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Une autre observation se présente d’elle-même à l’esprit, au sujet du pain qu’Adam et sa postérité ont été condamnés à manger à grand renfort de sueurs. Il est probable qu’il n’y avait pas de pain dans les temps primitifs et que les hommes se nourrirent alors comme les peuplades sauvages qui existent encore de nos jours. Mais ne chicanons pas pour si peu, et admettons que le seigneur Jéhovah ait parlé par anticipation. Les Juifs, pour qui la Bible fut écrite, mangeaient, en effet, du pain. Or les tonsurés nous disent que ce livre n’a pas été écrit exclusivement pour les Juifs et qu’il est, au nom de l’Esprit-Saint, la loi religieuse du monde entier. Dans ce cas, ou est forcé de reconnaître que l’on ne mange du pain que dans les pays où le blé pousse: les Lapons, pasteurs de rennes et pécheurs de phoques, et, en général, tous les peuples des latitudes polaires, ignorent absolument l’existence de la farine; en de nombreuses régions des Indes, de l’Amérique, de l’Afrique centrale et méridionale, on vit de fruits et du produit de la chasse. Dira-t-on que le mot pain a été employé par Dieu au figuré et qu’il désigne toute espèce de nourriture? On peut répondre que le châtiment n’est pas général non plus: si les ouvriers triment pour se nourrir, si quiconque vivant de son travail se voit ainsi frappé par suite de la faute d’Adam, il n’en est pas de même des jouisseurs de la vie qui naissent riches, millionnaires par héritage. Et les gros chanoines donc! ceux-ci, lorsqu’ils suent, c’est en été, à cause de leur graisse; ce n’est pas leur travail qui leur fait arroser de sueurs leur pain quotidien!

Le verset 18, en particulier, est très malveillant envers l’espèce humaine, en dehors du pain, l’homme est condamné à ne manger que l’herbe des champs, comme les bestiaux; que lui produira la terre? des épines et des chardons. Le pigeon nous la baille belle! Malgré Dieu, les hommes mangent autre chose que du pain et de l’herbe. Demandez à Lucullus. Ou bien, pourquoi Jéhovah ne détruit-il pas, à coups de foudre, les restaurants qui se permettent de faire figurer des plats de viande sur leur carte? Inutile d’insister.

C’est le cas de dire qu’Adam aurait été bien inspiré en envoyant le père Bon Dieu promener, puisque la promenade plaît à Jéhovah.

Mais voici ce qui se passa après le prononcé du jugement:

«20. Alors Adam nomma sa femme Eva, parce qu’elle est la mère de tous les vivants.»

Le cher homme n’avait pas encore pensé à donner un nom à sa compagne; jusqu’alors il s’était borné à la qualifier d’hommesse, ainsi qu’on l’a vu au verset 23 du chapitre 2. Ce qui est curieux, c’est que le nom donné par Adam à son épouse soit précisément un nom hébreu; Hévah signifie «la vie». D’où l’on est en droit de poser ce dilemme à l’auteur de la Genèse: ou la langue de nos premiers parents est l’hébreu, et alors, cette langue n’ayant pas été perdue, il faut biffer l’histoire de la tour de Babel; ou Adam a donné à sa femme un nom pris dans la fameuse langue primitive, aujourd’hui perdue, et alors l’auteur sacré a commis un impair. Dans un cas comme dans l’autre, le pigeon inspirateur s’est moqué, celte fois encore, de l’écrivain.

Maintenant, on va voir que Jéhovah ne chassa pas immédiatement Adam et Ève du paradis terrestre, contrairement à l’opinion répandue. D’abord, papa Bon Dieu, trouvant trop sommaire leur costume en feuilles de figuier, s’improvisa tailleur.

«21. Et l’Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des robes de peaux, et il les en habilla.»

Pour la confection de ces vêtements, voilà donc un massacre d’innocentes bêtes; l’abattoir était inauguré par Elohim en personne. Après ça, comment voulez-vous que nos premiers parents n’aient pas pensé aussitôt à utiliser pour leur nourriture la viande des animaux si prestement immolés et dépouillés? Zut pour le régime au pain et à l’herbe! durent-ils se dire en eux-mêmes.

El le seigneur Jéhovah aurait fort bien laissé Adam et Ève vivre et mourir en Eden, si, quelque temps après les avoir habillés, il n’avait pas songé à ce mirifique arbre de vie, dont l’homme et la femme n’avaient pas eu l’idée de croquer les fruits.

«22. Or, l’Eternel Dieu se dit: Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous (sic); il connaît le bien et le mal. Mais, maintenant, il faut prendre garde qu’il n’avance aussi la main vers l’arbre de vie, qu’il n’en cueille le fruit et n’en mange, et qu’ainsi il ne vive éternellement.»

Tel est le verset 22 que les tonsurés omettent, et pour cause, dans leurs résumés de la Bible.

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