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Le Xartien hocha lentement la tête : ils n’avaient plus besoin de mots, ils étaient redevenus le Voxion, les inséparables de Dœq, unis dans le malheur comme ils avaient été soudés par l’instinct de survie.

« J’voudrais d’abord m’assurer que Clairia et Pœz… commença Lœllo.

— Ils sont chez moi, l’interrompit Abzalon. Clairia a perdu les eaux. Laissons-la accoucher tranquillement. »

Le regard sombre de Lœllo erra sur le corps inerte de son fils, qui paraissait si frêle dans les bras d’Abzalon.

« Aucun enfant ne pourra remplacer Laslo, murmura-t-il. Il était si… si…

— Les deux autres auront besoin de leur père. »

Le Xartien se mordit l’intérieur des joues pour ne pas fondre en larmes, puis il reprit le corps de Laslo des mains d’Abzalon avec des gestes délicats, comme s’il craignait de le réveiller, et le déposa sur une couchette à l’intérieur d’une cabine vide.

Les hommes récupérèrent des piques, des masses d’armes, et s’engagèrent dans la succession d’escaliers tournants qui conduisait au niveau vingt.

Le garçon n’était pas beaucoup plus grand ni beaucoup plus vieux que Djema. Il portait la tenue traditionnelle des Kroptes, un pantalon noir, une chemise bleu roi trop grande pour lui et rabattue sur ses épaules par des bretelles de tissu, un chapeau de paille d’où s’échappaient des touffes de cheveux bruns et qui, à en juger par son état, avait coiffé bien d’autres têtes avant la sienne. Ses yeux noirs, ourlés de longs cils, se posaient sur elle avec une timidité insistante.

Lorsque Djema était revenue à elle, il lui avait tendu un verre d’eau et un morceau de pain compact, presque rassis, qu’elle avait ingurgité en trois bouchées. Elle s’était alors souvenue qu’elle n’avait presque rien mangé depuis trois jours et avait dévoré tout ce qu’il lui avait proposé, légumes et céréales au goût insipide, dés de viande froide, laitages vaguement rances, portion d’une substance molle et sucrée qui hésitait entre gâteau et flanc. Comme elle avait mangé trop vite, elle s’était sentie subitement barbouillée et était allée régurgiter le tout dans les toilettes. Impavide, il lui avait alors présenté d’autres aliments, qu’elle avait mâchés avec davantage d’application malgré le goût persistant d’amertume dans sa gorge.

Les eulans avaient tenté d’ouvrir la porte, constaté qu’elle était fermée de l’intérieur, appelé, tambouriné, mais le garçon n’avait pas répondu à leurs sollicitations, et ils avaient fini par s’éloigner après avoir menacé les occupants de la cabine de sévères représailles.

« Ils vont revenir ? demanda Djema.

— Sans doute, dit le garçon.

— Ils réussiront à forcer la porte ?

— Y a des chances. »

Elle l’aurait volontiers secoué par le col de sa chemise pour lui faire cracher quelques mots supplémentaires, mais il était son seul allié sur un territoire désormais hostile et elle n’avait pas intérêt à le brusquer.

Elle explora rapidement les deux pièces de la cabine, constata qu’ils étaient seuls, rejoignit le garçon près de la porte.

« Où est ta famille ? » s’enquit-elle.

Il la fixa d’un air méfiant.

« Je n’ai pas de famille, finit-il par lâcher du bout des lèvres.

— Tu es bien né d’une femme ?

— Ma mère… est une ventre-commun. Les eulans lui ont crevé les yeux, puis quelqu’un l’a mise enceinte, mais elle a réussi à dissimuler sa grossesse et elle m’a caché dans cette cabine inoccupée. Elle m’apporte à manger tous les deux jours.

— Tu ne sors jamais ?

— De temps en temps, pendant que les autres dorment.

— Pourquoi m’as-tu ouvert la porte ? »

Le garçon se rendit près d’une ouverture carrée découpée dans la cloison du fond.

« D’ici, j’entends tout ce qui se passe sur les places de certains domaines. »

Comme pour illustrer ses propos, des voix montèrent de l’ouverture, aussi claires et nettes que si elles avaient retenti à deux pas d’eux. Parmi elles, Djema reconnut l’organe grave du rayon d’étoile. «… Elle n’a pas pu aller bien loin. Ouvrez toutes les cabines du niveau où elle a disparu. Qu’est-ce que vous attendez pour remonter, bande d’incapables ? »

« Nous ne pouvons pas rester dans cette cabine, ajouta le garçon.

— Tu n’as pas répondu à ma question, insista Djema.

— Les eulans ont dit que tu étais la fille d’Ellula Lankvit. Ma mère n’aurait pas aimé que tu tombes entre leurs mains.

— Elle a pourtant des raisons d’en vouloir à ma mère, objecta Djema. C’est un peu à cause d’elle si on lui a crevé les yeux.

— Les ventres-communs maudissent les eulans, les patriarches, pas Ellula. Elles rêvent de la rejoindre de l’autre côté. Il faut partir maintenant.

— Pour aller où ? »

Le garçon haussa les épaules.

« Je ne sais pas…

— Comment t’appelles-tu ?

— Maran. Maran Haudebran, c’est le nom de jeune fille de ma mère.

— Djema. Mon père n’a pas de nom.

— Djema Lankvit, alors ? »

La fillette lui décocha un regard appuyé, grave, presque solennel.

« Djema Haudebran, ça sonnerait bien, tu ne trouves pas ? »

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