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Je vous enseignerai l'usage de l'amour. Qu'impor-tent les objets du culte. J'ai vu dans l'embuscade autour du puits celui-là qui eût pu survivre se laisser remplir les yeux de nuit à cause de tel renard des sables qui, ayant longtemps vécu de sa tendresse, s'était échappé à l'heure de l'instinct. Ah! mes soldats dont le repos ressemble à un autre repos — et la misère à une autre misère — il suffirait pour vous exalter que cette nuit soit celle d'un retour, ce tertre le tertre d'une espérance, ce voisin l'ami attendu, ce mouton sur la braise le repas d'un anniversaire, ces mots, les mots d'un chant. Suffirait d'une architecture, d'une musique, d'une victoire qui vous donne un sens à vous-mêmes, suffirait que de vos cailloux je vous enseigne comme à l'enfant à tirer une flotte de guerre, suffirait d'un jeu, et le vent du plaisir passerait sur vous comme sur un arbre. Mais vous voilà défaits et disparates et ne cherchant rien que vous-mêmes, et ainsi découvrant le vide car vous êtes un nœud de relations et non rien d'autre, et s'il n'est point de relation vous ne trouverez en vous-mêmes qu'un carrefour mort. Et il n'est rien à espérer s'il n'est en toi amour que de toi-même. Car je te l'ai dit du temple. La pierre ne sert ni soi-même ni les autres pierres, mais l'élan de pierre que toutes ensemble elles composent et qui les sert toutes en retour. Et peut-être pourras-tu vivre de l'élan vers le roi à cause que vous serez soldats d'un roi, toi et tes camarades.

«Seigneur, disais-je, donnez-moi la force de l'amour! Il est bâton noueux pour l'ascension de la montagne. Faites-moi berger pour les conduire.»


Je te parlerai donc sur le sens du trésor. Lequel est d'abord invisible n'étant jamais de l'essence des matériaux. Tu as connu le visiteur du soir. Celui-là simplement qui s'assoit dans l'auberge, pose son bâton et sourit. On l'entoure: «D'où viens-tu?» Tu connais le pouvoir du sourire.

Ne t'en va pas, cherchant des îles à musique, comme un cadeau tout fait, offert par la mer — et la mer brode autour sa dentelle blanche — car tu ne les trouveras point, si même je te dépose sur le sable de leur couronne, si je ne t'ai d'abord soumis au cérémonial de la mer. De t'y réveiller sans effort, tu ne puiseras rien aux seins de ses filles que le pouvoir d'y oublier l'amour. Tu iras d'oubli en oubli, de mort en mort… et tu me diras, de l'île à musique: «Qu'était-il là-bas qui valût de vivre?» quand la même bien enseignée, te fait qu'un équipage entier accepte, par amour pour elle, le risque de mort.

Te sauver n'est point t'enrichir ni rien te donner qui soit pour toi-même. Mais bien te soumettre, comme à une épouse, au devoir d'un jeu.

Ah! ma solitude m'est sensible quand le désert n'a point de repas à m'offrir. Que ferai-je du sable s'il n'est point d'oasis inaccessible qui le parfume? Que ferai-je des limites de l'horizon s'il n'est point frontière de coutume barbare? Que ferai-je du vent s'il n'est point lourd de conciliabules lointains? Que ferai-je des matériaux qui ne servent point un visage? Mais nous nous assoirons sur le sable. Je te parlerai sur ton désert et je t'en montrerai tel visage non tel autre. Et tu seras changé car tu dépends du monde. Demeures-tu le même, quand te voilà assis dans la chambre de ta maison, si je t'annonce qu'elle brûle? Si te voilà qui entends le pas bien-aimé? Et cela même si elle ne marche point vers toi. Ne me dis pas que je prêche l'illusion. Je ne te demande point de croire, mais de lire. Qu'est-ce que la partie sans le tout? Qu'est-ce que la pierre sans le temple? Qu'est-ce que l'oasis sans le désert? Et si tu habites le centre de l'île et si tu veux t'y reconnaître, faut bien que je sois là pour te dire la mer! Et si tu habites ce sable, faut bien que je sois là pour te raconter ce mariage lointain, cette aventure, cette captive délivrée, cette marche des ennemis. Et, de ce mariage sous les tentes lointaines, il est faux de me dire qu'il ne répand pas sur ton désert sa lumière de cérémonie, car où s'arrête son pouvoir?

Je te parlerai selon tes coutumes et les lignes de pente de ton cœur. Et mes dons seront signification des choses, et route lue à travers, et soif qui engage sur la route. Et moi le roi, je te ferai don du seul rosier qui te puisse augmenter car j'en exigerai la rose. Dès lors voilà construit pour toi l'escalier vers ta délivrance. Tu seras d'abord piocheur de terre, bêcheur de terre, et tu te lèveras matin pour arroser. Et tu surveilleras ton œuvre et la protégeras contre les vers et les chenilles. Puis te sera pathétique le bouton qui s'en ouvrira, et viendra la fête, la rose éclose, qui sera pour toi de la cueillir. Et l'ayant cueillie, de me la tendre. Je la recevrai de tes mains et tu attendras. Tu n'avais que faire d'une rose. Tu l'as échangée contre mon sourire… et te voilà qui retournes vers ta maison, ensoleillé par le sourire de ton roi.


CLXXXVI


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