Читаем Le Grec полностью

Seules, quelques colonies de fourmis étaient tolérées par les deux cents personnes qui veillaient en permanence sur la perfection de ce paradis : jardiniers, cochers — il y avait six pur-sang pour les promenades — masseurs, coiffeur, cuisinier, standardistes, maîtres d'hôtel, secrétaires, traducteurs, barmen, palefreniers, valets de chambre, médecin, gouvernantes, infirmières, économes, maître nageur, professeurs de culture physique, sommeliers, sans oublier une équipe de trois spécialistes en feux d'artifice dont le Grec était friand. Épisodiquement, pour la moindre fête, on déplaçait un orchestre de Paris ou de Rome, qu'un avion spécial allait chercher où il se trouvait. En haut de la pente douce glissant dans l'eau verte et pure de la mer, la maison de maître, une merveille de sobriété construire dans le style grec — Satrapoulos s'était finalement rendu aux arguments des architectes et de ses propres enfants qui, contre son propre avis, n'avaient pas voulu des colonnes doriques qu'il proposait sur fond de Parthénon miniature en marbre. On avait conservé son aspect sauvage au reste de l'île, cyprès, pins parasols, tamaris, gentiane et absinthe. Quand S.S. était dans son bureau, de tout côté, il pouvait voir la mer, cette mer qui avait fait sa fortune. Sur sa gauche, en plein sud, abrité des vents qui soufflaient l'hiver et en août, le port capable d'accueillir les navires de plus gros tonnage. Une dizaine de yachts y tenaient au large. Sur un terre-plein circulaire en béton, la piste d'atterrissage pour hélicoptères dont les hangars étaient taillés dans une anfractuosité de la roche. Et, partout, des milliers d'oiseaux en liberté chantant à longueur de journée, relayés la nuit par des rossignols. Dans une enclave spéciale, des poules, des canards, des chèvres, des paons, des biches, des chiens et des chats. Le bâtiment principal comportait également un bloc opératoire, une salle de cinéma où des troupes de théâtre, parfois, venaient donner la représentation, une infirmerie et une salle de concerts que la Menelas, dans ses jours de bouderie, transformait en thébaïde.

La religion était présente sous forme d'un pope vivant dans une aile de la petite chapelle orthodoxe bénie et consacrée par un archimandrite, au bout d'une allée de cyprès. Quand les journalistes du monde entier avaient appris l'existence de cet éden, ils avaient déferlé du large pour prendre des photos. Mais le Grec veillait. En temps normal, il était impossible à quiconque d'approcher sans montrer patte blanche. Des commandos de marins, dressés à ne pas répondre aux questions qu'on leur posait, montaient des gardes vigilantes à bord de vedettes rapides assez puissantes pour arraisonner un croiseur. Les plus audacieux s'étaient découragés après avoir tout essayé, la séduction, la corruption, les menaces, le chantage : il était impossible de savoir ce qui se passait réellement à Serpentella. Et ceux qui savaient ne parlaient jamais.

Ce jour-là, jour du mariage, on avait doublé les rondes sur terre et sur mer. Des marins en blanc, matraques à la main, parcouraient le rivage dès l'aube pour en chasser les éventuels importuns que la tenue d'homme-grenouille ne rebutait pas. Des journalistes de Life avaient même tenté un parachutage de nuit, éventé par une patrouille de chiens policiers. Les marins avaient rejeté à la mer les deux reporters et détruit leur matériel. Le gouvernement grec avait donné l'ordre à tous les appareils, civils ou militaires, de quelque nationalité qu'ils fussent, de ne pas survoler l'île ni la mer dans un rayon de cinq milles. Deux chasseurs et un hélicoptère de la gendarmerie maritime veillaient à son exécution.

Le Grec, qui se flattait d'avoir l'œil à tout, n'avait oublié qu'une chose, la veille : mettre un avion à la disposition de Peggy! Il avait senti ses cheveux se dresser sur la tête quand un appel reçu de New York du directeur de sa Compagnie l'avait informé de la catastrophe : Peggy et sa suite étaient déjà arrivées sur l'aéroport sans que rien eût été prévu pour eux!

« Que dois-je faire, monsieur?

— Trouvez-moi un Boeing tout de suite, bon Dieu!

— J'ai déjà essayé! Tous sont en l'air!

— Et nos avions réguliers?

— Il n'y en a qu'un seul aujourd'hui. Il décolle dans deux minutes.

— Arrêtez-le, bordel!

— Bien, monsieur. Mais il est plein… Qu'est-ce que je fais des passagers?

— Videz-les!

— Combien voulez-vous que j'en fasse sortir… heu… si c'est possible…

— Videz-les tous! Tous, vous m'entendez!

— Mais, monsieur… C'est difficile… heu…

— Vous voulez garder votre place?

— Évidemment…

— Alors, nettoyez-moi ce foutu Boeing, au lance-flammes s'il le faut, je m'en fous! Je me marie, moi, vous comprenez ça, crétin? Exécution!

« Rappelez-moi dès que vous aurez tout arrangé! »

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