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Ainsi du sorcier de la tribu nègre. Il rassemble au hasard et d'un air entendu, tout un matériel d'herbes, d'ingrédients et d'organes bizarres. Il te remue le tout dans sa grande soupière, par nuit sans lune. Il prononce des mots et des mots et des mots. Il attend que, de sa cuisine, un pouvoir invisible émane qui culbutera ton armée, laquelle est en marche vers sa tanière. Mais rien ne se montre. Et il recommence. Et il change les mots. Et il change les herbes. Et certes, il ne se trompait point dans l'ambition de son souhait. Car j'ai vu la pâte de bois mélangée de liqueur noirâtre renverser les empires. S'agissait de ma lettre qui décidait la guerre. J'ai connu la soupière d'où sortait la victoire. On y malaxait la poudre à fusil. J'ai entendu le faible tremblement de l'air, sorti d'abord d'une simple poitrine, embraser mon peuple de proche en proche à la façon d'un incendie. Tel prêchait pour la rébellion. J'ai aussi connu des pierres convenablement disposées qui ouvraient un vaisseau de silence.

Mais je n'ai jamais rien vu sortir des matériaux de hasard s'ils ne trouvaient point en quelque esprit d'homme leur commune mesure. Et si le poème me peut émouvoir, par contre nul assemblage de caractères issu du désordre de jeux d'enfants ne m'a jamais tiré de larmes. Car n'est rien la graine non exprimée qui prétend faire admirer l'arbre à l'ascension duquel elle ne s'est point employée.

Certes tu tends vers Dieu. Mais de ce que tu puisses devenir ne déduis point que tu sois. Tes éructations ne transportent rien. Lorsque midi brûle, la graine, fût-elle de cèdre, ne me verse point d'ombre.


Les temps cruels réveillent l'archange endormi. Qu'il craque à travers nous ses langes et éclate sous les regards! Petits langages subtils, qu'il vous absorbe et vous renoue. Qu'il nous pousse un cri véritable. Cri vers l'absente. Cri de la haine contre la meute. Cri pour le pain. Qu'il remplisse de signification le moissonneur, ou la moisson, ou le vent à la main profonde sur les blés, ou l'amour, ou quoi que ce soit qui trempe d'abord dans la lenteur.

Mais tu t'en vas, pillard, au quartier réservé de la ville chercher, par des jeux compliqués, à faire sur toi retentir l'amour, alors qu'il est du rôle de l'amour de faire retentir sur toi la main simple de la simple épouse sur ton épaule.

Certes, il n'est que magie et il est du rôle du cérémonial de te conduire vers des captures qui ne sont point de l'essence des pièges, comme il en est de la brûlure de cœur que ceux du Nord tirent une fois l'an d'un mélange de résine, de bois verni et de cire chaude. Mais je dis fausse magie et paresse et incohérence ta trituration dans ta soupière d'ingrédients de hasard, dans l'attente d'un miracle que tu n'aurais point préparé. Car, oubliant de devenir, tu prétends marcher à ta propre rencontre. Et dès lors il n'est plus d'espoir. Se referment sur toi les portes de bronze.


CLXXXIV


Mélancolique, j'étais, car je me tourmentais à propos des hommes. Chacun tourné vers soi et ne sachant plus quoi souhaiter. Car quels biens souhaiterais-tu si tu désires te les soumettre et qu'ils t'augmentent? L'arbre, certes, cherche les sucs du sol pour s'en nourrir et les transformer en soi-même. La bête l'herbe ou quelque autre bête qu'elle transformera en soi-même. Et toi aussi tu te nourris. Mais hors ta nourriture que souhaiteras-tu dont tu puisses toi-même faire usage? De ce que l'encens plaît à l'orgueil, tu loues des hommes pour t'acclamer. Et ils t'acclament. Et voici que les acclamations te sont vaines. De ce que les tapis de haute laine font douces les demeures, tu les fais acheter par la ville. Tu en encombres ta maison. Et voici qu'ils te sont stériles. Tu jalouses ton voisin de ce que son domaine est royal. Tu l'en dépouilles. Tu t'y installes. Et il n'a rien à te livrer qui t'intéresse. Il est tel poste que tu brigues. Et tu intrigues pour l'obtenir. Et tu l'obtiens. Et il n'est lui-même que maison vide.

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