Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

— Allons ! fit-il assez rudement. Cela suffit ! Vous aurez tout le temps de vous embrasser quand nous serons en route mais, pour le moment, quittons cet endroit qui ne me plaît pas.

Le rire jovial de Craig résonna à ses oreilles :

— A nous, non plus, il ne nous plaît guère ! Parlez-moi d'un bon cabaret. Je donnerais mon bras gauche pour un grand verre de vieux whisky irlandais.

Marianne, revenue à la réalité, regardait les deux hommes sans comprendre.

— Mais... vous n'êtes que deux ? Où sont les autres ? Où est Gracchus ? Le gouverneur a ordonné de libérer tout l'équipage...

— Justement, répondit Jason. Tout l'équipage, c'est nous... ou, tout au moins ce qu'il en reste. Il n'a pas l'air de bien savoir ce qui se passe chez les militaires, ton gouverneur, ma douce ! Le chef d'escadre qui nous a capturés a jugé qu'il n'avait aucune raison de nourrir en prison tout un menu fretin récolté, d'ailleurs, sur les rives de la Méditerranée. Il a lâché « l'équipage » dès son arrivée à terre en les envoyant se faire pendre ailleurs. Seuls, Craig et moi avons eu les honneurs de devenir prisonniers de guerre.

— Mais Gracchus ! Où est-il ? L'ont-ils aussi libéré ?

Devinant son angoisse, Jason resserra l'étreinte du bras qu'en marchant il avait passé autour de sa taille.

— Gracchus est français, mon cœur. Comme tel, il risquait encore bien plus que nous. Ces brutes l'auraient fusillé sans procès en arrivant. Tant que nous avons été en mer, il a contrefait l'idiot, mais c'est un garçon qui sait mal discipliner sa nature et, quand nous sommes entrés dans la baie, au lever du jour, il s'est jeté à l'eau pour gagner la côte à la nage.

— Mon Dieu ! Mais il est peut-être mort à l'heure qu'il est !

O'Flaherty se mit à rire.

— Vous ne le connaissez pas. Gracchus est certainement le garçon le plus étonnant que j'aie jamais rencontré. Savez-vous où il est à cette heure ?

Tout en parlant, on avait franchi le vieux pont-levis aux chaînes rouillées qui n'avait pas été relevé depuis plus d'un siècle et l'enfilade encombrée des quais s'ouvrait devant eux au bas de la rampe rocheuse qui servait de support à la citadelle. O'Flaherty désigna la boursouflure d'une petite synagogue.

— Voyez-vous cette taverne grecque, entre le grand entrepôt de la distillerie de grains et la synagogue ? Gracchus a réussi à s'y faire engager comme garçon de salle. Il baragouine un étrange sabir mi-grec mi-turc qu'il a appris à Constantinople et ne se débrouille pas trop mal, d'autant plus qu'il s'essaie au russe depuis son arrivée.

— Mais comment savez-vous qu'il est là ?

— Parce que nous l'avons vu. Quelques jours après son installation, il s'est mis à tourner autour de la citadelle en chantonnant des chansons de mer typiquement françaises. Notre prison prenait jour sur les rochers. Nous avons pu communiquer avec lui. Et, parfois, ajouta-t-il avec un soupir dont la vigueur trahissait l'ampleur de sa reconnaissance, ce cher garçon a pu nous faire passer quelques flacons réconfortants... Malheureusement, nous ne pouvions pas suivre le chemin des bouteilles. La fenêtre était trop petite... et les murs trop épais...

La nuit se faisait plus fraîche et un vent léger, venu de la mer, enveloppa les quatre personnages, un vent qui sentait les algues et que les deux marins respirèrent avec délices.

— Dieu que c'est bon l'air de la liberté ! soupira Ja-son. Enfin, nous allons pouvoir reprendre la mer. Tu entends, ma douce, comme elle nous appelle... Ah ! sentir de nouveau sous mes pieds le pont de mon bateau...

Marianne frémit, comprenant que le moment difficile était arrivé. Elle ouvrait déjà la bouche pour détromper Jason, quand Jolival, sentant la peine qu'elle éprouvait, la devança :

— Vous êtes libre, Jason, dit-il avec une ferme douceur, mais votre bateau, lui, ne l'est pas ! Malgré tous nos efforts, le duc de Richelieu ne vous le rend pas.

— Comment ?

— Essayez de comprendre, et, surtout, ne vous fâchez pas ! C'est déjà très beau que nous ayons réussi à vous sortir de ce trou à rats. Le brick, prise de guerre, appartient désormais à la marine russe et le gouverneur d'Odessa n'y peut rien.

Contre ses côtes, Marianne sentit se crisper la main de Jason. La voix du corsaire ne s'éleva qu'à peine, mais elle était tendue d'inquiétante façon.

— Je l'ai déjà volé une fois. Je recommencerai. Après tout, ce n'est qu'une habitude à prendre.

— Ne vous leurrez pas ! Ici, c'est impossible... Le brick est amarré, là-bas, presque au bout du grand môle et plusieurs vaisseaux russes l'entourent. D'ailleurs, s'il faisait jour, vous pourriez constater que des ouvriers sont au travail pour y apporter les modifications nécessaires. J'ajoute... qu'il nous faut quitter la ville sur l'heure.

— Et pourquoi, s'il vous plaît ? Ai-je, oui ou non, été libéré par ordre du gouverneur ?

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