Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Le message est du Reichsminister Goering. Le Chancelier le lit, puis le tend à Goebbels. À Berlin, Karl Ernst, Obergruppenführer de la Sturmabteilung, aurait mis ses S.A. en état d’alerte depuis cet après-midi du vendredi 29 juin. Goebbels  confirme : il allait lui-même donner l’information. Elle est grave : la Sturmabteilung est-elle décidée à passer à l’action dans la capitale ? Est-ce la Nuit des longs couteaux qui commence ? Ce Karl Ernst est un homme résolu : l’un de ces chefs S.A. sorti de rien, qui ont servi d’hommes de main, d’hommes à tout faire, au Parti nazi, d’autant moins arrêtés par les scrupules qu’ils voyaient dans le nazisme l’occasion de s’emparer à leur profit personnel de la puissance et de la richesse. Et ils y sont parvenus.

Karl Ernst, qui n’a pas 35 ans, commande à 250 000 hommes. Ancien portier d’hôtel, ancien garçon de café, il arbore maintenant des uniformes flamboyants, baroques, abusant des médailles, des insignes. Sur sa tête puissante et vulgaire de mauvais garçon, où la bouche épaisse dit la soif de jouissances, il porte, obliquement, crânement, de façon désinvolte, sa casquette d’Obergruppenführer des S.A. Il séduit les héritières des familles de la haute société berlinoise. On le dit aussi homosexuel. Son rire, son cynisme éclatent, et ses yeux s’allument quand il visite les entrepôts abandonnés ou les caves transformées en Bunkers, tous ces lieux où les S.A. « corrigent » les Allemands récalcitrants. Les hommes d’Ernst bénéficient de l’impunité : vols, meurtres, viols, tout devient affaire politique et Ernst couvre ses S.A. A Berlin, on le craint : pour certains il n’est qu’un sadique, un droit commun transformé en responsable officiel, en représentant de l’ordre et de l’État. Il est pourtant reçu dans la bonne société et on ne le voit qu’en compagnie d’Auguste Guillaume de Prusse, quatrième fils du Kaiser. Et c’est ce Karl Ernst qui vient selon le message reçu par Hitler à Godesberg, de mettre ses S.A. en état d’alerte. Le mécontentement des Chemises brunes a-t-il donné naissance à un complot ?

Déjà, vers la fin du mois d’avril, Karl Ernst avait fait part de ses difficultés à un interlocuteur inattendu. Ernst, en effet, avait reçu l’attaché militaire français, le général Renondeau. Quelle satisfaction pour l’aventurier d’accueillir cet officier étranger, de mesurer ainsi, vraiment, qu’on a réussi. Devant le général, Karl Ernst fait étalage de son passé, de ses responsabilités nouvelles. La conversation en tête à tête dure près de deux heures. « Il me raconta, écrit le général Renondeau, maints épisodes d’une carrière qui n’est encore qu’à ses débuts, mais qui a été jusqu’à la prise du pouvoir par Hitler pleine d’aventures et de coups d’audace. » Sur ses coups de main de Alte Kämpfer, Ernst est intarissable.

« Comme je lui disais, continue le général Renondeau, que ses fonctions actuelles devaient lui paraître très aisées à remplir, par comparaison avec ce qu’il avait fait, il me répondit : « Détrompez-vous. Nous avons promis beaucoup et c’est terriblement difficile à tenir. Il y a bien des impatients et des exigeants qu’il faut calmer ; j’ai commencé par pourvoir les vieux camarades qui ont mené le combat avec moi. Ceux-là sont casés, tous. Mais il y a les autres qui ne me rendent pas toujours la tâche facile. » Et le général Renondeau ajoutait : « Cet aveu d’un des chefs les plus ardents qu’il m’ait été donné jusqu’ici de rencontrer parmi les S.A. est significatif ».

Les S.A. de Berlin, ces S.A. insatisfaits, sont maintenant, si le Chancelier Hitler se fie à Goebbels et à Goering, en état d’alerte.

HERMANN GOERING

On entend devant l’hôtel Dreesen à nouveau le bruit d’une moto : c’est un autre message de Goering. Il donne des informations sur la situation à Berlin et à Munich : là aussi, les S.A. seraient en état d’alerte. Le Chancelier en relit le texte. Il ne le commente pas. Goebbels, témoin de cette nuit, assis en face du Führer, dira plus tard : « Le Fuhrer, comme cela est arrivé dans d’autres situations graves et périlleuses, a de nouveau agi selon son vieux principe : ne dire que ce que l’on doit dire absolument, ne le dire qu’à celui qui doit le savoir et seulement lorsqu’il doit le savoir ». Hitler se tait : Goebbels n’est pas encore à mettre dans le secret des décisions. Par contre, Hitler dicte une réponse à Goering.

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