Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Je fais plus, je vous convaincs, dit Cagliostro.

– Prouvez! fit impudemment la comtesse.

Cagliostro prit un papier sur une table et le montra:

«Monsieur et généreux protecteur, disait le billet adressé à Cagliostro, pardonnez-moi de vous quitter; mais avant tout j’aimais monsieur de Beausire; il vient, il m’emmène, je le suis. Adieu. Recevez l’expression de ma reconnaissance.»

– Beausire!… dit Jeanne pétrifiée, Beausire… Lui qui ne savait pas l’adresse d’Oliva!

– Oh! que si fait, madame, répliqua Cagliostro en lui montrant un second papier qu’il tira de sa poche; tenez, j’ai ramassé ce papier dans l’escalier en venant ici rendre ma visite quotidienne. Ce papier sera tombé des poches de monsieur Beausire.

La comtesse lut en frissonnant:

«Monsieur de Beausire trouvera mademoiselle Oliva rue Saint-Claude, au coin du boulevard; il la trouvera et l’emmènera sur-le-champ. C’est une amie bien sincère qui le lui conseille. Il est temps.»

– Oh! fit la comtesse en froissant le papier.

– Et il l’a emmenée, dit froidement Cagliostro.

– Mais qui a écrit ce billet? dit Jeanne.

– Vous, apparemment, vous l’amie sincère d’Oliva.

– Mais comment est-il entré ici? s’écria Jeanne, en regardant avec rage son impassible interlocuteur.

– Est-ce qu’on n’entre pas avec votre clef? dit Cagliostro à Jeanne.

– Mais puisque je l’ai, monsieur Beausire ne l’avait pas.

– Quand on a une clef, on peut en avoir deux, répliqua Cagliostro en la regardant en face.

– Vous avez là des pièces convaincantes, répondit lentement la comtesse, tandis que moi je n’ai que des soupçons.

– Oh! j’en ai aussi, dit Cagliostro, et qui valent bien les vôtres, madame.

En disant ces mots, il la congédia par un geste imperceptible.

Elle se mit à descendre; mais le long de cet escalier désert, sombre, qu’elle avait monté, elle trouva vingt bougies et vingt laquais espacés, devant lesquels Cagliostro l’appela hautement et à dix reprises: Madame la comtesse de La Motte.

Elle sortit, soufflant la fureur et la vengeance, comme le basilic souffle le feu et le poison.

<p>Chapitre 26</p><p>La lettre et le reçu</p>

Le lendemain de ce jour était le dernier délai du paiement fixé par la reine elle-même aux joailliers Bœhmer et Bossange.

Comme la missive de Sa Majesté leur recommandait la circonspection, ils attendirent que les cinq cent mille livres leur arrivassent.

Et comme chez tous les commerçants, si riches qu’ils soient, c’est une grave affaire qu’une rentrée de cinq cent mille livres, les associés préparèrent un reçu de la plus belle écriture de la maison.

Le reçu resta inutile; personne ne vint l’échanger contre les cinq cent mille livres.

La nuit se passa fort cruellement pour les joailliers dans l’attente d’un messager presque invraisemblable. Cependant la reine avait des idées extraordinaires; elle avait besoin de se cacher; son courrier n’arriverait peut-être qu’après minuit.

L’aube du lendemain détrompa Bœhmer et Bossange de leurs chimères. Bossange prit sa résolution et se rendit à Versailles dans un carrosse au fond duquel l’attendait son associé.

Il demanda d’être introduit auprès de la reine. On lui répondit que s’il n’avait pas de lettre d’audience, il n’entrerait pas.

Étonné, inquiet, il insista; et comme il savait son monde, et comme il avait eu le talent de placer çà et là, dans les antichambres, quelque petite pierre de rebut, on le protégea pour le mettre sur le passage de Sa Majesté lorsqu’elle reviendrait de se promener dans Trianon.

En effet, Marie-Antoinette, toute frémissante encore de cette entrevue avec Charny où elle s’était faite amante sans devenir maîtresse, Marie-Antoinette revenait, le cœur plein de joie et l’esprit tout radieux, lorsqu’elle aperçut la figure un peu contrite et toute respectueuse de Bœhmer.

Elle lui fit un sourire qu’il interpréta de la façon la plus heureuse, et il se hasarda à demander un moment d’audience que la reine lui promit pour deux heures, c’est-à-dire après son dîner. Il alla porter cette excellente nouvelle à Bossange qui attendait dans la voiture, et qui, souffrant d’une fluxion, n’avait pas voulu montrer à la reine une figure disgracieuse.

– Nul doute, se dirent-ils, en commentant les moindres gestes, les moindres mots de Marie-Antoinette, nul doute que Sa Majesté n’ait en son tiroir la somme qu’elle n’aura pu avoir hier; elle a dit à deux heures, parce que à deux heures elle sera seule.

Et ils se demandèrent, comme les compagnons de la fable, s’ils emporteraient la somme en billets, en or ou en argent.

Deux heures sonnèrent, le joaillier fut à son poste; on l’introduisit dans le boudoir de Sa Majesté.

– Qu’est-ce encore, Bœhmer, dit la reine du plus loin qu’elle l’aperçut, est-ce que vous voulez me parler bijoux? Vous avez du malheur, vous savez?

Bœhmer crut que quelqu’un était caché, que la reine avait peur d’être entendue. Il prit donc un air d’intelligence pour répondre en regardant autour de lui:

– Oui, madame.

– Que cherchez-vous là? dit la reine surprise. Vous avez quelque secret, hein?

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