Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Quand Votre Majesté voudra, s’écria Bossange; nous ne craignons pas la lumière, nous autres honnêtes marchands.

– Alors, allez chercher la lumière auprès de monsieur le cardinal, lui seul peut nous éclairer dans tout ceci.

– Et Votre Majesté nous permettra de lui rapporter la réponse? demanda Bœhmer.

– Je serai instruite avant vous, dit la reine, c’est moi qui vous tirerai d’embarras. Allez.

Elle les congédia, et lorsqu’ils furent partis, se livrant à toute son inquiétude, elle envoya courrier sur courrier à madame de La Motte.

Nous ne la suivrons pas dans ses recherches et dans ses soupçons, nous l’abandonnerons, au contraire, pour mieux courir avec les joailliers au-devant de cette vérité si désirée.

Le cardinal était chez lui, lisant avec une rage impossible à décrire une petite lettre que madame de La Motte venait de lui envoyer, disait-elle, de Versailles. La lettre était dure, elle ôtait tout espoir au cardinal; elle le sommait de ne plus songer à rien; elle lui interdisait de reparaître familièrement à Versailles; elle faisait appel à sa loyauté, pour ne pas renouer des relations devenues impossibles.

En relisant ces mots, le prince bondissait; il épelait les caractères un à un; il semblait demander compte au papier des duretés dont le chargeait une main cruelle.

– Coquette, capricieuse, perfide, s’écriait-il dans son désespoir; oh! je me vengerai.

Il accumulait alors toutes les pauvretés qui soulagent les cœurs faibles dans leurs douleurs d’amour, mais qui ne les guérissent pas de l’amour lui-même.

– Voilà, disait-il, quatre lettres qu’elle m’écrit, toutes plus injustes, toutes plus tyranniques les unes que les autres. Elle m’a pris par caprice, moi! C’est une humiliation qu’à peine je lui pardonnerais, si elle ne me sacrifiait à un caprice nouveau.

Et le malheureux abusé relisait avec la ferveur de l’espoir toutes les lettres, étayées dans leur rigueur avec un art de proportion impitoyable.

La dernière était un chef-d’œuvre de barbarie, le cœur du pauvre cardinal en était percé à jour, et cependant il aimait à un point tel que, par esprit de contradiction, il se délectait à lire, à relire ces froides duretés rapportées de Versailles, selon madame de La Motte.

C’est à ce moment que les joailliers se présentèrent à son hôtel.

Il fut bien surpris de voir leur insistance à forcer la consigne. Il chassa trois fois son valet de chambre qui revint une quatrième fois à la charge, en disant que Bœhmer et Bossange avaient déclaré ne vouloir se retirer que s’ils y étaient contraints par la force.

– Que veut dire ceci? pensa le cardinal. Faites-les entrer.

Ils entrèrent. Leurs visages bouleversés témoignaient du rude combat qu’ils avaient eu à soutenir moralement et physiquement. S’ils étaient demeurés vainqueurs dans l’un de ces combats, les malheureux avaient été battus dans l’autre. Jamais cerveaux plus détraqués n’avaient été appelés à fonctionner devant un prince de l’église.

– Et d’abord, cria le cardinal en les voyant, qu’est-ce que cette brutalité, messieurs les joailliers, est-ce qu’on vous doit quelque chose ici?

Le ton de ce début glaça de frayeur les deux associés.

– Est-ce que les scènes de là-bas vont recommencer? dit Bœhmer du coin de l’œil à son associé.

– Oh! non pas, non pas, répondit ce dernier en assujettissant sa perruque par un mouvement très belliqueux, quant à moi, je suis décidé à tous les assauts.

Et il fit un pas presque menaçant, pendant que Bœhmer, plus prudent, restait en arrière.

Le cardinal les crut fous et le leur dit nettement.

– Monseigneur, fit le désespéré Bœhmer en hachant chaque syllabe avec un soupir, justice, miséricorde! épargnez-nous la rage, et ne nous forcez pas à manquer de respect au plus grand, au plus illustre prince.

– Messieurs, ou vous n’êtes pas fous, et alors on vous jettera par les fenêtres, dit le cardinal, ou vous êtes fous, et alors on vous mettra tout simplement à la porte. Faites votre choix.

– Monseigneur, nous ne sommes pas fous, nous sommes volés!

– Qu’est-ce que cela me fait à moi, reprit monsieur de Rohan; je ne suis pas lieutenant de police.

– Mais vous avez eu le collier entre les mains, monseigneur, dit Bœhmer en sanglotant; vous irez déposer en justice, monseigneur, vous irez…

– J’ai eu le collier? dit le prince… C’est donc ce collier qui a été volé!

– Oui, monseigneur.

– En bien! que dit la reine? s’écria le cardinal, en faisant un mouvement d’intérêt.

– La reine nous a envoyés à vous, monseigneur.

– C’est bien aimable à Sa Majesté. Mais que puis-je faire à cela, mes pauvres gens?

– Vous pouvez tout, monseigneur; vous pouvez dire ce qu’on en a fait.

– Moi?

– Sans doute.

– Mon cher monsieur Bœhmer, vous pourriez me tenir un pareil langage si j’étais de la bande des voleurs qui ont pris le collier à la reine.

– Ce n’est pas à la reine que le collier a été pris.

– À qui donc? mon Dieu!

– La reine nie l’avoir eu en sa possession.

– Comment, elle nie! fit le cardinal avec hésitation; puisque vous avez un reçu d’elle.

– La reine dit que le reçu est faux.

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