Читаем Les lauriers de flammes (1ère partie) полностью

Malgré l'aveu de douleur qu'il venait de faire et qui avait paru coûter énormément à son orgueil, la jeune femme hocha la tête.

— Non. Tout ce que va dire Jolival ne ferait que rappeler des souvenirs trop pénibles pour moi. Et puis, je préfère ne pas être présente. Tu seras ainsi plus libre de tes réactions. Hors de ma présence, tu verras les choses plus clairement. Je ne veux en rien t'influencer...

— Tu ne m'influenceras pas. Reste, je t'en supplie ! J'ai tant de choses à te dire, moi aussi...

— Eh bien, tu me les diras plus tard... si tu as encore envie de les dire. Dans le cas contraire... tu pourras repartir, ce soir même, entièrement libre. Et nous ne nous reverrons jamais. C'est d'ailleurs ce qui se serait produit, n'est-ce pas, si tu avais réussi à t'emparer de la Sorcière ce soir ? Tu savais, cependant, que j'étais dans cette ville. On te l'avait dit et j'avais eu assez de mal à y arriver. Cependant, tu aurais mis à la voile sans même chercher à me revoir...

— Non ! Je te jure que non. Je ne savais pas bien ce que je voulais faire, mais je ne voulais pas m'éloigner vraiment. Mais, vois-tu, lorsque j'ai vu mon bateau parqué au milieu de tous ces rafiots sans âge, je crois que j'ai un peu perdu la tête et je n'ai plus eu qu'une idée : le reprendre, l'enlever de là. Il me semblait qu'il était enlisé au milieu d'un marais... Alors, j'ai recruté quelques hommes qui me paraissaient désœuvrés sur le port et dont la mine n'était pas trop patibulaire et, avec eux, je me suis lancé dans l'aventure. Je pensais que ce ne serait pas très difficile. La garde avait l'air plutôt nonchalante... Et je me suis trompé. Mais je te jure que je n'aurais pas quitté ce pays sans t'avoir revue, sans avoir au moins appris ce que tu étais devenue... je n'aurais pas pu.

— Comment aurais-tu fait ?

— La côte est rocheuse, accidentée. Il doit être possible d'y trouver un mouillage caché... mais je te le dis, je n'ai pas raisonné plus loin. J'ai agi sous le coup d'une impulsion plus forte que moi, une impulsion semblable sans doute à celle qui m'aurait ramené pour te chercher...

Il s'était levé et, maintenant, il la regardait avec angoisse, frappé par sa voix mate, par ce ton résigné qui trahissait tant de lassitude. Il découvrait aussi combien elle paraissait faible et menacée. Dans cette femme alourdie par la maternité prochaine, il ne retrouvait guère l'indomptable et insolente créature qui s'entendait si bien à lui faire perdre la tête et à le jeter hors de lui-même, mais il découvrait en lui, malgré l'espèce d'horreur que lui inspirait son état, un sentiment nouveau, fait du besoin instinctif de la défendre, de la protéger contre cette fatalité accrochée à elle et qui pesait si lourd sur ce dos fragile, de l'arracher à ce destin absurde que le mauvais sort et sa tête chaude lui avaient forgé...

Comme aidée de Lavinia instantanément apparue elle quittait son divan avec une lenteur pénible et s'accrochait au bras de la vieille dame, il éprouva tout à coup le désir fou de la prendre dans ses bras et de l'emporter loin de ce palais dont l'orientalisme choquait son goût sévère autant que son éthique personnelle. Il ébaucha le geste, mais elle l'arrêta d'un regard qui le cloua sur place :

— Non ! fit-elle d'un ton farouche. Ce que tu éprouves, c'est de la pitié. Et je ne veux pas de ta pitié.

— Ne dis pas de sottises ! De la pitié ? Où as-tu pris cela ? Je te jure...

— Ah non ! Ne jure pas !... tout à l'heure, quand tu es entré, j'étais prête à tout oublier de ce qui s'est passé sur ton bateau. Je crois même que j'avais tout oublié... mais tu as tout réveillé. Alors je ne veux pas t'écouter davantage. C'est toi, au contraire, qui vas écouter Jolival. Ensuite, je te l'ai dit, tu seras libre de décider...

— Mais de décider quoi ?

— Si tu veux que nous demeurions... amis. Quand tu auras en main les éléments du problème, tu verras si tu peux toujours me conserver quelque estime. Quant à tes sentiments, cela relève uniquement de ton cœur...

— Reste ! pria Jason. Je suis sûr de moi.

— Tu as de la chance. Moi, je ne le suis pas. J'étais heureuse tout à l'heure, maintenant, je ne sais plus... Aussi, je préfère me retirer.

— Laissez-la partir ! ordonna Jolival. Elle est fatiguée, malade... Elle a besoin de repos et, en revanche, elle n'a aucun besoin de supporter l'épreuve que serait pour elle ce récit. Il y a des souvenirs que l'on n'éprouve guère de joie à évoquer. Et puis je serai, moi aussi, plus à l'aise pour vous faire entendre ma façon de penser. Dona Lavinia, ajouta-t-il avec beaucoup plus d'amabilité, voulez-vous mettre un comble à vos bontés en nous faisant apporter du café, beaucoup de café ? Je crois que nous en aurons besoin l'un et l'autre.

— Vous aurez tout le café que vous voulez, monsieur le vicomte et aussi quelques nourritures plus consistantes, car ce monsieur a peut-être besoin de se restaurer.

Jason ouvrait déjà la bouche, peut-être pour refuser, mais Marianne lui coupa la parole.

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