Читаем Sur la dalle полностью

— Pus tôt que cela, Matthieu. Le type est rapide et imaginatif, on ne prend aucun risque. Qu’on soit prêts à l’arrêter dès vingt-deux heures. Encerclement de tous les abords de la maison. Rassemblement et départ de l’auberge à vingt et une heures trente.

L’homme réfléchissait. Si les flics avaient furtivement libéré Robic, ainsi qu’il les avait vus faire hier, il ne pouvait y trouver que deux explications. Soit les preuves n’étaient pas encore assez concluantes – et il en doutait fort –, soit il s’agissait d’une astuce de flics pour ramasser les derniers de la bande, s’il en restait. Et il en restait à coup sûr, vu le réseau de relations qu’il avait constitué au fil des ans. Que Robic soit tombé dans le panneau, c’était possible. Mais qu’il demeure tranquillement dans son jardin, non. Ce n’était pas du tout le genre du type. Qui devait se douter que tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, la petite Rose le mettrait en cause et que les flics lui tomberaient dessus. Car à l’allure heureuse de Johan, il était évident que l’enfant n’était pas décédée. Robic devait déjà être en train de tisser sa toile pour filer de là, et au plus vite.

L’homme tâchait de se mettre à sa place : programmer une noria de voitures qui l’emmèneraient loin d’ici. Vers quelle destination ? Mais à Sète bien sûr. Où, largement payé, un batelier lui ferait traverser la Méditerranée. L’argent, c’était le nerf de la guerre, l’assurance de la réussite, et il lui en fallait des quantités. Seule solution, le prélever dans le coffre de sa propre entreprise. Réactif comme l’était Robic, il pouvait avoir disparu cette nuit, ou dès demain à l’aube. Les flics se retrouveraient le bec dans l’eau. Il se frotta les mains en souriant. On allait bien s’amuser.

Robic raccrocha après son dernier appel. Tout était en place, et une voiture l’attendrait non loin de la vieille porte nord, sur le chemin de la Malcroix, à trois heures et demie du matin. Il entrerait dans son entreprise par la porte blindée latérale, et une fois son sac chargé de fric à plein, ils prendraient la route vers le sud. Sa femme, revenue, avait encore convié une foule de gens mais pour une fois, cela l’arrangeait. Il pouvait aller et venir, achever ses préparatifs, rassembler de quoi se grimer, et recevoir les dernières confirmations sans que nul n’y prête attention. Et à trois heures du matin, tous ces crétins d’invités seraient depuis longtemps partis et sa femme hors d’état de nuire.

Tout marchait encore mieux qu’il ne l’espérait. Cependant, le message qu’il avait reçu à dix-neuf heures trente, depuis un portable certainement volé, contrariait sa satisfaction : Annulation liberté à craindre, demain. Informations. Urgent. Rdv ce soir près de ton cellier, mur nord, à 21 h. Je répète : Urgent.

Demain ? Les huiles du ministère avaient donc changé d’avis ? Très possible s’ils avaient appris sa tentative d’assassinat sur la gosse. Elle avait dû parler des « bonbons » à avaler de force. Mais demain, quelle importance, il serait déjà loin. Néanmoins, il était essentiel de connaître ces nouvelles informations.

Le repas chez Johan était à la fois tendu et animé, chacun cherchant, à présent que leurs personnalités étaient mieux connues, lequel des onze hommes de la bande aurait pu perpétrer pour son compte les meurtres de Louviec. Et pourquoi ?

— Après tout, dit Matthieu, ce n’est pas parce qu’ils sont à Robic qu’ils n’ont pas des affaires personnelles à régler. Prends Robic par exemple. À peine revenu à Louviec, Jean Armez est assassiné.

— Je crois plutôt que tout vient de cette affaire d’héritage, dit Berrond.

— Et tout partirait du docteur Jaffré, dit Retancourt. Il savait que le testament était un faux. Il a pu en parler à sa collègue, la psychiatre. Et au maire. Il en a bien parlé à Johan.

— Et à Gaël ? demanda Noël, dubitatif.

— Gaël était de taille à faire chanter Robic, dit Retancourt. Soit pour l’héritage, soit pour Jean Armez.

— Et les œufs alors ? dit Mercadet en se resservant. Qu’est-ce qu’ils viennent faire dans cette histoire, les œufs ?

— Diversion, dit Verdun. Pour nous envoyer sur la piste de l’avortement et nous éloigner du vrai mobile. Ce qu’on a fait comme de bons petits soldats.

— Le meurtre d’Anaëlle ne cadre pas avec cette hypothèse.

— Sauf pour rendre plus crédible la manœuvre de diversion.

— Mais ce n’est pas Robic qui s’est chargé de ces meurtres, dit Matthieu. Ce n’est vraiment pas sa manière. Il a pu utiliser Le Guillou, Yvon Le Bras, Hervé Pouliquen. Ou les trois successivement. Il va falloir les dresser les uns contre les autres.

Maël poussa la porte de l’auberge peu avant vingt heures.

— Je peux ? demanda-t-il en saluant à la ronde. J’ai travaillé comme un bœuf pour finir les comptes de la semaine, j’avale un morceau en vitesse et je m’y remets.

— Assieds-toi, dit Johan, j’ai fait du rôti. Sauce champignons-lardons.

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