-3000, il est midi, à peu près. On se rassemble pour le déjeuner. Que mange-t-on ? De la viande de dragon ? Des côtelettes de Léviathan ? Pas du tout, vous allez être déçu, c’est comme à la cantine : on mange du bifteck, des côtes de porc ou de mouton. On a préparé aussi du poisson, ouvert des moules et des huîtres, confectionné des crêpes et des galettes. Pour le dessert, vous avez le choix entre des fraises des bois – toutes petites encore –, des mûres, des prunes, des pommes… Attention : il va falloir faire la vaisselle après, les poteries doivent être nettoyées ! Non mais, on n’est pas des sauvages !
Il faut mentionner à cette époque une population étonnante située à l’extrême pointe ouest de la France, à l’emplacement actuel de la Bretagne. Qu’a-t-elle de particulier cette population ? Eh bien, il suffit de vous rendre à Locmariaquer dans le Morbihan, vous y verrez, entre autres menhirs – pierres levées –, un mastodonte de 350 tonnes ! Oui, 100 tonnes de plus que l’obélisque de la Concorde ! Et ce menhir fut dressé comme des milliers d’autres – moins lourds, il est vrai – par les ancêtres d’Astérix et d’Obélix, vers -4000. Aujourd’hui, le grand menhir est tombé, brisé en quatre morceaux, mais des champs entiers de menhirs plus modestes sont toujours debout. À quoi servaient-ils ? Sans doute à indiquer une sépulture, comme une stèle funéraire.
Le tumulus
En latin, le
On trouve aussi des dolmens ou « tables de pierre » qui recouvrent une ou plusieurs chambres funéraires, souvent superposées au fil des époques. Enfin, que ce soit dans les champs de menhirs ou isolément en pleine campagne, on peut observer aujourd’hui encore des cromlechs (en breton : « pierres en rond ») ou leurs restes. Ces cromlechs sont orientés précisément en fonction des équinoxes et solstices. Il est probable, selon les dernières interprétations, qu’ils servaient de calendrier, ou d’aide-mémoire afin de reconnaître le temps des labours, celui des ensemencements, celui des fêtes religieuses aussi, et peut-être des sacrifices pour relancer la machine céleste.
3700 avant notre ère : des habitants autochtones de Chassey en Saône-et-Loire, nommés depuis les Chasséens, se disent depuis déjà plusieurs siècles que, décidément, les Danubiens – individus de petite taille, au crâne et au visage allongés, au nez épaté – et leur beau Danube bleu, deviennent à la fois monotones et envahissants. Ils décident de les repousser au-delà de la ligne Dunkerque-Belfort. Et puis voici que ces Chasséens s’en vont dans toutes les directions avec leurs fort jolies poteries, leur outillage perfectionné, leurs techniques de culture, leurs silos à grains, leurs bœufs. Ils fondent des villages, creusent des puits, et s’activent pour que la démographie sorte de son anémie millénaire, ainsi, 1 000 ans plus tard, en -2700, la population est passée à un million d’habitants sur le territoire français. De plus, le commerce est florissant : les haches fabriquées par milliers dans les PME de Plussulien dans les Côtes d’Armor sont exportées dans la Communauté européenne de l’époque – Angleterre, Allemagne, Italie.