Absolument certain. Personne n'est entrй par la porte du quai ni par la voiture d'Athиnes, je vous en donne ma parole.
De votre poste d'observation, pouviez-vous voir le conducteur ?
Pour sыr ! Son petit siиge se trouve presque а hauteur de ma porte.
A-t-il quittй sa place aprиs l'arrкt du train а Vincovci ?
Il a rйpondu а un ou deux coups de sonnette. peu aprиs la panne de train. Ensuite, il a passй devant moi pour se rendre dans l'autre wagon et y est demeurй un quart d'heure environ. Une sonnerie de nuit se mit alors а carillonner et le conducteur revint en courant. Je sortis dans le couloir pour voir ce qui arrivait. C'йtait seulement la dame amйricaine qui protestait contre je ne sais quoi. Le conducteur alla ensuite dans un autre compartiment et apporta une bouteille d'eau minйrale а un voyageur. Puis il se rassit dans son coin et au bout d'un moment, il se rendit а l'autre extrйmitй du wagon pour faire le lit de quelqu'un. Aprиs quoi il me semble qu'il n'a pas bougй jusqu'а cinq heures ce matin.
S'est-il endormi ?
Je ne puis vous le dire.
Poirot ramassa machinalement sur la table la carte officielle du dйtective de l'agence Neil.
Veuillez, je vous prie, contresigner ce carton, monsieur Hardman.
Il n'y a sans doute personne qui soit susceptible de confirmer votre identitй, monsieur Hardman ?
Dans ce train ? Non, pas prйcisйment. A moins que le jeune MacQueen ne me reconnaisse. Je l'ai souvent vu dans le bureau de son pиre а New-York, mais je doute qu'il m'ait spйcialement remarquй parmi les nombreux autres dйtectives. Non, monsieur Poirot, il faudra attendre que la neige nous permette de continuer notre voyage pour cвbler а New York. Mais vous pouvez кtre tranquille. Je ne vous ai pas trompй. Au revoir, messieurs. Monsieur Poirot, enchantй d'avoir fait votre connaissance !
Poirot lui offrit une cigarette.
Peut-кtre prйfйrez-vous la pipe ?
Non, je ne fume pas la pipe.
Il prit une cigarette et sortit а grands pas.
Les trois hommes s'entre-regardиrent.
Vous le croyez sincиre ? demanda le docteur Constantine.
Oui, je connais ce genre d'individus. De plus, il sera facile de vйrifier son identitй.
En tout cas, il nous a fourni un renseignement intйressant, dit M. Bouc.
Certes.
Un petit homme brun, а la voix fйminine, ajouta M. Bouc mйditatif.
Hйlas ! ce signalement ne se rapporte а aucune des personnes prйsentes dans ce train, observa Poirot.
Et maitnenant, dйclara Poirot avec un sourire malicieux, nous allons rйjouir le cњur de M. Bouc en appelant l'Italien.
Antonio Foscarelli entra dans le wagon-restaurant d'un pas souple et alerte. Son visage de pur latin au teint hвlй par le soleil exprimait la satisfaction.
Il parlait couramment le franзais avec un trиs lйger accent.
Vous vous appelez Antonio Foscarelli ?
Oui, monsieur.
Vous кtes, а ce que je vois, naturalisй Amйricain ?
Oui, monsieur, pour la commoditй de mes affaires.
Vous кtes reprйsentant des automobiles Ford ?
Oui, alors vous comprenez...
Suivi un exposй trиs circonstanciй, au terme duqel les trois hommes apprirent en dйtail les mйthodes de travail de Foscarelli, ses voyages, sa situation financiиre, son opinion sur les Etats-Unis et les diffйrents pays europйens. Il n'йtait pas besoin de lui arracher les renseignements. Les mots jaillissaient de ses lиvres comme d'une source.
Sa figure rayonnait ; il s'йpongeait le front avec un mouchoir.
Comme vous voyez, je traite d'йnormes affaires. Je suis moderne, moi, et je m'y entends pour la vent.
Ainsi vous faites la navette entre l'Amйrique et l'Europe depuis une dizaine d'annйes ?
Oui, monsieur. Je me souviens du jour oщ pour la premiиre fois je pris le paquebot. pour aller aux Etats-Unis. C'est si loin !... Ma mиre, ma petite sњur.
Poirot coupa court а ces souvenirs familiaux :
Durant vos sйjours en Amйrique, avez-vous rencontrй l'homme qui a йtй tuй cette
nuit ?
Jamais. Oh ! je connais cette sorte de type. l'air respectable, toujours tirй а quatre йpingles, mais tout cela n'est que de la surface. D'aprиs mon expйrience, sans le connaоtre, je tiens cet individu-lа pour une canaille. Je vous donne mon opinion pour ce qu'elle vaut.
Elle est tout а fait juste, dit Poirot sиchement. Ratchett йtait Cassetti, le ravisseur d'enfants.
Je le savais bien ! Je suis devenu de premiиre force pour lire le caractиre des gens d'aprиs leur physionomie. Dans le commerce, c'est une qualitй indispensable. Parlez-moi de l'Amйrique ! C'est lа seulement qu'on sait dresser un bon vendeur.
Vous souvenez-vous de l'affaire Armstrong.
Euh. pas trиs bien. Il s'agissait d'un enfant. d'une petite fille, n'est-ce pas ?
Oui, un crime horrible.
L'Italien semblait кtre la premiиre personne а ne pas partager cette sйvйritй d'apprйciation.
Oh ! ma foi, ces йvйnements arrivent couramment dans de grands pays civilisйs tels que l'Amйrique.
Poirot l'interrompit.
Avez-vous jamais rencontrй un membre quelconque de la famille Armstrong ?