Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Voyons, il y a une chose toute simple; madame de La Motte a pris ce collier, l’a rendu en mon nom; les joailliers prétendent qu’ils ne l’ont pas repris. J’ai dans les mains un reçu qui prouve le contraire; les joailliers disent que le reçu est faux. Madame de La Motte pourrait d’un mot expliquer tout… Elle ne se trouve pas, eh bien! laissez-moi mettre des suppositions à la place des faits obscurs. Madame de La Motte a voulu rendre le collier. Vous, dont ce fut toujours la manie, bienveillante sans doute, de me faire acheter ce collier, vous qui me l’avez apporté avec l’offre de payer pour moi, offre…

– Que Votre Majesté a refusée bien durement, dit le cardinal avec un soupir.

– Eh bien! oui, vous avez persévéré dans cette idée fixe que je restasse en possession du collier, et vous ne l’aurez pas rendu aux joailliers pour me le faire reprendre dans une occasion quelconque. Madame de La Motte a été faible, elle qui savait mes répugnances, l’impossibilité où j’étais de payer, la résolution immuable que j’avais prise de ne pas avoir ce collier sans argent; madame de La Motte a conspiré avec vous par zèle pour moi, et aujourd’hui elle craint ma colère et ne se présente pas. Est-ce cela? Ai-je reconstruit l’affaire au milieu des ténèbres, dites-moi, oui. Laissez-vous reprocher cette légèreté, cette désobéissance à mes ordres formels, vous en serez quitte pour une réprimande, et tout sera fini. Je fais plus, je vous promets le pardon de madame de La Motte, qu’elle sorte de sa pénitence. Mais, par grâce! de la clarté, de la clarté, monsieur, je ne veux pas en ce moment qu’il plane une ombre sur ma vie; je ne le veux pas, entendez-vous.

La reine avait prononcé ces paroles avec une telle vivacité, elle les avait accentuées si vigoureusement, que le cardinal n’avait ni osé, ni pu l’interrompre, mais aussitôt qu’elle eut cessé:

– Madame, dit-il en étouffant un soupir, je vais répondre à toutes vos suppositions. Non, je n’ai pas persévéré dans l’idée que vous deviez avoir le collier, attendu que j’étais assuré qu’il était en vos mains. Non, je n’ai en rien conspiré avec madame de La Motte au sujet de ce collier. Non, je ne l’ai pas plus que les joailliers ne l’ont, que vous ne dites l’avoir vous-même.

– Il n’est pas possible, s’écria la reine avec stupeur; vous n’avez pas le collier?

– Non, madame.

– Vous n’avez pas conseillé à madame de La Motte de demeurer hors de tout ceci?

– Non, madame.

– Ce n’est pas vous qui la cachez?

– Non, madame.

– Vous ne savez pas ce qu’elle est devenue?

– Pas plus que vous, madame.

– Mais alors, comment vous expliquez-vous ce qui arrive?

– Madame, je suis forcé d’avouer que je ne l’explique pas. Au surplus, ce n’est pas la première fois que je me plains à la reine de ne pas être compris par elle.

– Quand donc cela, monsieur? je ne me le rappelle pas.

– Soyez bonne, madame, dit le cardinal, et veuillez relire en idée mes lettres.

– Vos lettres! dit la reine surprise. Vous m’avez écrit, vous?

– Trop rarement, madame, pour tout ce que j’avais dans le cœur.

La reine se leva.

– Il me semble, dit-elle, que nous nous trompons l’un et l’autre; finissons vite cette plaisanterie. Que parlez-vous de lettres? Quelles lettres, et qu’avez-vous sur le cœur ou dans le cœur, je ne sais trop comment vous venez de dire cela?

– Mon Dieu! madame, je me suis peut-être laissé aller à dire trop haut le secret de mon âme.

– Quel secret! Êtes-vous dans votre bon sens, monsieur le cardinal?

– Madame!

– Oh! ne tergiversons pas; vous parlez comme un homme qui veut me tendre un piège, ou qui veut m’embarrasser devant des témoins.

– Je vous jure, madame, que je n’ai rien dit… Y a-t-il vraiment quelqu’un qui écoute?

– Non, monsieur, mille fois non, il n’y a personne, expliquez-vous donc, mais complètement, et si vous jouissez de votre raison, prouvez-le.

– Oh! madame, pourquoi madame de La Motte n’est-elle pas là? Elle m’aiderait, elle, notre amie, à réveiller, sinon l’attachement, du moins la mémoire de Votre Majesté.

Notre amie? mon attachement? ma mémoire? Je tombe des nues.

– Ah! madame, je vous prie, dit le cardinal révolté par le ton aigre de la reine, épargnez-moi. Libre à vous de n’aimer plus, n’offensez pas.

– Ah! mon Dieu! s’écria la reine en pâlissant, ah! mon Dieu!… que dit cet homme?

– Très bien! continua monsieur de Rohan, qui s’animait à mesure que la colère montait en bouillonnant, très bien! Madame, je crois avoir été assez discret et assez réservé pour que vous ne me maltraitiez pas; je ne vous reproche, d’ailleurs, que des griefs frivoles. J’ai le tort de me répéter. J’eusse dû savoir que quand une reine a dit: Je ne veux plus, c’est une loi aussi impérieuse que lorsqu’une femme a dit: Je veux!

La reine poussa un cri farouche, et saisit le cardinal par sa manche de dentelles.

– Dites vite, monsieur, dit-elle d’une voix tremblante. J’ai dit: Je ne veux plus, et j’avais dit: Je veux! À qui ai-je dit l’un, à qui ai-je dit l’autre?

– Mais à moi, tous les deux.

– À vous?

Перейти на страницу:

Похожие книги

Меч королей
Меч королей

Король Альфред Великий в своих мечтах видел Британию единым государством, и его сын Эдуард свято следовал заветам отца, однако перед смертью изъявил последнюю волю: королевство должно быть разделено. Это известие врасплох застает Утреда Беббанбургского, великого полководца, в свое время давшего клятву верности королю Альфреду. И еще одна мучительная клятва жжет его сердце, а слово надо держать крепко… Покинув родовое гнездо, он отправляется в те края, где его называют не иначе как Утред Язычник, Утред Безбожник, Утред Предатель. Назревает гражданская война, и пока две враждующие стороны собирают армии, неумолимая судьба влечет лорда Утреда в город Лунден. Здесь состоится жестокая схватка, в ходе которой решится судьба страны…Двенадцатый роман из цикла «Саксонские хроники».Впервые на русском языке!

Бернард Корнуэлл

Исторические приключения
Серебряный орел
Серебряный орел

I век до нашей эры. Потерпев поражение в схватке с безжалостным врагом на краю известного мира, выжившие легионеры оказываются в плену у парфян. Брошенные Римом на произвол судьбы, эти люди – Забытый легион. Среди них трое друзей: галл Бренн, этрусский прорицатель Тарквиний и Ромул, беглый раб и внебрачный сын римского патриция. Объединенные ненавистью к Риму и мечтой о Свободе, они противостоят диким племенам, которые их окружают, а также куда более коварным врагам в рядах самого легиона… Тем временем Фабиола, сестра-близнец Ромула, храня надежду, что ее брат жив, вынуждена бороться во имя собственного спасения. Освобожденная могущественным любовником, но окруженная врагами со всех сторон, она отправляется в Галлию, где ее покровитель противостоит свирепым местным воинам. Но более сердечной привязанности ею движет жажда мести: лишь он, правая рука Цезаря, в силах помочь ей осуществить коварный замысел…

Бен Кейн

Исторические приключения