Читаем Vie de Napoléon полностью

Enfin cette charte si sagement préparée, fut lue devant les deux Chambres et nullement acceptée par elles. Elles auraient voté tout ce qu’on aurait voulu et même l’Alcoran, car c’est ainsi qu’on est en France. Dans ces sortes de circonstances, s’opposer à la majorité est taxé de vanité ridicule. «En France, il faut surtout faire comme les autres.» L’histoire des moutons de Panurge pourrait fort bien nous servir d’armes[190].

La sotte omission de cette formalité éloigna du roi toute vraie légitimité[191]. En France, même les enfants au collège, font le raisonnement suivant: «Tout homme a un pouvoir absolu et sans bornes sur lui-même; il peut aliéner une partie de ce pouvoir. 28 millions d’hommes ne peuvent pas voter, mais 28 millions d’hommes peuvent élire mille députés qui votent pour eux; donc, sans le libre choix d’une assemblée de représentants, il ne peut exister en France de pouvoir légitime, il ne peut y avoir que le droit du plus fort[192]

Chapitre LXXVII

Servilité des ministres

Toute la conduite des ministres fut de cette force. Les agents du pouvoir qu’ils osèrent destituer furent remplacés par des gens faibles ou déshonorés. On s’aperçut bientôt et avec étonnemnent que chaque jour la cause des Bourbons perdait des partisans. Les ministres firent tant de folies, qu’ils persuadèrent au peuple, qu’au fond du cœur, le roi était le plus grand ennemi de la charte. Ces ministres avaient devant les yeux la cour de Louis XVI et le sort de Turgot. Pensant toujours que l’autorité royale allait se réveiller et saurait récompenser ceux qui l’auraient devinée en sachant la respecter durant les mauvais jours, ces malheureux ne songeaient qu’à lutter de servilité pour avancer en grade.

Chapitre LXXVIII

La charte

Quoiqu’en aient dit Montesquieu et beaucoup d’autres, il n’y a que deux sortes de gouvernements: les gouvernements nationaux et les gouvernements spéciaux.

À la première classe appartiennent tous les gouvernements où l’on tient pour principe que tous les droite et tous les pouvoirs appartiennent toujours au corps entier de la nation, résident en lui, sont émanés de lui et n’existent que par lui et pour lui.

Nous appelons gouvernements spéciaux tous ceux, quels qu’ils soient, où l’on reconnaît d’autres sources légitimes de droits et de pouvoirs que la volonté générale: tels que l’autorité divine, la naissance, un pacte social exprès ou tacite où les partis stipulent comme puissances étrangères l’une à l’autre[193].

Quoique vicieuse par le fond, quoique n’étant pas même un contrat entre le peuple et un homme, comme la constitution d’Angleterre en 1688, notre charte eût satisfait tout le monde. Le peuple français est trop enfant pour y regarder de si près. D’ailleurs cette charte est passable, et, si jamais elle est exécutée, la France sera très heureuse, plus heureuse que l’Angleterre. Il est impossible dans ce siècle de faire une mauvaise charte; il n’est aucun de nous qui en demi-heure n’en écrive une excellente. Ce qui eût été le dernier effort du génie du temps de Montesquieu, aujourd’hui est un lieu commun. Enfin toute charte exécutée est une bonne charte[194].

Il suffisait pour mettre le trône du plus sage et du meilleur des princes à l’abri des tempêtes, que le peuple crût qu’on voulait sincèrement la charte. Mais c’est ce dont les prêtres et les nobles firent tout au monde pour le dissuader.

Cent mille prêtres et cent cinquante mille nobles furieux n’étaient surveillés, comme tout le reste de la nation, que par huit imbéciles qui ne pensaient qu’au cordon bleu. Les nobles voulaient et veulent leurs biens. Quoi de plus simple que de leur rendre l’équivalent en rentes sur l’État? Par là ces gens, qui n’ont point d’opinion et n’ont que des intérêts, étaient attachés au crédit public et à la charte comme à un mal nécessaire.

Les ministres qui n’écrivaient pas une ligne, qui ne donnaient pas un dîner, sans violer l’esprit de la charte, accumulèrent bientôt les violations matérielles. Mme la maréchale Ney ne revenait jamais de la cour sans avoir les larmes aux yeux[195]

Chapitre LXXIX

Violations de la charte

1. L’article 260 du Code pénal maintenu par la charte défend, sous peine de prison et d’amende, de forcer les Français à célébrer les fêtes ou dimanches et à discontinuer leur travail. Une ordonnance de police ordonna précisément le contraire et en termes ridicules. Elle prescrivait à tous les Français de quelque religion qu’ils fussent, de tendre le devant de leurs maisons dans toutes les rues où devaient passer les processions du Saint-Sacrement.

Перейти на страницу:

Похожие книги

100 мифов о Берии. От славы к проклятиям, 1941-1953 гг.
100 мифов о Берии. От славы к проклятиям, 1941-1953 гг.

Само имя — БЕРИЯ — до сих пор воспринимается в общественном сознании России как особый символ-синоним жестокого, кровавого монстра, только и способного что на самые злодейские преступления. Все убеждены в том, что это был только кровавый палач и злобный интриган, нанесший колоссальный ущерб СССР. Но так ли это? Насколько обоснованна такая, фактически монопольно господствующая в общественном сознании точка зрения? Как сложился столь негативный образ человека, который всю свою сознательную жизнь посвятил созданию и укреплению СССР, результатами деятельности которого Россия пользуется до сих пор?Ответы на эти и многие другие вопросы, связанные с жизнью и деятельностью Лаврентия Павловича Берии, читатели найдут в состоящем из двух книг новом проекте известного историка Арсена Мартиросяна — «100 мифов о Берии»Первая книга проекта «Вдохновитель репрессий или талантливый организатор? 1917–1941 гг.» была посвящена довоенному периоду. Настоящая книга является второй в упомянутом проекте и охватывает период жизни и деятельности Л.П, Берия с 22.06.1941 г. по 26.06.1953 г.

Арсен Беникович Мартиросян

Биографии и Мемуары / Политика / Образование и наука / Документальное