Christine de Pisan, biographe de Charles V
« Toutes êtes, serez et fûtes / De fait ou de volonté putes » Ces deux vers que Jean de Meung a écrit en 1285, dans son supplément au
Le roi Charles V, le Sage, très affecté par la mort de la reine, sa femme, Jeanne de Bourbon, en 1377, voit sa santé se dégrader rapidement. Une tuberculose qui le rongeait depuis longtemps accélère son évolution. Il est affecté de violents maux de reins, et ses mains sont déformées par la goutte. Le 13 septembre 1380, il meurt à l’âge de quarante-trois ans. Quel bilan tirer de ses seize années de règne ? Un bilan positif malgré les guerres incessantes, et qui se résume ainsi :
« Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant, et dont les princes font ripaille dès le matin ! » Ainsi parle l’Ecclésiaste dans la Bible – 10, 16. Malheur plus grand à toi, pays dont le roi est un fou, peut-on ajouter, car ce pays est connu de nous : c’est la France. Et ce roi l’est tout autant : c’est Charles VI. Et les grands malheurs du royaume dont le roi a perdu la raison vont se dérouler sous vos yeux ! Auparavant, suivons les débuts de son règne.
Charles V, souvent ému par les récits qu’on lui rapportait concernant la collecte des impôts où femmes et enfants se retrouvaient sans toit expulsés par les collecteurs, avait décidé de supprimer les impôts directs : les fouages, levés au temps où il fallait payer la rançon de Jean le Bon. Il restait, pour remplir les caisses royales, les impôts indirects sur les marchandises en circulation : les aides – ancêtres de la TVA. En 1380, Charles VI, dans un élan de générosité lors de son sacre à l’âge de douze ans, décide de les supprimer. D’un seul coup, le royaume se trouve alors privé de ressources ! Les caisses de l’État sont vides en très peu de temps et, un an plus tard, c’est presque la banqueroute ! Louis d’Anjou, oncle de Charles VI, et qui gouverne à la place du roi, décide en mars 1382 de rétablir les aides.