Читаем Abzalon полностью

Équipés de leur combinaison, Abzalon et Lœllo décidèrent d’abord de brûler systématiquement les cadavres en commençant par les niveaux du haut. Ils avaient réglé l’intercom de manière à être reliés en circuit fermé. Les ondes foudroyantes abandonnaient des squelettes noircis où s’accrochaient quelques lambeaux de chair calcinée. Un groupe de deks dirigé par Belladore se chargeait ensuite de les ramasser et de les jeter dans les grands broyeurs. Cette tâche leur prit toute une journée. Selon les calculs du moncle Artien, les réserves d’oxygène des combinaisons offraient seulement trois jours d’autonomie. N’ayant pas une minute à perdre, ils explorèrent sans relâche les coursives, les cabines, le labyrinthe, les salles alvéolaires, les locaux techniques…

Abzalon avait l’impression d’avoir perdu des litres et des litres de sueur.

« Je sue comme un yonak, là-dedans ! grommela-t-il. J’aimerais bien être un fumé par moments.

— Chiure de rondat, ces saloperies sont peut-être en train de tuer Clairia et les enfants pendant que je perds mon temps à les chercher, maugréa Lœllo.

— Parle pas si fort ! T’as failli me crever les tympans ! Et les tiens ne risquent rien tant qu’ils sont protégés par leur combinaison.

— Excuse, Ab, mais j’suis sur les nerfs : mon antenne détecte rien du tout.

— Reste concentré, ça va finir par revenir.

— J’en suis pas si sûr que toi. »

Au sortir d’une place plongée dans l’ombre, ils arrivèrent près du cadavre d’une femme qui gisait à côté d’une combinaison beaucoup trop grande pour elle. Étendue sur le plancher, le visage à demi dissimulé par ses cheveux épars, elle ne portait rien d’autre qu’un court pan d’étoffe noué autour de sa taille. La terreur se lisait encore dans ses yeux grands ouverts.

« Elle a pas eu le temps d’enfiler sa grenouillère, chuchota Lœllo. Je la connais. Mohya, une ancienne ventre-sec. Elle est venue rendre visite à Clairia à trois ou quatre reprises. Une drôle de fille. Bon Dieu, je…

— Qu’est-ce qui se passe ? »

Abzalon essaya d’observer le Xartien au travers du hublot mais la buée et la faible luminosité l’empêchèrent de discerner ses traits.

« Y a quelque chose là-dessous ! »

Lœllo pointa l’index sur le pan d’étoffe.

« T’es sûr ?

— Je détecte un truc bizarre, frétillant, glacé comme la mort. J’en ai froid dans le dos. »

Abzalon glissa précautionneusement l’extrémité du foudroyeur sous le pan d’étoffe et dénuda entièrement le cadavre. Ils ne remarquèrent aucune forme suspecte sur le ventre et les cuisses blêmes de la morte.

« Bordel, là, regarde ! murmura Lœllo.

— J’vois rien…

— Dans sa touffe. »

Abzalon examina la toison pubienne de la morte, décela une forme allongée et sombre entre les poils, d’une longueur de trois centimètres.

« Voilà l’un de ces fumiers ! » gronda Lœllo.

Les deux hommes observèrent le serpensec qui restait pour l’instant parfaitement immobile, comme engourdi. Pendant une minute, seul le bruit de leur respiration et le léger grésillement de l’intercom troublèrent le silence.

Le minuscule reptile se mit tout à coup en mouvement, quitta son abri, rampa sur le ventre et la poitrine de la morte. Il se déplaçait à une vitesse telle qu’il donnait l’impression de tracer un sillon ininterrompu et noir sur la peau claire. Il atteignit le visage en moins de deux secondes et disparut dans la chevelure éparse.

« Flingue-le, Ab ! »

Abzalon pointa le canon du foudroyeur sur la tête de la femme allongée et pressa la détente. L’onde fulgurante coupa le cadavre en deux : le bas resta intact, du haut ne subsista qu’une bouillie d’os et de chair calcinés.

« Un de moins ! fit Abzalon.

— À ce rythme, nous y serons encore dans dix ans, soupira Lœllo. Je crève de faim. Si je ne mange pas tout de suite, j’crois bien que je vais m’écrouler. »

Ils descendirent dans la coursive basse, brûlèrent au passage une dizaine de corps, déverrouillèrent les attaches extérieures de leur combinaison, abaissèrent leur têtière. En poussant la porte de la cabine, ils eurent la surprise de découvrir trois Kroptes en compagnie d’Ellula, de Djema et du moncle Artien. L’un d’eux était un adolescent, cheveux et yeux noirs, visage délicat, front immense, embryon de moustache, les deux autres étaient des hommes à la barbe noire et courte. Ils trituraient avec nervosité leur chapeau.

« Il nous a fallu toute une journée pour en tuer un seul ! grogna Lœllo en se dirigeant vers la table où avaient été disposés deux plateaux-repas.

— Pourquoi avez-vous retiré vos combinaisons ? » demanda Abzalon en promenant un regard inquisiteur sur Ellula, Djema et le moncle Artien.

Djema désigna les trois visiteurs.

« Pour pouvoir parler avec eux.

— Qu’est-ce qu’ils veulent ?

— Les serpensecs ont déjà mordu près de deux mille Kroptes. Ils sont venus nous demander de l’aide. »

Abzalon retira sa combinaison, s’assit aux côtés de Lœllo et commença à son tour à manger. Sa chemise trempée de sueur épousait les aspérités de sa peau.

« Les Kroptes n’ont pas bougé le petit doigt pendant la panne des chariots, marmonna Lœllo.

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