Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

Bœhmer fut obligé de s’appuyer sur un fauteuil; le parquet tourbillonnait sous lui. Il aspirait l’air à grands flots, et la couleur pourprée de l’apoplexie remplaçait la livide pâleur de la défaillance.

– Rendez-moi mon reçu, dit la reine, je le tiens pour bon, et reprenez votre lettre signée Antoinette de France; le premier procureur vous dira ce que cela vaut.

En lui ayant jeté le billet, après avoir arraché le reçu de ses mains, elle tourna le dos et passa dans une pièce voisine, abandonnant à lui seul le malheureux qui n’avait plus une idée, et qui, contre toute étiquette, se laissa tomber dans un fauteuil.

Cependant, après quelques minutes qui servirent à le remettre, il s’élança, tout étourdi, de l’appartement, et vint retrouver Bossange, auquel il raconta l’aventure, de façon à se faire soupçonner fort par son associé.

Mais il répéta si bien et tant de fois son dire, que Bossange commença à arracher sa perruque, tandis que Bœhmer arrachait ses cheveux, ce qui fit, pour les gens qui passaient et dont le regard plongea dans la voiture, le spectacle le plus douloureux et le plus comique à la fois.

Cependant, comme on ne peut passer une journée entière dans un carrosse; comme, après s’être arraché cheveux ou perruque on trouve le crâne, et que sous le crâne sont ou doivent être les idées, les deux joailliers trouvèrent celle de se réunir pour forcer, s’il était possible, la porte de la reine, et obtenir quelque chose qui ressemblât à une explication.

Ils s’acheminaient donc vers le château, dans un état à faire pitié, lorsqu’ils furent rencontrés par un des officiers de la reine qui les mandait l’un ou l’autre. Qu’on pense de leur joie et de leur empressement à obéir.

Ils furent introduits sans retard.

<p>Chapitre 27</p><p>Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan je suis</p>

La reine paraissait attendre impatiemment; aussi, dès qu’elle aperçut les joailliers:

– Ah! voici monsieur Bossange, dit-elle vivement; vous avez pris du renfort, Bœhmer, tant mieux.

Bœhmer n’avait rien à dire; il pensait beaucoup. Ce qu’on a de mieux à faire en pareil cas, c’est de procéder par le geste; Bœhmer se jeta aux pieds de Marie-Antoinette.

Le geste était expressif.

Bossange l’imita comme son associé.

– Messieurs, dit la reine, je suis calme à présent, et je ne m’irriterai plus. Il m’est venu d’ailleurs une idée qui modifie mes sentiments à votre égard. Nul doute qu’en cette affaire nous ne soyons, vous et moi, dupes de quelque petit mystère… qui n’est plus un mystère pour moi.

– Ah! madame! s’écria Bœhmer enthousiasmé par ces paroles de la reine, vous ne me soupçonnez donc plus… d’avoir fait… Oh! le vilain mot à prononcer que celui de faussaire!

– Il est aussi dur pour moi de l’entendre, je vous prie de le croire, que pour vous de le prononcer, dit la reine. Je ne vous soupçonne plus, non.

– Votre Majesté soupçonne-t-elle quelqu’un alors?

– Répondez à mes questions. Vous dites que vous n’avez plus les diamants?

– Nous ne les avons plus, répondirent ensemble les deux joailliers.

– Peu vous importe de savoir à qui je les avais remis pour vous, cela me regarde. Est-ce que vous n’avez pas vu… madame la comtesse de La Motte?

– Pardonnez, madame, nous l’avons vue…

– Et elle ne vous a rien donné… de ma part?

– Non, madame. Madame la comtesse nous a dit seulement: Attendez.

– Mais cette lettre de moi, qui l’a remise?

– Cette lettre? répliqua Bœhmer; celle que Votre Majesté a eue dans les mains, celle-ci, c’est un messager inconnu qui l’a apportée chez nous pendant la nuit.

Et il montrait la fausse lettre.

– Ah! ah! fit la reine, bien; vous voyez qu’elle ne vient pas directement de moi.

Elle sonna, un valet de pied parut…

– Qu’on fasse mander madame la comtesse de La Motte, dit tranquillement la reine. Et, continua-t-elle avec le même calme, vous n’avez vu personne, vous n’avez pas vu monsieur de Rohan?

– Monsieur de Rohan, si fait, madame, il est venu nous rendre visite et s’informer…

– Très bien! répliqua la reine; n’allons pas plus loin; du moment que monsieur le cardinal de Rohan se trouve encore mêlé à cette affaire, vous auriez tort de vous désespérer. Je devine: madame de La Motte, en vous disant ce mot: Attendez, aura voulu… Non, je ne devine rien et je ne veux rien deviner… Allez seulement trouver monsieur le cardinal, et lui racontez ce que vous venez de me dire; ne perdez pas de temps, et ajoutez que je sais tout.

Les joailliers, ranimés par cette petite flamme d’espérance, échangèrent entre eux un regard moins effrayé.

Bossange seul, qui voulait placer son mot, se hasarda bien bas à dire:

– Que, cependant, la reine avait entre les mains un faux reçu, et qu’un faux est un crime.

Marie-Antoinette fronça le sourcil.

– Il est vrai, dit-elle, que si vous n’avez pas reçu le collier, cet écrit constitue un faux. Mais pour constater le faux, il est indispensable que je vous confronte avec la personne que j’ai chargée de vous remettre les diamants.

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