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Et d’abord, qu’est-ce exactement que ce paroissien-là?… «Chérub» est le mot qui figure dans le texte hébreu de la Genèse. Ce mot signifie «un bœuf»; il vient de charab, «labourer». En effet, les Hébreux avaient gardé de nombreux souvenirs de leur servitude en Egypte, et ils copièrent assez largement les Egyptiens en maints usages, même ce qui concernait les menus détails du culte; c’est ainsi qu’ils sculptèrent grossièrement des bœufs, dont ils firent des espèces de sphinx, des animaux composés, tels qu’ils en mirent dans leurs sanctuaires. Ces figures avaient deux faces, une d’homme, une de bœuf, et des ailes, ainsi que des jambes d’homme et des pieds de bœuf. Aujourd’hui, les tonsurés ont changé tout ça: de Chérub ils ont fait Chérubin, et les Chérubins du nouveau culte sont de jeunes anges joufflus, mais sans corps, n’ayant qu’une tête d’enfant avec deux petites ailes; on voit de ces anges cocasses dans quantité de tableaux d’église… Il est probable que l’angélique portier du paradis terrestre ne répond pas à ce dernier signalement, et que c’est, au contraire, un Chérub à la mode hébraïque, avec tête à deux faces, dont l’une de bœuf; ce qui permettra à notre explorateur de le reconnaître de loin. Ou, si c’est un Chérubin à la mode catholique, sans corps ni mains, c’est avec les dents qu’il doit tenir son épée flamboyante, et. de celte façon encore, il ne pourra pas rester inaperçu. Mais je penche pour le pipelet à tète mi-humaine mi-bovine.

Hardi donc à la recherche de l’Eden! avis aux amateurs!… Quand bien même nous ne réussirions pas à pénétrer, l’excursion sera intéressante; on fera, tout au moins, le tour du jardin, et l’on fixera l’emplacement sur les cartes de géographie, qui, sans cela, seraient toujours incomplètes.

En attendant, voyons à présent ce que firent Adam et Ève, une fois hors du paradis terrestre, et ayant la connaissance intégrale du bien et du mal… y compris le mal de mer.

2. Courte histoire des premiers hommes

L’Ecriture Sainte n’abonde pas en détails biographiques sur le compte des premiers hommes.

Le quatrième chapitre de la Genèse coupe court aux suppositions des commentateurs joviaux, qui ont voulu voir l’œuvre d’amour dans l’histoire de la pomme, cueillie par Eve, sur le conseil du serpent, et mangée en commun avec Adam. C’est après l’expulsion de l’Eden que nos premiers parents se mirent en devoir de se faire une postérité. Le texte de la Bible est suffisamment explicite.

«1. Or, Adam connut Eve sa femme, qui alors conçut et enfanta Caïn; et elle dit: J’ai acquis un homme par l’Eternel.

2. Elle enfanta encore Abel son frère. Et Abel fut berger, et Caïn fut agriculteur.»

Les personnes qui n’ont pas approfondi l’étude de la théologie et des théologiens sont à mille lieues de se douter des extravagantes discussions que cette grave affaire de la conception du premier bébé humain a suscitées parmi les commentateurs juifs et chrétiens. En dépit du texte ci-dessus, les uns, ne le trouvant pas encore assez clair, et partisans quand même de l’œuvre d’amour accomplie en Eden, ont émis l’opinion qu’Eve, à peine créée, perdit sa virginité, et que le serpent profita, pour la tenter, du moment où Adam était endormi pour se reposer de ses fatigues conjugales. Les autres, ayant à leur tête saint Jérôme, qui composa la Vulgate en traduisant directement de l’hébreu, sont d’avis que le verset 1 du chapitre 4 de la Genèse prouve qu’Adam n’a jamais songé à connaître Eve que lorsqu’ils furent chassés du paradis.

Et les appréciations n’en sont pas restées là!… Les théologiens qui ont adopté la manière de voir de saint Jérôme, se sont divisés entre eux, en vertu du beau raisonnement que voici: étant admis que la consommation du mariage a eu lieu après le départ de l’Eden, il n’y a pas de motif pour que ça ait été aussitôt, là, tout de suite; alors, quand? à quel moment précis?… Quand on est théologien, on veut tout fouiller; ces hommes-là sont d’une curiosité inimaginable, surtout en ces sortes de questions. Il y a donc eu des gens qui ont débité qu’Adam différa quinze ans et même trente ans l’opération décisive. D’autres poussent la chose encore plus loin et soutiennent gravement qu’Adam et Ève, par une résolution commune et pour pleurer leur péché, ne rompirent leur continence qu’au bout de… cent ans!

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