Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

Monsieur de Breteuil avait fait demander, une heure avant, audience au roi, et il trouva Sa Majesté qui s’habillait pour aller à la messe.

– Un temps superbe, dit Louis XVI tout joyeux, dès que le diplomate entra dans son cabinet; un vrai temps d’Assomption: voyez donc, il n’y a pas un nuage au ciel.

– Je suis bien désolé, sire, d’apporter un nuage à votre tranquillité, répondit le ministre.

– Allons! s’écria le roi en renfrognant sa bonne mine, voilà que la journée commence mal; qu’y a-t-il?

– Je suis bien embarrassé, sire, pour vous conter cela, d’autant que ce n’est pas, au premier abord, une affaire du ressort de mon ministère. C’est une sorte de vol, et cela regarderait le lieutenant de police.

– Un vol! fit le roi. Vous êtes garde des Sceaux, et les voleurs finissent toujours par rencontrer la justice. Cela regarde monsieur le garde des Sceaux; vous l’êtes, parlez.

– Eh bien, sire, voici ce dont il s’agit. Votre Majesté a entendu parler d’un collier de diamants?

– Celui de monsieur Bœhmer.

– Oui, sire.

– Celui que la reine a refusé?

– Précisément.

– Refus qui m’a valu un beau vaisseau: le Suffren, dit le roi en se frottant les mains.

– Eh bien! sire, dit le baron de Breteuil, insensible à tout le mal qu’il allait faire, ce collier a été volé.

_ Ah! tant pis, tant pis, dit le roi. C’était cher; mais les diamants sont reconnaissables. Les couper serait perdre le fruit du vol. On les laissera entiers, la police les retrouvera.

– Sire, interrompit le baron de Breteuil, ce n’est pas un vol ordinaire. Il s’y mêle des bruits.

– Des bruits! que voulez-vous dire?

– Sire, on prétend que la reine a gardé le collier.

– Comment, gardé? C’est en ma présence qu’elle l’a refusé, sans même le vouloir regarder. Folies, absurdités, baron; la reine n’a pas gardé le collier.

– Sire, je ne me suis pas servi du mot propre; les calomnies sont toujours si aveugles à l’égard des souverains, que l’expression est trop blessante pour les oreilles royales. Le mot gardé…

– Ah çà! monsieur de Breteuil, dit le roi avec un sourire, on ne dit pas, je suppose, que la reine ait volé le collier de diamants.

– Sire, dit vivement monsieur de Breteuil, on dit que la reine a repris en dessous le marché rompu devant vous par elle; on dit, et ici je n’ai pas besoin de répéter à Votre Majesté combien mon respect et mon dévouement méprisent ces infâmes suppositions; on dit donc que les joailliers ont, de Sa Majesté la reine, un reçu attestant qu’elle garde le collier.

Le roi pâlit.

– On dit cela! répéta-t-il, que ne dit-on pas? mais cela m’étonne, après tout, s’écria-t-il. La reine aurait acheté en dessous main le collier que je ne la blâmerais point. La reine est une femme, le collier est une pièce rare et merveilleuse.

«Dieu merci! la reine peut dépenser un million et demi à sa toilette, si elle l’a voulu. Je l’approuverai, elle n’aura eu qu’un tort, celui de me taire son désir. Mais ce n’est pas au roi de se mêler dans cette affaire; elle regarde le mari. Le mari grondera sa femme s’il veut, ou s’il peut, je ne reconnais à personne le droit d’intervenir, même avec une médisance.

Le baron s’inclina devant ces paroles si nobles et si vigoureuses du roi. Mais Louis XVI n’avait que l’apparence de la fermeté. Un moment après l’avoir manifestée, il redevenait flottant, inquiet.

– Et puis, dit-il, que parlez-vous de vol?… Vous avez dit vol, ce me semble?… S’il y avait vol, le collier ne serait point dans les mains de la reine. Soyons logiques.

– Votre Majesté m’a glacé avec sa colère, dit le baron, et je n’ai pu achever.

– Oh! ma colère!… Moi, en colère!… Pour cela, baron… baron…

Et le bon roi se mit à rire bruyamment.

– Tenez, continuez, et dites-moi tout; dites-moi même que la reine a vendu le collier à des juifs. Pauvre femme, elle a souvent besoin d’argent, et je ne lui en donne pas toujours.

– Voilà précisément ce que j’allais avoir l’honneur de dire à Votre Majesté. La reine avait fait demander, il y a deux mois, cinq cent mille livres par monsieur de Calonne, et Votre Majesté a refusé de signer.

– C’est vrai.

– Eh bien! sire, cet argent, dit-on, devait servir à payer le premier quartier des échéances souscrites pour l’achat du collier. La reine n’ayant pas eu d’argent a refusé de payer.

– Eh bien? dit le roi, intéressé peu à peu, comme il arrive quand au doute succède un commencement de vraisemblance.

– Eh bien, sire, c’est ici que va commencer l’histoire que mon zèle m’ordonne de conter à Votre Majesté.

– Quoi! vous dites que l’histoire commence ici; qu’y a-t-il donc, mon Dieu! s’écria le roi, trahissant ainsi sa perplexité aux yeux du baron, qui dès ce moment garda l’avantage.

– Sire, on dit que la reine s’est adressée à quelqu’un pour avoir de l’argent.

– À qui? à un juif, n’est-ce pas?

– Non, sire, pas à un juif.

– Eh mon Dieu! vous me dites cela d’un air étrange, Breteuil. Allons, bien! je devine; une intrigue étrangère: la reine a demandé de l’argent à son frère, à sa famille. Il y a de l’Autriche là-dedans.

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