Au grand désespoir de ses parents, Luther entre au couvent des frères augustins. Il y étudie directement les textes bibliques, obtient de nombreux diplômes. Il effectue un voyage à Rome où il est scandalisé par les excès de la vie de la famille Borgia et du pape lui-même. La vente des indulgences surtout le révolte : il s’agit pour le fidèle d’acheter une réduction du temps de son futur séjour en purgatoire… Et cette vente en ces temps d’inquiétude métaphysique est devenue prospère. C’est qu’il faut beaucoup d’argent au pape pour construire Saint-Pierre de Rome, il faut aussi beaucoup d’argent à Charles Quint et à François Ier
pour payer les grands électeurs princes-archevêques qui doivent élire l’un d’entre eux !La veille de la Toussaint 1517, Martin Luther affiche sur les portes de la chapelle de son monastère à Wittenberg, en Saxe, les « 95 thèses sur la vertu des indulgences » où il dénonce la vente des réductions de peine en purgatoire. Cette prise de position contre le pouvoir de Rome le conduit trois ans plus tard à l’excommunication : il ne fait plus partie de l’Église catholique, malgré une tentative de conciliation en présence de Charles Quint à la Diète (assemblée de responsables politiques qui votent des lois) de Worms le 18 avril 1521. Luther n’était pas le premier qui ait répandu des idées nouvelles en matière religieuse. Érasme (1469 - 1536), un humaniste hollandais, s’était déjà montré critique à l’égard de l’Église catholique. L’humanisme visait à redonner à l’homme, à l’esprit humain toute sa dignité, en puisant aux sources gréco-latines.
Avant Érasme, le mouvement humaniste avait été profondément marqué par la personnalité et les idées de deux Italiens : Marsile Ficin, et Pic de la Mirandole (mort en 1494, dans les bras de qui ? Allez chercher la réponse dans les pages qui précèdent, si vous ne vous le rappelez déjà plus !). Luther cependant veut se démarquer des idées d’Érasme, il le trouve trop conciliant à l’égard de Rome. Bien sûr, au-dessous de toute cette agitation luthérienne, des aspects moins avouables conduisent les soutiens, notamment celui des princes allemands auprès de Luther. En effet, puisque celui-ci déclare qu’il n’est plus nécessaire d’obéir à Rome, tous les biens de l’église en Allemagne ou bien dans les pays qui se rallient à la doctrine de Luther peuvent être confisqués, ni plus ni moins ! Les paysans allemands, mis au courant, se ruent dans les églises qu’ils pillent. Mais les princes répriment durement cette révolte, en accord avec Luther qui désapprouve ces « briseurs d’images » !
Ils protestent, les protestants !
En 1529, les premiers adeptes de la Réforme luthérienne protestent de leur foi à la Diète de Spire, contre un décret de Charles Quint qui veut interdire leur doctrine. Ainsi naît le nom de protestants, ceux qui protestent.
En 1519, les premières brochures de Luther sont arrivées à Paris. Et ses idées se répandent comme une traînée de poudre, rejointes dans l’esprit de beaucoup par celles des « bibliens de Meaux », un cercle qui s’est formé autour de la sœur de François Ier
, composé notamment d’humanistes tels que Lefèvre d’Étaples et Briçonnet qui étudient la Bible. Tous rêvent finalement de se libérer des tutelles, des influences du pape, de l’Espagne, de ne plus dépendre financièrement des banquiers de Florence. Ils veulent créer un État fort, indépendant, libre !Après l’excommunication de Luther, on commence à dresser des bûchers : en 1523, un ermite normand, Vallières, qui a répandu les idées de Luther est brûlé à Paris. En 1529, c’est un traducteur du moine allemand qui est étranglé puis brûlé. L’affaire des placards survient dans une atmosphère tendue et suscite une vive émotion. Beaucoup d’intellectuels qui se sont laissés gagner par les idées de la réforme sont envoyés au bûcher à Paris et en province.