Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

Monsieur de Rohan détourna la tête et ne répliqua point.

– Puisque monsieur de Rohan ne veut pas répondre, répondez, vous, madame, dit le roi; vous devez savoir quelque chose de tout cela. Avez-vous acheté, oui ou non, ce collier?

– Non! dit la reine avec force.

Monsieur de Rohan tressaillit.

– Voici une parole de reine! s’écria le roi avec solennité; prenez-y garde, monsieur le cardinal.

Monsieur de Rohan laissa glisser sur ses lèvres un sourire de mépris.

– Vous ne dites rien? fit le roi.

– De quoi m’accuse-t-on, sire?

– Les joailliers disent avoir vendu un collier, à vous ou à la reine. Ils montrent un reçu de Sa Majesté.

– Le reçu est faux! dit la reine.

– Les joailliers, continua le roi, disent qu’à défaut de la reine, ils sont garantis par des engagements que vous avez pris, monsieur le cardinal.

– Je ne refuse pas de payer, sire, dit monsieur de Rohan. Il faut bien que ce soit la vérité, puisque la reine le laisse dire.

Et un second regard, plus méprisant que le premier, termina sa phrase et sa pensée.

La reine frissonna. Ce mépris du cardinal n’était pas pour elle une insulte, puisqu’elle ne la méritait pas, mais ce devait être la vengeance d’un honnête homme, elle s’effraya.

– Monsieur le cardinal, reprit le roi, il ne reste pas moins dans cette affaire un faux qui a compromis la signature de la reine de France.

– Un autre faux, s’écria la reine, et celui-là peut-il être imputé à un gentilhomme, c’est celui qui prétend que les joailliers ont repris le collier.

– Libre à la reine, dit monsieur de Rohan du même ton, de m’attribuer les deux faux; en avoir fait un, en avoir fabriqué deux, où est la différence?

La reine faillit éclater d’indignation, le roi la retint d’un geste.

– Prenez garde, dit-il encore au cardinal, vous aggravez votre position, monsieur. Je vous dis: Justifiez-vous, et vous avez l’air d’accuser.

Le cardinal réfléchit un moment; puis, comme s’il succombait sous le poids de cette mystérieuse calomnie qui étreignait son honneur:

– Me justifier, dit-il, impossible!

– Monsieur, il y a là des gens qui disent qu’un collier leur a été volé; en proposant de le payer vous avouez que vous êtes coupable.

– Qui le croira? dit le cardinal avec un superbe dédain.

– Alors, monsieur, si vous ne supposez pas qu’on le croie, on croira donc.

Et un frissonnement de colère bouleversa le visage ordinairement si placide du roi…

– Sire, je ne sais rien de ce qui s’est dit, reprit le cardinal, je ne sais rien de ce qui s’est fait; tout ce que je puis affirmer, c’est que je n’ai pas eu le collier; tout ce que je puis affirmer, c’est que les diamants sont au pouvoir de quelqu’un qui devrait se nommer, qui ne le veut pas, et me force ainsi à lui dire cette parole de l’Écriture: Le mal retombe sur la tête de celui qui l’a commis.

À ces mots, la reine fit un mouvement pour prendre le bras du roi, qui lui dit:

– Le débat est entre vous et lui, madame. Une dernière fois, avez-vous ce collier?

– Non! sur l’honneur de ma mère, sur la vie de mon fils! répondit la reine.

Le roi, plein de joie après cette déclaration, se tourna vers le cardinal:

– Alors, c’est une affaire entre la justice et vous, monsieur, dit-il; à moins que vous ne préfériez vous en rapporter à ma clémence.

– La clémence des rois est faite pour les coupables, sire, répondit le cardinal; je lui préfère la justice des hommes.

– Vous ne voulez rien avouer?

– Je n’ai rien à dire.

– Mais enfin, monsieur! s’écria la reine, votre silence laisse mon honneur en jeu!

Le cardinal se tut.

– Eh bien! moi, je ne me tairai pas, continua la reine; ce silence me brûle, il atteste une générosité dont je ne veux pas. Apprenez, sire, que tout le crime de monsieur le cardinal n’est pas dans la vente ou dans le vol du collier.

Monsieur de Rohan releva la tête et pâlit.

– Qu’est-ce à dire? fit le roi inquiet.

– Madame!… murmura le cardinal épouvanté.

– Oh! nulle raison, nulle crainte, nulle faiblesse ne me fermera la bouche; j’ai là, dans mon cœur, des motifs qui me pousseraient à crier mon innocence sur une place publique.

– Votre innocence! dit le roi. Eh! madame, qui serait assez téméraire ou assez lâche pour obliger Votre Majesté à prononcer ce mot!

– Je vous supplie, madame, dit le cardinal.

– Ah! vous commencez à trembler. J’avais donc deviné juste; vos complots aiment l’ombre! À moi le grand jour! Sire, sommez monsieur le cardinal de vous dire ce qu’il m’a dit tout à l’heure, ici, à cette place.

– Madame! madame! fit monsieur de Rohan, prenez garde; vous passez les bornes.

– Plaît-il? fit le roi avec hauteur. Qui donc parle ainsi à la reine? Ce n’est pas moi, je suppose?

– Voilà justement, sire, dit Marie-Antoinette. Monsieur le cardinal parle ainsi à la reine, parce qu’il prétend en avoir le droit.

– Vous, monsieur! murmura le roi devenu livide.

– Lui! s’écria la reine avec mépris, lui!

– Monsieur le cardinal a des preuves? reprit le roi en faisant un pas vers le prince.

– Monsieur de Rohan a des lettres, à ce qu’il dit! fit la reine.

– Voyons, monsieur! insista le roi.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Меч королей
Меч королей

Король Альфред Великий в своих мечтах видел Британию единым государством, и его сын Эдуард свято следовал заветам отца, однако перед смертью изъявил последнюю волю: королевство должно быть разделено. Это известие врасплох застает Утреда Беббанбургского, великого полководца, в свое время давшего клятву верности королю Альфреду. И еще одна мучительная клятва жжет его сердце, а слово надо держать крепко… Покинув родовое гнездо, он отправляется в те края, где его называют не иначе как Утред Язычник, Утред Безбожник, Утред Предатель. Назревает гражданская война, и пока две враждующие стороны собирают армии, неумолимая судьба влечет лорда Утреда в город Лунден. Здесь состоится жестокая схватка, в ходе которой решится судьба страны…Двенадцатый роман из цикла «Саксонские хроники».Впервые на русском языке!

Бернард Корнуэлл

Исторические приключения
Серебряный орел
Серебряный орел

I век до нашей эры. Потерпев поражение в схватке с безжалостным врагом на краю известного мира, выжившие легионеры оказываются в плену у парфян. Брошенные Римом на произвол судьбы, эти люди – Забытый легион. Среди них трое друзей: галл Бренн, этрусский прорицатель Тарквиний и Ромул, беглый раб и внебрачный сын римского патриция. Объединенные ненавистью к Риму и мечтой о Свободе, они противостоят диким племенам, которые их окружают, а также куда более коварным врагам в рядах самого легиона… Тем временем Фабиола, сестра-близнец Ромула, храня надежду, что ее брат жив, вынуждена бороться во имя собственного спасения. Освобожденная могущественным любовником, но окруженная врагами со всех сторон, она отправляется в Галлию, где ее покровитель противостоит свирепым местным воинам. Но более сердечной привязанности ею движет жажда мести: лишь он, правая рука Цезаря, в силах помочь ей осуществить коварный замысел…

Бен Кейн

Исторические приключения