Le 10 août 1539, François Ier
signe à Villers-Cotterêts une ordonnance de 192 articles que le Parlement enregistre le 6 septembre de la même année. Appelée aussi ordonnance Guilelmine, du nom de Guillaume Poyet qui en fut le rédacteur, elle comporte deux articles d’une importance capitale pour la langue française : celle-ci devient la langue du pouvoir royal, de l’administration, de la politique et de la littérature, doublant de façon définitive le latin qui lestait toute démarche orale et écrite de son appareil complexe dont la maîtrise échappait à beaucoup. De plus, cette langue désormais nationale va servir à enregistrer, selon la volonté du roi, les baptêmes et les enterrements. Ainsi naît l’état civil !On n’oublie pas cependant de continuer d’enseigner le grec, le latin ou l’hébreu : Guillaume Budé, le bibliothécaire du roi, lui conseille de fonder pour cet enseignement qu’il veut largement ouvert à tout public un Collège royal, le futur Collège de France. Le Français dont il est question dans l’ordonnance de Villers-Cotterêts est la langue d’oïl, mais c’est surtout la langue de l’Île-de-France et des bords de la Loire. Autrement dit la langue du pouvoir. Elle va s’imposer peu à peu à tout le royaume. Peu à peu, car on s’apercevra à la Révolution française en 1789 que l’unité linguistique est loin d’être réalisée en France. Cette unité n’existe vraiment que depuis le milieu du XXe
siècle, 500 ans après l’ordonnance signée par François Ier !La langue française – le patois de l’Île-de-France - avait déjà été adoptée en 1532 par le Parlement de Toulouse. Elle s’imposait aussi chez les notaires, dans le monde des affaires où le latin encombrait avec ses rigidités et subtilités excessives pour des esprits peu enclins à l’étude des langues anciennes. Voici les articles les plus importants de l’édit de Villers-Cotterêts, en orthographe et en syntaxe de l’époque. Les derniers mots de l’article 111 ont été longuement commentés, sans qu’on puisse apporter de réponse décisive à cette question : excluaient-ils toute forme de dialecte et de langue régionale, ou bien le latin seulement ?
Articles 110 et 111
Du Bellay (1522 - 1560) et Ronsard (1524 - 1585) vont devenir les zélés serviteurs de la langue française nouvellement promue idiome national : ils puisent leur vocabulaire dans le langage des ouvriers, dans les vieux mots du terroir ; et, s’ils le jugent nécessaire, ils inventent des termes à partir du grec et du latin dont les unités signifiantes s’emboîtent si facilement pour rendre compte d’une idée ou d’un objet. Rabelais publie