Un peu plus de trois ans plus tard, le 3 novembre 1388, c’est l’anniversaire du sacre de Charles VI. C’est aussi le jour où le jeune roi qui a vingt ans décide de gouverner comme il l’entend. Il écarte ses trois oncles dépensiers et massacreurs. Il fait appel aux anciens conseillers de son père Charles V le Sage. Ces conseillers, issus de la bourgeoisie et de la petite noblesse, sont moqués et méprisés par les grands du royaume qui les surnomment les
En mars 1392, le roi est soudain pris d’un accès de fièvre. Les médecins appelés au chevet du malade s’inquiètent non de l’état physique de leur royal patient, mais de son état mental : en effet, il peine à retrouver sa raison, il délire encore alors que la fièvre est tombée, il semble entré dans un monde où il perd son identité. Ce n’est pas la première fois que Charles VI donne de telles inquiétudes à son entourage. Mais, d’ordinaire, tout rentre dans l’ordre, et on oublie bien vite ces étranges épisodes où le roi n’est plus le roi.
La même année, le 13 juin 1392, un attentat est commis contre le connétable Olivier de Clisson qui, après un bal où il s’est beaucoup amusé avec Charles VI, rentre dans son hôtel du Marais à Paris. Charles VI arrivé sur les lieux est très impressionné par la vue du sang. Clisson est encore vivant et va se remettre rapidement, mais Charles VI est entré dans un état d’agitation tel qu’on lui conseille d’aller en Bretagne châtier le duc Jean IV. Celui-ci a permis l’évasion vers l’Espagne de Pierre de Craon, auteur de l’attentat contre le connétable. Le 2 août 1392, l’armée se met en route en direction de la Bretagne. Le 5 août, Charles VI et sa troupe traversent la forêt du Mans. Soudain, un vieillard à l’air étrange, en haillons, et qui sort d’une léproserie toute proche, court vers le roi qui est à cheval. Les hommes d’armes veulent l’écarter, mais le lépreux brandit sous le regard du roi ce qui reste de ses poings rongés par la lèpre, et il lui crie : « Noble roi, ne va pas plus loin ! Fais demi-tour, tu es trahi ! »