Voici maintenant les Gaulois qui organisent un banquet. Ils s’assoient en cercle et installent au milieu le personnage le plus important d’entre eux : c’est le meilleur à la guerre, le plus noble, le plus riche. Les convives sont placés d’autant plus près du chef que leur rang est élevé. On parle de tout avec abondance, on raconte ses exploits personnels, des concours de vantardise sont organisés, le gagnant a l’honneur de découper le gigot et de s’en réserver le meilleur morceau. Mais, parfois, au lieu de faire un trou normand ou de chanter une chanson d’amour, deux vantards qui n’ont pu être départagés se lèvent de table et décident de se battre en duel. Attention : ils ont gardé à portée de main leurs armes tranchantes et pointues. Le combat se fait avec les poings seulement, comme en boxe anglaise. Mais les choses dégénèrent parfois et, la bière ou l’hydromel aidant, les armes se retrouvent au bout des poings, et les blessures s’ensuivent. Parfois même, les duellistes s’entretuent.
Les druides détiennent l’autorité spirituelle, ils enseignent l’immortalité de l’âme : la mort n’est qu’un voyage vers des contrées merveilleuses où l’on est emporté par une déesse qui prend la forme d’un cygne. S’ils s’efforcent ainsi d’adoucir l’inguérissable douleur liée à la disparition des proches, les druides ne ressemblent sans doute pas à ces vieillards à longue barbe blanche, un peu vaporeux dans leur longue tunique et qui coupent le gui avec l’air de conspirateurs célestes et menaçants ; ce sont avant tout des hommes utiles lorsque la santé est menacée. Ils connaissent les secrets des plantes et savent soigner efficacement un grand nombre de maladies. Chaque année, ils se réunissent dans la forêt des Carnutes (Chartres ou Orléans) pour ce qu’on appellerait aujourd’hui un stage de formation continue…
Les mots gaulois dans la langue française
Mieux que des vestiges ou des objets enfouis que l’on découvre au fil des fouilles, voici, bien vivants dans la langue française, et presque intacts depuis ceux qui les inventèrent, les mots que prononçaient les Gaulois : ajonc, alouette, ambassade, ardoise, arpent, bâche, bagnole, bouleau, braguette, brasserie, bruyère, caillou, chat, chemin, chêne, cheval, chèvre, drap, galet, galette, glaise, graine, grève, lande, mouton, quai, ruche, savon, soc, souche, soue, talus, tonneau, trogne, valet… Il faut y ajouter la plupart des noms de fleuve et de montagne.
Ce sont aussi des chirurgiens, et ils savent réduire les fractures. La science qu’ils possèdent est immense. Ils savent que l’écriture, parce qu’elle dispense la mémoire de l’effort quotidien, peut conduire à la paresse intellectuelle, mener la pensée à l’indigence. Alors, ils s’en méfient et l’interdisent, évitant ainsi à tous leurs contemporains les traumatismes que connaîtront bien plus tard les esclaves de l’ère pivotienne… Des jeunes gens viennent auprès d’eux et, en apprenant par cœur des milliers de vers, en accumulant une somme incroyable de connaissances, le tout ingénieusement présenté et organisé, ils illustrent de façon singulière une forme d’intelligence active qu’avec nos habitudes de rédacteurs nous avons peine à imaginer, encore moins à accepter. Et pourtant, si nous y réfléchissons,
Les Gaulois sont d’excellents agriculteurs qui ont inventé de nombreuses techniques de fertilisation des terres :