Et comment à la vue de ce qui se passe, en présence de cette organisation nouvelle du principe du mal, la plus savante et la plus formidable que les hommes aient jamais vue, — en présence de ce monde du mal tout constitué et tout armé, avec son église d’irréligion et son gouvernement de révolte, — comment, disons-nous, serait-il interdit aux chrétiens d’espérer que Dieu daignera proportionner les forces de Son Eglise à Lui, à la nouvelle tâche qu’Il lui assigne? — Qu’à la veille des combats qui se préparent Il daignera lui restituer la plénitude de ses forces, et qu’à cet effet Lui-même, à son heure, viendra, de Sa main miséricordieuse, guérir au flanc de Son Eglise la plaie que la main des hommes y a faite — cette plaie ouverte qui saigne depuis huit cents ans!..
L’Eglise Orthodoxe n’a jamais désespéré de cette guérison. Elle l’attend — elle y compte — non pas avec confiance, mais avec certitude. Comment ce qui est
Rome et elle espère qu’au jour de la grande réunion elle lui restituera intact ce dépôt sacré.
Qu’il nous soit permis de rappeler, en finissant, un incident qui se rattache à la visite que l’Empereur de Russie a faite à Rome en 1846. On s’y souviendra peut-être encore de l’émotion générale qui l’a accueilli à son apparition dans l’église de Saint-Pierre — l’apparition de l’Empereur orthodoxe revenu à Rome après plusieurs siècles d’absence! et du mouvement électrique qui a parcouru la foule, lorsqu’on l’a vu aller prier au tombeau des Apôtres. Cette émotion était juste et légitime. L’Empereur prosterné n’y était pas seul. Toute la Russie était là prosternée avec lui. — Espérons qu’il n’aura pas prié en vain devant les saintes reliques.
La Russie et l'Occident*
Le mouvement de Février, en bonne logique, aurait dû aboutir à une croisade de tout l’Occident
De là la possibilité de la réaction, comme celle inaugurée par les journées de juin de l’année dernière. C’est la réaction des parties non encore entamées de l’organisme souffrant contre l’envahissement progressif de la maladie. — Cette résistance de Juin et toutes celles qu’elle a déterminées à sa suite sont un grand fait, une grande Révélation. Il est clair maintenant que la Révolution ne peut plus espérer nulle part de se faire
Pour le moment la Révolution est matériellement désarmée.
La répression de juin 1848 lui a paralysé les bras, la victoire de la Russie en Hongrie lui a fait tomber les armes des mains. Il va sans dire que pour être désarmée la Révolution n’en est pas moins pleine de vie et de vigueur. Elle se retire pour le moment du champ de bataille, elle l’abandonne à ses vainqueurs. Que vont-ils faire de leur victoire?..
Et d’abord, où en sont maintenant les Pouvoirs réguliers en Occident? Car pour préjuger quels peuvent être à l’avenir leurs rapports vis-à-vis de la Révolution, il faudrait déterminer au préalable quelles sont les conditions morales de leur existence à eux-mêmes. En un mot, quel est le symbole de foi qu’ils ont à opposer au symbole de la Révolution?