Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Mais pour ceux des opposants qui n’acceptent pas ce sont les camps et les tortures. Les S.A. sont parmi les premiers à soumettre leurs prisonniers à la question. Rudolf Diels, monarchiste, un temps chef de la police politique secrète de Prusse par la volonté de Hermann Goering, réussit à visiter les caves où les S.A. enferment leurs prisonniers. Le spectacle est hallucinant : les victimes meurent de faim, les os brisés, le visage tuméfié, le corps couvert de plaies infectées. Il réussit à en sauver quelques-uns, à les faire monter dans les voitures de la police. « Comme de gros tas d’argile, des poupées ridicules aux yeux sans vie et à la tête brûlante, ils pendaient, collés les uns aux autres, sur les bancs du car de police. Les policiers étaient devenus muets à la vue de cet enfer. » Parfois les S.A. ont obligé les prisonniers à grimper dans les arbres et à crier à intervalles réguliers comme des oiseaux perchés. Visitant pour enquête le cachot souterrain de la forteresse de Wuppertal, Rudolf Diels est horrifié :           « L’épouvante me saisit comme devant l’apparition de spectres », dit-il. Les prisonniers sont debout devant lui, « les visages aux meurtrissures jaunes, vertes et bleues n’avaient plus rien d’humain ». Tout à coup, alors que Diels s’apitoie sur le sort d’un prisonnier, surgissent, « parés d’uniformes resplendissants, sur la poitrine et autour du cou des médailles anciennes et nouvelles, Ernst, un des chefs S.A. à Berlin et sa suite ». Ils pénètrent en riant et en bavardant dans la pièce sinistre.

« Qu’est-ce que vous venez foutre ici ? » hurle Ernst.

« Les S.A. ne sont pas des jeunes filles », disait Roehm. En effet.

Dans toute la Prusse, sans prêter attention à Goering, les S.A. agissent. Dans le seul Berlin on compte une cinquantaine de lieux de toutes sortes, caves, entrepôts, remises, garages, qui sont devenus des prisons où l’on frappe, où l’on tue. En province, à Sonnenburg, Barnim, Königswusterhausen, Wuppertal, Kemma, partout ce sont les mêmes plaintes qui s’élèvent des cachots tenus par les S.A. Rudolf Diels réussit dans la plupart des cas à faire libérer les prisonniers, il obtient la fermeture des prisons de la Sturmabteilung. Non sans mal, non sans susciter entre la police politique de Prusse dont il est le chef et les S.A., et aussi entre Goering et Roehm, de solides et tenaces inimitiés.

C’est que les S.A., qu’ils pratiquent la torture ou égorgent des adversaires, qu’ils se livrent au pillage d’un appartement ou à de petites vexations, ont le sentiment d’avoir tous les droits puisqu’ils ont été les artisans de la victoire nazie. Ils peuvent casser des dents ou des vitres, enlever un homme et l’abattre dans une cave ou une forêt, ils peuvent comme lors de cette parade à Berlin, systématiquement empêcher de voir les jeunes filles des organisations nazies de jeunesse en se plaçant résolument devant elles et rire grassement en proposant : « Passez la tête entre nos jambes si vous voulez regarder. »

Ils sont les S.A., Roehm n’a-t-il pas répété : « Les bataillons bruns ont été l’école du national-socialisme... La S.A. a ouvert la voie du pouvoir au chef suprême des S.A. : Adolf Hitler ».

Pourtant Roehm lui-même, le 31 juillet 1933, est contraint, sous la pression des partisans nazis de l’ordre, de recommander à ses S.A. le respect de certaines règles. « Je m’efforce, écrit-il, de conserver et de garantir en tous sens les droits des S.A. en tant que troupe de la Révolution nationale-socialiste... Je couvre également de ma responsabilité toute action effectuée par des S.A. qui sans être conforme aux dispositions légales en cours, sert les intérêts exclusifs des S.A. Dans le contexte il y a lieu de considérer qu’il est permis au chef S.A. compétent d’exécuter’jusqu’à douze membres d’une organisation ennemie pour expier l’assassinat d’un S.A. perpétré par cette organisation.

« Cette exécution est ordonnée par le Führer, elle sera faite brièvement et avec une rigueur martiale.

« Par contre j’ai eu connaissance de certaines informations, rares il est vrai, selon lesquelles des membres d’organisations S.A. –  je ne veux pas les appeler des S.A., car ils ne le sont pas – se sont rendus coupables d’excès inouïs.

« Il faut compter parmi ces derniers : la satisfaction de vengeances personnelles, des sévices inadmissibles, des rapines, des vols et le pillage. »

Le capitaine Roehm s’indigne contre « ces profanateurs de l’uniforme d’honneur des S.A. ». Et il menace de « la mort immédiate pour l’exemple (...) les chefs S.A. rendus responsables, s’ils font preuve d’une indulgence mal comprise et n’interviennent pas sans le moindre ménagement ».

Mais le 8 août, les S.A. ne font plus partie de la police auxiliaire mise sur pied par Goering. Leur indiscipline ou leur force et leur indépendance menaçantes les ont-elles déjà écartés du pouvoir ?

C’était il y a un an, dans l’été 1933.

2

VENDREDI 29 JUIN 1934

Godesberg. Hôtel Dreesen. Vers 21 heures 30.

JOSEPH GOEBBELS

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