Après la mort de Louis-Charles, le bruit court qu’une substitution ayant eu lieu – peut-être avec la complicité de Simon, ce qui expliquerait son exécution – le jeune roi serait toujours vivant. Plus de trente Louis XVII se feront ainsi connaître au XIXe
siècle, dont le fameux Nauendorff, pseudonyme d’un certain Luis Capeto, nom fantaisiste de circonstance, horloger, marié aux Açores en 1803. Il semble cependant que Louis XVII, que ses surveillants vigilants n’ont jamais quitté d’un œil – on venait chaque jour trois fois vérifier s’il était bien dans sa chambre, et si c’était bien lui... – est bien mort le 8 juin 1795 au Temple.Le 19 avril 2000, le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, successeur des rois de France, annonçait à la presse que les analyses génétiques effectuées sur quelques fragments de cœur confirmaient que l’enfant de dix ans mort à la prison du Temple en 1795 était bien le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Dans les journaux, cette nouvelle fut lue par certains comme la dernière page d’un beau roman qu’ils s’étaient bâti, avec, cependant, une autre fin… Le cœur du dauphin Louis XVII a été transféré dans la basilique Saint-Denis le 8 juin 2004.
En interdisant au peuple ses manifestations spontanées de mécontentement, la Convention veut endiguer les excès de la gauche extrémiste. Mais ne risque-t-elle pas de favoriser les extrémismes de droite ? C’est ce qu’elle tente de prévenir en décrétant, le 30 août 1795, que les deux tiers des membres de la prochaine assemblée doivent avoir été membres de la Convention. Évidemment, les royalistes sont ainsi écartés du pouvoir ! Ils réagissent, les royalistes, dans toute la France : dans la vallée du Rhône, en Bretagne, en Vendée ; les émigrés débarquent à Quiberon – sans succès. À Paris, le 2 octobre 1795, les royalistes décident d’attaquer la Convention. Les Muscadins, les incroyables et les bourgeois se sont joints à eux. Cette armée improvisée n’a qu’une vague idée de l’action violente. Barras, personnage plutôt louche, ancien ami de la comtesse de la Motte, ancien député du Var qui a joué un rôle déterminant dans la chute de Robespierre, vient d’être chargé d’endiguer cette poussée de fièvre. Il ne sait comment il va s’y prendre.
Une histoire d’amour…
Elle s’appelle Thérésa Cabarus, elle est née en 1773. Fille d’un richissime banquier madrilène, elle s’est mariée à quatorze ans, en France, au marquis de Fontenay, puis s’en est séparée. En 1793, jugée suspecte, elle est internée près de Bordeaux. Craignant pour sa vie, elle demande au représentant en mission, Jean-Lambert Tallien, une entrevue dans la cellule de sa prison: elle a des révélations à lui faire… Ils passent la nuit ensemble ! Le lendemain, elle s’installe chez lui ! Elle va désormais s’employer à sauver des têtes. Tallien rentre à Paris, elle le suit. Robespierre la déteste, parce qu’elle parvient à éviter la guillotine à certains de ses adversaires. Il la fait emprisonner. Tallien n’ose s’opposer au tyran, jusqu’au jour où Thérésa, le 7 thermidor, lui envoie un billet où elle lui annonce qu’elle va être exécutée le 9 ! Elle l’accuse de lâcheté. Que fait Tallien ? Il provoque la chute de Robespierre, le jour prévu de l’exécution : le 9 thermidor ! Le 11, Thérésa sort triomphalement de prison, elle devient, dans ses robes légères, la reine du Paris insouciant. On lui donne le nom de Notre-Dame de Thermidor ! L’histoire, c’est si souvent une histoire d’amour…
C’est alors qu’il pense à un jeune général sans le sou, un petit Corse : Napoléon Bonaparte ! Le 5 octobre 1795 – 13 vendémiaire de l’an IV – la Convention est entourée par les forces armées. Joachim Murat, sous les ordres de Bonaparte, s’empare des canons restés dans la plaine des Sablons, et qui vont servir à repousser les émeutiers. Le dernier îlot de résistance se situe à l’église Saint-Roch. Il faut tirer à bout portant sur les récalcitrants, enlever une barricade à la baïonnette. Mais le soir, l’ordre est rétabli, la République est sauvée ! Grâce au petit général, devenu, aux yeux du peuple,
« La paille au nez » !
Sous les arcades du Palais-Royal, depuis le 15 septembre 1795, un petit général erre, l’âme en peine. Son visage de jour en jour jaunit, pâlit, il a faim, il n’a plus rien à manger. Ses vêtements sont élimés. Il n’a plus un sou ! Il tente de se faire inviter dans les salons à la mode pour subsister. Il a des idées noires, et certains soirs, même, une dangereuse mélancolie l’envahit. Il a été radié de la liste des généraux employés par le Comité de salut public. Pourquoi ? Parce qu’il était le protégé du frère de Robespierre.