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Djema faillit leur rétorquer que sa mère était plus droite et pure que n’importe lequel d’entre eux, mais elle garda prudemment les lèvres closes. Il lui fallait trouver un autre moyen de leur échapper que celui proposé par son double.

« Qu’est-ce qu’elle fiche dans les domaines ? s’interrogea l’un d’eux.

— Je suppose qu’elle cherche un moyen d’achever ce que sa mère a commencé, dit le rayon d’étoile. Les démons sont terriblement habiles : qui croirait que le germe du chaos se cache dans le corps d’une enfant en apparence inoffensive ?

— Tuons-la ! »

L’eulan Paxy eut un sourire qui fit frémir Djema de la tête aux pieds.

« Elle nous sera plus utile en vie. Elle nous servira de monnaie d’échange en cas d’un nouveau conflit avec les deks. Nous lui enseignerons les vertus de l’egon. Elle deviendra l’exemple, l’emblème vivant de la pérennité de la tradition kropte, l’antithèse de sa mère. Emparez-vous d’elle. »

Les eulans marquèrent une petite hésitation avant de tendre les bras en direction de la fillette. Djema se rencogna contre la cloison, chercha désespérément une issue des yeux, mais elle ne décela aucun passage, aucune brèche dans le demi-cercle gris et rouge qui se refermait sur elle. Une main lui agrippa le haut de sa robe, une deuxième se posa sur son poignet. Elle pensa alors à son père, à tous les pièges qu’il avait déjoués pendant sa captivité à Dœq – il ne lui en avait jamais parlé, mais Lœllo, plus disert, lui avait raconté quelques-uns de leurs combats avec ce sens du détail et de l’exagération propre aux habitants du littoral bouillant –, se demanda ce qu’il aurait fait dans ce genre de circonstances. Bien que deux fois plus grands et lourds qu’elle, les eulans n’étaient pas rassurés. Ils répandaient une odeur forte et maintenaient une certaine distance avec elle, pour éviter sans doute d’être contaminés par le démon qui la possédait. Elle comprit qu’elle devait exploiter leur peur de la même manière que son père avait joué de la terreur qu’il inspirait chez ses codétenus.

Elle avança la bouche vers le bras le plus proche et le mordit de toutes ses forces. Elle ne lâcha pas prise malgré le mouvement de recul de l’eulan. Ses dents se plantèrent profondément dans la chair tendre, elle eut le goût du sang à la gorge, puis elle profita du début de confusion provoqué par les gestes affolés de sa proie pour saisir un pan de son vêtement et tirer sur le tissu d’un coup sec. La robe gris et rouge se déroula subitement, dénuda en partie l’eulan, acheva de le déséquilibrer. Il percuta violemment son coreligionnaire qui, pour ne pas être entraîné dans sa chute, dut relâcher à son tour le poignet de Djema.

« Empêchez-la de bouger, idiots ! » glapit le rayon d’étoile.

Mais Djema ne leur laissa pas le temps de revenir de leur saisissement. Repliée sur elle-même, presque accroupie, elle se faufila comme une ombre entre leurs bras et leurs jambes. Lorsqu’elle ne rencontra plus aucun obstacle, elle se redressa et courut sans se retourner en direction de la coursive où s’était engouffré son double.

« Rattrapez-la ! » hurla l’eulan Paxy.

Elle s’engagea dans le passage abondamment éclairé, perçut leurs vociférations, les bruits de leurs pas à la fois lourds et précipités sur le plancher métallique, n’eut pas besoin de lancer un regard par-dessus son épaule pour se rendre compte qu’ils gagnaient du terrain sur elle, avisa un escalier une trentaine de mètres plus loin, accéléra l’allure. Les poumons en feu, les muscles tétanisés, elle sentit sur sa nuque le souffle de ses poursuivants. À deux reprises ses jambes flageolantes se dérobèrent, elle faillit tomber, rebondit contre la cloison, serra les dents, allongea sa foulée.

Elle atteignit l’escalier avant eux. Par chance il était étroit, tournant, et les eulans se gênèrent mutuellement au moment de gravir les premières marches. Galvanisée par leurs grognements de dépit, elle reprit un peu d’avance sur eux.

L’escalier débouchait sur une coursive du niveau supérieur dont la plupart des appliques avaient grillé. Elle fonça droit devant elle, à bout de forces, repoussant tant bien que mal la tentation de renoncer, de s’allonger sur le plancher, d’apaiser les battements désordonnés de son cœur. Elle avait désormais l’impression de lutter contre un air à la consistance épaisse et molle. Les cris des eulans paraissaient provenir des zones les plus reculées du vaisseau. Ils n’avaient pas encore atteint la coursive, mais elle voyait leurs ombres s’étirer sur les cloisons éclairées par les appliques de la cage d’escalier. À l’allure où elle se traînait, il ne leur faudrait que quelques secondes pour fondre sur elle. Les images et les sensations se bousculaient dans sa tête, l’empêchaient de réfléchir. Elle flottait dans un état second où la résignation supplantait progressivement la douleur et la peur.

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