Il fut question de retourner à Porto Ferraio; mais Napoléon ordonna de continuer à marcher, se déterminant, en cas de nécessité, à attaquer les croiseurs français. Il y avait dans les eaux de l’île d’Elbe deux frégates et un brick; à la vérité on les croyait plus disposés à venir se joindre à la flotte impériale qu’à la combattre; mais un officier royaliste un peu ferme pouvait faire tirer le premier coup de canon, et entraîner son équipage. À midi, le vent fraîchit; à quatre heures, la flottille se trouvait vis-à-vis de Livourne. On eut la vue de trois vaisseaux de guerre, et l’un d’eux, un brick, faisait voile sur l’Inconstant
. Les sabords furent fermés. Les soldats de la garde quittèrent leurs bonnets et se couchèrent sur le pont. L’empereur avait le projet de monter à l’abordage du brick, mais c’était une dernière ressource dans le cas seulement où le vaisseau royal ne voudrait pas laisser passer l’Inconstant sans le visiter. Le Zéphir (ainsi s’appelait le brick au pavillon blanc), arrivait à pleines voiles sur l’Inconstant ; les deux vaisseaux passèrent bord à bord. Le capitaine Andrieux[208] étant hélé par le lieutenant Taillade, de l’Inconstant, qui était de ses amis, se contenta de demander où allait l’Inconstant. — «À Gênes,» répondit Taillade, et il ajouta qu’il se chargerait avec plaisir de ses commissions s’il en avait. Andrieux répondit que non, et en partant cria: «Comment se porte l’empereur?» Napoléon lui-même répondit: «parfaitement bien», et les bâtiments se séparèrent.