Charles le Mauvais est vaincu. Charles V va-t-il pouvoir s’adonner sans souci à sa passion pour la lecture ? Non : le front de Bretagne se rallume soudain ! Jean IV de Montfort et Charles de Blois qui se disputent le fief breton accepteraient volontiers de faire la paix, mais Jeanne de Penthièvre, l’épouse de Charles de Blois, l’héritière du duché, refuse catégoriquement : elle veut la Bretagne pour elle toute seule – avant de la donner à Charles ! Des deux côtés on se prépare à une nouvelle bataille : Édouard III, le roi d’Angleterre continue de soutenir Jean de Montfort, et lui envoie son fils, le terrible Prince noir. Charles de Blois à qui du Guesclin est venu prêter main forte concentre ses forces à Josselin et se met en marche le 27 septembre, vers Auray.
Charles V en sa librairie
Quatre paires de bésicles ! Il n’en fallait pas moins au roi Charles V pour lire en toutes occasions les livres qu’il adorait feuilleter, et dont il aimait s’inspirer dans son métier de roi. Après tant de sauvageries, de meurtres, de brutalité, voici le premier roi intellectuel et sensible. Malgré le handicap de sa main droite, il n’en demeure pas moins joyeux, répandant dès le matin la bonne humeur parmi les siens. Il faut l’imaginer passant de longues heures dans la lecture d’ouvrages de sciences politiques, dans la librairie, autre nom donné à une tour du Louvre où il a fait installer les œuvres qu’il aime. On y trouve tout, autant de livres qu’à la Sorbonne : des traités de philosophie, de grammaire, des ouvrages scientifiques, des bestiaires,
Une pause : attardons-nous sur une existence exceptionnelle, une incroyable destinée : celle du petit noble breton Bertrand du Guesclin. Ne possédant rien d’autre qu’un courage et une bravoure hors du commun, il va devenir chef suprême des armées du royaume de France, et être enterré à Saint-Denis, à côté des rois !
À seize ans, il s’échappe chez son oncle de Rennes et participe à l’important tournoi donné à l’occasion du mariage de Jeanne de Penthièvre et de Charles de Blois. Ne possédant rien, il doit emprunter armure et monture. Son allure est si maladroite que toute l’assistance se moque de lui. Mais dès le premier engagement, il est vainqueur de son adversaire qu’il désarçonne et dont il renverse le cheval. Deux fois, trois fois, dix fois consécutives il est victorieux. Il refuse une seule fois le combat : sous l’armure en face de lui, il a reconnu son père. Et ce père découvre tout à coup que le fils qu’il méprisait est en train de devenir, sous ses yeux, un héros ! Il le prend dans ses bras ; ce sera désormais son plus fidèle admirateur. Bertrand termine sous les ovations de la foule !