Montés sur leurs chevaux enfin domestiqués, les nouveaux venus du nord et de l’est de l’Europe vont se répandre peu à peu en Alsace, en Bourgogne, en Franche-Comté. Ils apportent avec eux des armes et des outils de fer, et ils cherchent des sites où se trouve un minerai facile à exploiter, près de forêts. On les trouve donc en Lorraine, dans la région de Châtillon-sur-Seine et dans le Berry. On parle, pour cette époque (-800) du premier âge du fer, ou de la civilisation hallstattienne. Elle est caractérisée par la domination de chefs guerriers qui font construire sur des hauteurs des sites fortifiés non loin des routes commerciales terrestres ou fluviales. Les convois de marchandises y trouvent des relais qui servent d’entrepôt à condition de verser des taxes et participations diverses.
Ainsi, les princes venus d’ailleurs avec leurs longues épées de fer s’enrichissent, installés sur des hauteurs qui leurs garantissent une domination sans partage à cinquante kilomètres à la ronde au moins – la plus connue de ces éminences (ou
L’inconnue de Vix
1929. Comme il en a l’habitude, Jean Lagorgette, géologue, cherche des escargots sur les pentes du mont Lassois près de Châtillon-sur-Seine. Il découvre dans l’entrée d’un terrier des tessons de poterie qu’il situe au temps des premiers Gaulois. Dans les mois qui suivent, ce sont des millions de tessons, fibules, et petits objets en bronze et en fonte qui sont récupérés.
Il faut attendre janvier 1952 pour que soit creusée, au pied du même mont, sur la commune de Vix (Côte d’Or), par René Joffroy, professeur de philosophie, et Maurice Moisson, Bourguignon passionné d’histoire, une tranchée au fond de laquelle est découverte une étonnante sépulture. C’est la tombe d’une femme jeune, une trentaine d’années, elle est allongée là, dans un char, depuis plus de 2 500 ans. Elle est parée de tous ses bijoux : collier et bracelets de perles d’ambre et de serpentine ; aux chevilles des anneaux de bronze ; sur la tête, un diadème d’une surprenante beauté. Les roues du char ont été démontées et placées le long des parois de la tombe. Mais le plus étonnant est un vase de bronze qui a été déposé là, un vase énorme puisqu’il fait 1,64 m de hauteur et que son diamètre est de 1,27 m. Il peut contenir 1 100 litres et fait 208,6 kg !
Des recherches ont permis de dater avec précision l’année de fabrication de ce qu’on a appelé le cratère (le vase) de Vix : -525. Qui était cette femme ? Est-ce son visage d’une beauté étrange et rayonnante qui est représenté par la statuette de bronze du couvercle ? D’où venait ce cratère dont on sait qu’il fut livré en pièces détachées ? D’Asie Mineure, de Grèce, d’Italie du Sud ? Ce qui est certain, c’est que Vix se trouvait sur une route commerciale importante, c’était un lieu de passage obligé. Et il fallait sans doute acheter bien cher la bienveillance des gens du lieu ! Ce cratère serait donc un argument de poids ! Et l’inconnue de Vix ? Peut-être une princesse, sûrement une princesse, très belle… Allons, rêvons un peu !
Celte ! Ce mot résonne parfois comme un mystère. Qui désigne-t-il ? Mettons-le d’abord au pluriel : les Celtes, car il s’agit d’un ensemble de peuples dont le point commun est de parler une langue indo-européenne. Ils ont occupé une grande partie de l’Europe ancienne. D’où venaient-ils ? Peut-être des steppes d’Asie centrale vers le VIe
millénaire avant J.-C. Installés pendant des siècles en Autriche, notamment près de Hallstatt où ils exploitent le sel gemme et connaissent le travail du fer, ils émigrent dans la région de Sens au sud de Paris, donnant naissance à la tribu des Senones ou Sénons. Sens jouait alors le rôle de capitale des affaires économiques. Au nord se trouvait une tribu vassale : celle des Parisii ou Parisiens.La civilisation hallstattienne
L’adjectif « hallstattienne » vient du nom de Hallstatt, un petit village d’Autriche situé près de Salzburg. On a trouvé là-bas une nécropole de plus de 2 000 tombes dont les premières datent de -900, où sont déposés de nombreux objets en métal, outils, bijoux surtout, parures, décorations témoignant de la maîtrise du fer à cette époque, et de son utilisation dans les rites funéraires pour honorer les défunts de familles aristocratiques. De semblables tombes ont été découvertes dans la partie est de la France.