C’est une 'etrange chose, apr`es tout, que cette fraction de la
Le monde r'eel, toutefois, le monde de la r'ealit'e historique, m^eme sous le mirage n’en est pas moins rest'e ce qu’il est et n’en a pas moins poursuivi son chemin tout `a c^ot'e de ce monde de l’opinion publique qui, gr^ace `a l’acquiescement g'en'eral, avait aussi acquis une sorte de r'ealit'e.
Apr`es que le parti r'evolutionnaire nous a donn'e le spectacle de son impuissance, vient maintenant le tour des gouvernements qui ne tarderont pas `a prouver que s’ils sont encore assez forts pour s’opposer `a une destruction compl`ete, ils ne le sont plus assez pour rien r'e'edifier. Ils sont comme ces malades qui r'eussissent `a triompher de la maladie, mais apr`es que la maladie a profond'ement alt'er'e leur constitution, et dont la vie d'esormais n’est plus qu’une lente agonie. L’ann'ee 1848 a 'et'e un tremblement de terre qui n’a pas renvers'e de fond en comble tous les 'edifices qu’elle a 'ebranl'es, mais ceux m^eme qui sont rest'es debout ont tellement 'et'e l'ezard'es par la secousse, que leur chute d'efinitive est toujours imminente.
En Allemagne la guerre civile est le fond m^eme de sa situation politique. C’est plus que jamais l’Allemagne de la guerre de Trente ans, le Nord contre le Midi, les souverainet'es locales contre le Pouvoir unitaire, mais tout cela d'emesur'ement accru et renforc'e par l’action du principe r'evolutionnaire. En Italie ce n’est pas seulement comme autrefois la rivalit'e de l’Allemagne et de la France ou la haine de l’Italie contre le Barbare ultramontain. Il y a de plus encore la guerre `a mort d'eclar'ee par la R'evolution arm'ee du sentiment de la nationalit'e italienne contre le catholicisme compromis `a la suite de la papaut'e romaine. Quant `a la France qui ne peut plus vivre sans renier `a chaque pas ce qui, depuis 60 ans, est devenu son principe de vie, la R'evolution, — c’est un pays, logiquement et fatalement condamn'e `a l’impuissance. C’est une soci'et'e condamn'ee par l’instinct de sa conservation `a ne se servir d’un de ses bras que pour encha^iner l’autre.