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«Où vois-tu, me dit-il, qu'il est création arbitraire et acte de sculpteur et poésie dans le monument de vérités que nous te convions de reconnaître? Nos propositions découlent l'une de l'autre, du point de vue de la stricte logique, et rien de l'homme n'a dirigé l'œuvre.»

Ainsi, d'une part, revendiquaient-ils la propriété d'une vérité absolue — comme ces peuplades qui se réclament d'une quelconque idole de bois peint, laquelle, disent-elles, lance la foudre — et ainsi, d'autre part, s'égalaient-ils au seul géomètre véritable puisque tous avec plus au moins de réussite avaient semblablement servi ou découvert, mais non créé.

«Nous allons établir devant toi les relations entre les lignes d'une figure. Or si nous pouvons transgresser tes lois, par contre il ne t'est point possible de t'affranchir des nôtres. Tu dois nous prendre pour ministres, nous qui savons.»

Je me taisais, réfléchissant sur la sottise. Ils se méprirent sur mon silence et hésitèrent:

«Car nous désirons d'abord te servir», dirent-ils.

Je répondis donc:

«Vous prétendez ne point créer et c'est heureux. Car qui est bigle crée des bigles. Les outres pleines d'air ne créent que du vent. Et si vous fondiez des royaumes, le respect d'une logique qui ne s'applique qu'à l'histoire déjà révolue, à la statue déjà fondée et à l'organe mort, les créerait soumis par avance au sabre barbare.

«On découvrit une fois les traces d'un homme qui, ayant à l'aube quitté sa tente en direction de la mer, marcha jusqu'à la falaise qui était verticale et se laissa choir. Il était là des logiciens qui se penchèrent sur les signes et connurent la vérité. Car aucun chaînon ne manquait à la chaîne des événements. Les pas se succédaient les uns aux autres, il n'en était aucun que le précédent n'autorisât. En remontant les pas de conséquence à cause on ramenait le mort vers sa tente. En descendant les pas de cause à conséquence on le renforçait dans sa mort.

— Nous avons tout compris», s'écrièrent les logiciens qui, les uns les autres, se congratulèrent.

Et moi j'estimais que comprendre c'eût été connaître, comme il se trouvait que je connusse, un certain sourire plus fragile qu'une eau dormante puisqu'il eût suffi d'une simple pensée pour le ternir, et qui peut-être en cet instant n'existait point puisque d'un visage endormi, et qui justement n'était point d'ici mais de la tente d'un étranger située à cent jours de marche.

Car la création est d'une autre essence que l'objet créé, s'évade des marques qu'elle laisse derrière elle, et ne se lit jamais dans aucun signe. Toujours ces marques, toujours ces traces et toujours ces signes tu les découvriras qui découlent les uns des autres. Car l'ombre de toute création sur le mur des réalités est logique pure. Mais cette découverte évidente n'empêchera point que tu sois stupide.

Comme ils n'étaient point convaincus je poursuivis dans ma bonté pour les instruire:

«Il était une fois un alchimiste qui étudiait les mystères de la vie. Il se fit que de ses cornues, de ses alambics, de ses drogues il retira un minuscule fragment de pâte vivante. Les logiciens donc accoururent. Ils recommencèrent l'expérience, mêlèrent les drogues, soufflèrent le feu sous les cornues et dégagèrent une autre cellule de chair. Et ils s'en furent en proclamant qu'il n'était plus de mystère de la vie. La vie n'était que conséquence naturelle de cause en effet et d'effet en cause, de l'action du feu sur les drogues et des drogues les unes sur les autres, lesquelles ne sont point d'abord vivantes. Les logiciens comme toujours avaient parfaitement compris. Car la création est d'une autre essence que l'objet créé qu'elle domine, ne laisse point de traces dans les signes. Et le créateur s'évade toujours de sa création. Et la trace qu'il laisse est logique pure. Et moi, plus humblement, je fus m'instruire auprès du géomètre mon ami: «Que vois-tu là, dit-il, de neuf sinon que la vie ensemence la vie?» La vie ne fût point apparue sans la conscience de l'alchimiste, lequel, à ma connaissance, vivait. On l'oublie car, comme toujours, il s'est retiré de sa création. Ainsi toi-même quand tu as conduit l'autre sur le sommet de ta montagne d'où sont ordonnés les problèmes, cette montagne devient vérité en dehors de toi qui le laisses seul. Et nul ne se demande d'où vient que tu aies choisi cette montagne puisque simplement on s'y trouve et qu'il faut bien que l'on soit quelque part.»

Mais comme ils murmuraient, car les logiciens ne sont point logiques:

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