Читаем Sur la dalle полностью

Dans la salle régnait un silence de mort, rompu par les maugréements des associés de Robic. La cohésion se délitait. Pierre Le Guillou réfléchissait intensément à la manière de se venger de la traîtrise de Robic. Il allait être emmené en cellule comme les autres, mais d’une cellule, on peut faire pas mal de choses. Robic paierait.

Matthieu, au comble de la nervosité, montrait toujours un visage paisible. Berrond revint, avec le drap déchiré.

— On l’a pansé, dit-il, mais il est brûlant. Il lui faut des secours.

Le téléphone de Matthieu sonna plusieurs fois et le commissaire le sortit sans hâte de sa poche.

— C’est fait, dit-il calmement, en montrant le message du « ministère de l’Intérieur » à Robic. Satisfait ?

Robic examina le texte, observa l’en-tête, le lut et le relut. Un soupçon de suspicion flottait sur ses lèvres pincées.

— Voici les messages reçus de l’Intérieur par Adamsberg après vos menaces, dit Matthieu. Il vient de me les transférer. Comparez si cela vous chante.

— C’est parfait, dit finalement Robic en se levant, avec le sourire de l’homme qui réussit toujours.

Car, flics ou pas flics, une fois libre chez lui en attente de son procès, il était bien convaincu de parvenir à s’échapper.

— La clef, ordonna Matthieu, en ramassant son téléphone.

— Nous y allons, dit Robic sans un regard pour ses associés dont il sentait monter la rage et le mépris, ce qui ne lui importait nullement. N’aie pas de regrets, Pierre, ajouta-t-il, j’ai changé la planque, tu n’aurais jamais pu leur donner la clef.

L’arme de Matthieu collée à son dos, et en compagnie de Berrond et Retancourt, Robic descendit l’escalier de la cave, et s’arrêta à mi-chemin. Élevant ses mains menottées vers le mur, il agrippa une brique qu’il fit doucement sortir de son logement. Matthieu plongea ses doigts dans la cavité et en sortit une clef longue et brillante.

— Ramenez-le, Berrond, dit-il. Restez, Retancourt, j’ai besoin d’une femme pour rassurer la petite.

Le commissaire dévala les dernières marches, ouvrit la porte blindée et s’agenouilla près du petit matelas où était étendue Rose. Il colla son oreille contre sa poitrine, souleva la mince couverture, retourna l’enfant sous tous les angles comme un sac de farine, la pinça, lui parla, puis la recouvrit, calant bien sa tête sur son oreiller.

— Elle n’est pas morte, dit-il d’une voix essoufflée, ni blessée. Mais totalement droguée, ça ne fait pas le moindre doute. Jusqu’à quel point, mortel ou non, on n’en sait rien. Mais j’ai bon espoir car elle réagit quand on la pince, elle entend ce qu’on lui dit. Et surtout, c’est très récent. La droguer, c’est ce que venait de faire Robic juste à notre arrivée. Remercions Adamsberg d’avoir embarqué une ambulance. D’ici vingt minutes, elle sera prise en charge à l’hôpital de Rennes. Et c’est dans la première heure qu’il faut agir.

Retancourt prit la fillette dans ses bras, enroulée dans la couverture, et rejoignit à grands pas l’ambulance qui prit la route de Rennes toutes sirènes hurlantes. Matthieu appelait Johan pour lui annoncer la nouvelle. Il entendit l’homme pleurer, de délivrance cette fois.

— Rose est en route pour l’hôpital, dit Matthieu. Non, ne te tracasse pas. Attends-nous à l’auberge.

Le Guillou et les quatre autres hommes furent emmenés vers le commissariat de Rennes par les gendarmes de Matthieu. Robic fut embarqué avec les autres afin de ne pas éveiller sur-le-champ les soupçons de la presse. Matthieu, Berrond, Verdun et l’équipe d’Adamsberg revinrent vers Louviec, accompagnés des gardes à bouclier qui, sans ordre nouveau, continuaient d’assurer la protection du commissaire. Gardes qui tinrent à reprendre leur formation en tortue pour faire pénétrer Adamsberg dans l’auberge de Johan.

<p>XXXVIII</p>

L’aubergiste, planté devant sa porte, serra Adamsberg dans ses bras dès son arrivée.

— Tu peux bénir Mercadet, dit Adamsberg. Sans lui, on était foutus.

Johan s’avança vers le lieutenant qu’il enlaça avec effusion.

— Merci pour votre potion, Johan, dit Mercadet. Elle tombait à pic. Et puisque nous en sommes à bénir, eh bien, bénissez le commissaire d’avoir prévu l’ambulance. Car à ce que m’a décrit Matthieu, c’est un barbiturique que Robic a fait avaler à votre fille.

Le nouveau docteur de Louviec, accouru à la demande de Johan, hocha la tête.

— L’hôpital a appelé, dit-il. À son arrivée, il était encore temps, ils ont pu la traiter au carbone végétal activé. Juste temps.

— Docteur, dit Johan d’une voix trouble, que se serait-il passé sans ce truc activé ?

— Elle mourait cette nuit, dit le docteur de sa voix la plus douce. Mais, ajouta-t-il en posant sa main fine sur la grosse épaule de Johan, ne vous faites pas le moindre souci. Tout danger est à présent écarté, je vous l’assure. Il fallait intervenir très vite et ces hommes ont tenu les délais.

— Sans vous, dit Johan en s’asseyant pesamment, les traits défaits par l’angoisse et l’émotion, j’aurais perdu ma fille.

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