Mais son compagnon n’était plus en mesure de l’écouter, son intercom ayant été désactivé par l’écartement automatique des joints d’étanchéité. Lœllo abaissa sa têtière d’un geste las et contempla d’un air songeur la forêt de tubes métalliques. Abzalon lui intima par gestes de remettre sa combinaison, croisa son regard, le vit sourire d’un air moqueur, remuer les lèvres, prononcer des mots qu’il n’entendait pas.
Un éclair sombre jaillit quelques centimètres au-dessus de la chevelure du Xartien. Ses mains se levèrent mais n’eurent pas le temps d’atteindre sa tête. Une lueur de compréhension s’alluma dans ses yeux écarquillés. Le serpensec ressortit sur son épaule, rampa sur son bras et sauta dans la fosse sans qu’Abzalon, pétrifié, n’ait eu le réflexe de le coucher en joue. Lœllo pâlit, vacilla, s’appuya sur un tube pour ne pas tomber. Affolé, Abzalon lâcha le foudroyeur, fit sauter les attaches de sa combinaison, rejeta sa têtière en arrière, se précipita vers son compagnon chancelant, le prit à bras-le-corps au moment où il s’affaissait.
Lœllo respirait encore, luttait désespérément pour gagner quelques secondes de vie.
« Ab… Jure… jure-moi d’aller… jusqu’au bout… d’emmener Clairia, Pœz et Istria sur la nouvelle… Ester. Moi, je serai heureux de la voir par tes… par tes yeux. Je t’aime, vieux… vieux…
— Reste avec moi, bordel ! »
Le hurlement d’Abzalon se perdit dans la forêt de tubes.
Il ne sut combien de temps il resta devant la fosse, serrant à le briser le corps inerte de Lœllo. Quand il n’eut plus de larmes à verser, il le hissa sur ses épaules, ramassa le foudroyeur et prit le chemin du retour.
CHAPITRE XVIII
LA CUVE BOUILLANTE