La liquidation de la terreur va se poursuivre pendant quelque temps : le 16 décembre 1794, Carrier et ses complices sont guillotinés. Le 7 mai 1795, c’est Fouquier-Tinville qui monte à l’échafaud, tout étonné, ne cessant de répéter : « Je n’ai pourtant fait qu’obéir aux ordres… » Sur le plan intérieur, la Convention thermidorienne vote le décret définissant la séparation de l’Église et de l’État : la liberté des cultes est étendue à tout le royaume, mais l’État n’en subventionne aucun, ne rémunère plus aucun ecclésiastique. L’entretien des églises qu’on ouvre de nouveau est confié aux communes. Tous les signes extérieurs – et ostensibles… – d’un culte sont proscrits. Cette même Convention thermidorienne organise l’enseignement primaire, crée une école secondaire dans le chef-lieu de chaque département.
En mars 1795, les députés girondins sont réintégrés à l’Assemblée. Le peuple, lui, continue d’avoir faim, il vient comme au temps des Montagnards, manifester bruyamment son mécontentement. Mais les temps ont changé. La Convention hausse le ton : désormais, les attroupements sont interdits, les insultes, les appels à l’émeute sont punis de prison, voire davantage ! Il est bien fini, le temps de la Commune effervescente, turbulente. La rue n’aura plus la parole ! Les terroristes sont désarmés, les derniers robespierristes, Barère, Billaud, Collot d’Herbois, vont être déportés à Oléron. Les quarante-huit sections de la capitale sont regroupées en douze arrondissements.
Cependant, le 20 mai 1795, Paris a une nouvelle poussée de fièvre. Le mathématicien Romme, celui qui a créé avec Fabre d’Églantine le calendrier républicain, prend la tête d’une insurrection qui envahit encore la Convention ! Avec cinq de ses compagnons, il constitue un gouvernement provisoire qui ne dure que quelques heures. Tous les cinq sont arrêtés, condamnés à mort. En prison, à l’aide de deux couteaux, ils tentent de se suicider. Deux d’entre eux, dont Romme, réussissent. Les autres, blessés, sont conduits à l’échafaud. Les 20 et 21 mai, le peuple des faubourgs tente de nouveau d’envahir les Tuileries. Cette fois, ils sont reçus par les soldats de Murat qui les repoussent et envahissent les quartiers constituant une menace pour l’ordre.
Une certaine jeunesse, celle de la petite bourgeoisie marchande, de l’administration, ou des métiers de la justice sort d’une espèce de léthargie apeurée où l’avaient plongée les excès de la Montagne. Ils ont leur quartier au Palais-Royal, au café de
Qui était l’enfant du Temple, mort le 8 juin 1795 ?
Le 13 août 1792, un petit garçon de sept ans, prénommé Louis-Charles, monte l’escalier de la grosse tour de l’enclos du Temple – qui appartenait au Xe
siècle, aux Templiers. Il suit ses parents Louis XVI, roi de France, et sa mère la reine Marie-Antoinette, ainsi que sa sœur Marie-Thérèse, et sa tante, Madame Élisabeth. Ils y sont prisonniers. L’enfant, devenu roi de droit sous le nom de Louis XVII, le 21 janvier 1793, après l’exécution de son père, est séparé de sa famille le 3 juillet 1793 au soir. Sans quitter la tour-prison du Temple, il est confié au cordonnier Antoine Simon, chargé de républicaniser le petit citoyen Louis-Charles Capet.Loin du monstre parfois décrit, Simon aidé de sa femme s’attache à l’enfant, le distrait et tente de l’instruire. Est-ce parce qu’il montre trop d’intérêt pour le jeune Louis XVII qu’il est guillotiné en 1794 ? On l’ignore. Louis-Charles est alors logé sous la surveillance de quatre commissaires dans une petite pièce sombre et humide où sa santé se dégrade rapidement – il souffre de tuberculose osseuse. Le lundi 8 juin 1795, vers trois heures de l’après-midi, il rend le dernier soupir dans les bras de l’un des commissaires qui se relaient à son chevet : Lasnes.