, dit Adamsberg, ce sera bien suffisant. Résultat des perquisitions, Matthieu ?

Перейти на страницу:

Похожие книги