Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Fou! fou! répéta-t-elle avec une inexprimable angoisse; croyez la haine, voyez des ombres, croyez l’impossible; mais, au nom du ciel! après ce que je vous ai dit, ne croyez pas que je sois coupable… Coupable! ce mot me ferait bondir dans un brasier ardent… Coupable… avec… Moi qui jamais n’ai pensé à vous sans prier Dieu de me pardonner cette seule pensée que j’appelais un crime! Oh! monsieur de Charny, si vous ne voulez pas que je sois perdue aujourd’hui, morte demain, ne me dites jamais que vous me soupçonnez, ou bien fuyez si loin que vous n’entendiez pas même le bruit de ma chute au moment de ma mort.

Olivier tordait ses mains avec angoisse.

– Écoutez-moi, dit-il, si vous voulez que je vous rende un service efficace.

– Un service de vous! s’écria la reine, de vous, plus cruel que mes ennemis… car ils ne font que m’accuser, eux, tandis que vous me soupçonnez, vous! Un service de la part de l’homme qui me méprise, jamais…, monsieur, jamais!

Olivier se rapprocha et prit dans ses mains la main de la reine.

– Vous verrez bien, dit-il, que je ne suis pas un homme qui gémit et qui pleure; les moments sont précieux; ce soir serait trop tard pour faire ce qui nous reste à faire. Voulez-vous me sauver du désespoir en vous sauvant de l’opprobre?…

– Monsieur!…

– Oh! je ne ménagerai plus mes paroles en face de la mort. Si vous ne m’écoutez pas, vous dis-je, ce soir, tous deux nous serons morts, vous de honte, moi de vous avoir vue mourir. Droit à l’ennemi, madame! comme dans nos batailles! Droit au danger! droit à la mort! Allons-y ensemble, moi comme l’obscur soldat, à mon rang, mais brave, vous le verrez; vous, avec la majesté, avec la force, au plus fort de la mêlée. Si vous y succombez, eh bien! vous ne serez pas seule. Tenez, madame, voyez en moi un frère… Vous avez besoin… d’argent pour… payer ce collier?…

– Moi?

– Ne le niez pas.

– Je vous dis…

– Ne dites pas que vous n’avez pas le collier.

– Je vous jure…

– Ne jurez pas si vous voulez que je vous aime encore.

– Olivier!

– Il vous reste un moyen de sauver à la fois votre honneur et mon amour. Le collier vaut seize cent mille livres, vous en avez payé deux cent cinquante mille. Voici un million et demi, prenez-le.

– Qu’est cela?

– Ne regardez pas, prenez et payez.

– Vos biens vendus! vos terres acquises par moi et soldées. Olivier! vous vous dépouillez pour moi! Vous êtes un bon et noble cœur, et je ne marchanderai plus les aveux à un pareil amour. Olivier, je vous aime!

– Acceptez.

– Non; mais je vous aime!

– Monsieur de Rohan paiera donc? Songez-y, madame, ce n’est plus de votre part une générosité, c’est de la cruauté qui m’accable… Vous acceptez du cardinal?…

– Moi, allons donc, monsieur de Charny. Je suis la reine, et si je donne à mes sujets amour ou fortune, je n’accepte jamais.

– Qu’allez-vous faire alors?

– C’est vous qui allez me dicter ma conduite. Que dites-vous que pense monsieur de Rohan?

– Il pense que vous êtes sa maîtresse.

– Vous êtes dur, Olivier…

– Je parle comme on parle en face de la mort.

– Que dites-vous que pensent les joailliers?

– Que la reine ne pouvant payer, monsieur de Rohan paiera pour elle.

– Que dites-vous qu’on pense dans le public au sujet du collier?

– Que vous l’avez, que vous l’avez caché, que vous l’avouerez seulement quand il aura été payé, soit par le cardinal, dans son amour pour vous, soit par le roi, dans sa peur du scandale.

– Bien; et vous Charny, à votre tour, je vous regarde en face et vous demande: que pensez-vous des scènes que vous avez vues dans le parc de Versailles?

– Je crois, madame, que vous avez besoin de me prouver votre innocence, répliqua énergiquement le digne gentilhomme.

La reine essuya la sueur qui coulait de son front.

– Le prince Louis, cardinal de Rohan, grand aumônier de France! cria une voix d’huissier dans le corridor.

– Lui! murmura Charny.

– Vous voilà servi à souhait, dit la reine.

– Vous allez le recevoir?

– J’allais le faire appeler.

– Mais, moi…

– Entrez dans mon boudoir, et laissez la porte entrebâillée pour bien entendre.

– Madame!

– Allez vite, voici le cardinal.

Elle poussa monsieur de Charny dans la chambre qu’elle lui avait indiquée, tira la porte comme il convenait, et fit entrer le cardinal.

Monsieur de Rohan parut au seuil de la chambre. Il était resplendissant dans son costume d’officiant. Derrière lui se tenait à distance une suite nombreuse, dont les habits brillaient comme celui de leur maître.

Parmi ces gens inclinés, on pouvait apercevoir Bœhmer et Bossange, un peu embarrassés dans leurs vêtements de cérémonie.

La reine alla au-devant du cardinal, en essayant d’un sourire qui expira bientôt sur ses lèvres.

Louis de Rohan était sérieux, triste même. Il avait le calme de l’homme courageux qui va combattre, la menace imperceptible du prêtre qui peut avoir à pardonner.

La reine montra un tabouret; le cardinal resta debout.

– Madame, dit-il, après s’être incliné en tremblant visiblement, j’avais plusieurs choses importantes à communiquer à Votre Majesté, qui prend à tâche d’éviter ma présence.

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