Читаем La nuit des longs couteaux полностью

Hitler parle, cependant que Brückner et les serveurs de l’hôtel portent les manteaux et les serviettes noires vers les voitures. Il parle, paraissant ne pas pouvoir cesser. C’est qu’il y a toutes les années depuis qu’il a rencontré Roehm, les mois depuis la prise du pouvoir, et surtout ce mois de juin qui meurt en ce jour qui commence, ce jour qui n’a qu’une heure, ce mois de juin 1934, qui vient se condenser et s’ordonner dans cette première heure du samedi 30 juin.

Car chaque heure de ce mois, chaque jour a poussé une pièce, pion, fou, tour, comme si dans cette partie commencée depuis des mois, qui avait connu tant de retournements, le mouvement sur l’échiquier allemand était désormais inéluctable. Chaque heure, chaque jour de ce mois, mêlant les intrigues et les hommes, faisant surgir de nouvelles données qui allaient toutes s’ordonner dans ce matin du samedi 30 juin, vers 1 heure. Depuis 30 jours, chaque jour de juin, une pièce.

L’OBERFUHRER EICKE

Au camp de Dachau, les détenus attendent, rangés entre les baraques de bois, regardant droit devant eux, par-dessus les hauts barbelés, la campagne plate et grise : c’est l’aube du vendredi 1er juin. L’appel s’éternise plus que de coutume. La boue et la fange des allées collent à leurs sabots. Ce matin, après plusieurs heures d’immobilité, l’Oberführer Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau, les passe en revue. Noir, sec, sinistre, il est le destin de cette vie réglée comme une horloge macabre. Mais il s’attarde peu, soucieux de réunir au plus vite ses chefs de groupe. Il vient de recevoir l’ordre de Heydrich d’avoir à entraîner ses hommes pour une action rapide contre les S.A. de Munich, de Lechfeld, de Bad Wiessee. Les chefs de groupe S.S. ne posent aucune question : à Dachau, les S.S. sont, encore plus qu’ailleurs s’il est possible, disciplinés et aveugles. Ils sont vraiment les membres des troupes à tête de mort, les Totenkopfverbände, qui obéissent, tuent, chantent. Heydrich en s’adressant aux hommes du camp de Dachau a choisi en connaissance de cause.

L’Oberführer Eicke est un homme comme les aime Heydrich, un bon officier dévoué aveuglément à la personne de ses chefs. Il a confectionné les listes d’hommes à liquider sans poser de questions, il connaît les lieux, il obéit et avec ses chefs de groupe il dresse des plans pour une action rapide qui saisira dans leurs nids les S.A.

A Munich aussi, les sections S.S. reçoivent les consignes de Heydrich et se préparent à l’opération. Le jour seul n’est pas fixé, mais les ordres de Heydrich sont formels : il faut se tenir prêt comme si l’action pouvait être déclenchée dans quelques heures. Le chef du S.D. et de la Gestapo et le Reichsführer S.S. Himmler paraissent sûrs de leur fait. Eicke dès le samedi 2 juin entraîne ses hommes et il attend, cependant que les S.S. Totenkopf, nerveux, irrités, se vengent sur les détenus.

Mais qui sait ce qui se passe au camp de Dachau le 1er et 2 juin 1934 ? Dachau n’est encore qu’une petite ville tranquille dont les Allemands et le monde ignorent le destin sinistre. Les guides signalent qu’elle est à 9 kilomètres à l’ouest de Schleissheim là où se dressent les deux magnifiques châteaux des XVIIeme et XVIIIeme siècles dont l’un ressemble à Versailles. Dachau n’est qu’un lieu privilégié qui domine la plaine bavaroise. On peut apercevoir les Dachauer Moos (marais de Dachau) que les peintres aiment à fréquenter parce que les verts, les gris, les bleus, les blancs, le ciel, la terre et l’eau se mêlent et changent. Qui connaît les ordres de l’Oberführer Eicke et pourquoi se soucier de ces détenus qui, le samedi 2 juin, s’alignent devant les S.S., les doigts et les bras tendus dans un garde-à-vous immobile, le calot à la main ? Et les coups tombent et les corps.

Pourtant même à Dachau, le dimanche 3 juin, le repos est respecté. Les détenus sont dans les baraques, ils somnolent dans la tiédeur et les odeurs, voyant se dérouler ce jour, ce seul jour de fausse liberté, un jour dur et sans joie parce que la pensée peut construire ses souvenirs et ses tourments, mesurer le temps passé et à venir, écouter le silence du monde et les Heil Hitler de l’Allemagne.

Des détenus catholiques prient, ignorant que ce jour-là à Fulda, les évêques du IIIeme Reich sont rassemblés en réunion plénière.

LES FAUX PROPHÈTES.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза