Et voilà ! Bonaparte fait son entrée le 2 février 1797 dans Mantoue où Wurmser a capitulé. Il décide alors de se diriger vers Vienne ! Le 6 avril, il en est à cent kilomètres ! Des préliminaires de paix sont alors signés avec l’Autriche à Loeben. Bonaparte, en vainqueur, revient à Milan et s’installe au château de Montebello, avec Joséphine. Le 18 octobre 1797, les Autrichiens sont contraints de signer le traité de Campoformio. La France y gagne la Belgique, le Milanais, la Lombardie, la rive gauche du Rhin jusqu’à Cologne, les îles Ioniennes. L’Autriche obtient Venise et conserve ses possessions jusqu’au fleuve l’Adige.
Bonaparte remplit les caisses du Directoire
Tout cela est certes fort intéressant pour la France – même si le principe révolutionnaire du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est plutôt bafoué dans le nord de l’Italie… Mais ce qu’apprécient beaucoup le Directoire, les députés, bref, tous ceux que l’état des finances en France inquiétait, c’est que Bonaparte sait, dans les traités de paix, exiger du vaincu des sommes astronomiques dont il envoie la plus grande partie dans les caisses qui commencent à se remplir. Le reste, c’est-à-dire des sommes énormes, il le garde pour sa convenance personnelle. Il n’est jamais tout seul dans ces campagnes, Bonaparte le Corse ! Il est rejoint par sa nombreuse famille, et il distribue à ses frères, ses sœurs, sa mère, des gratifications fort confortables… L’ancien pauvre est résolument décidé à s’inscrire dans la liste des plus grandes fortunes de l’histoire !
Babeuf : l’égalité à tout prix
L’égalité ! Il en rêve, le petit commis d’arpentage, François-Noël Babeuf, né à Saint-Quentin en 1760 ! Il voudrait que cessent les injustices. Et pour cela, il a imaginé le système suivant : il faut supprimer les classes sociales et la propriété individuelle. Ensuite, tout le monde travaillera pour le même salaire, exactement. Les biens produits seront mis en commun, distribués de façon équitable. Voilà pour la théorie qui est le fondement même du communisme.
Babeuf qui a pris le nom des Gracchus – Romains qui tentèrent une réforme agraire au Ier siècle avant J.-C., redistribuant aux pauvres les terres accaparées par les aristocrates – expose ses convictions dans son journal. Il est approuvé par d’anciens robespierristes, d’anciens Montagnards, des déçus de tout bord. Il s’entoure de partisans de qualité parfois discutable. Ainsi Buonarotti, un conspirateur qui se prétend le descendant de Michel-Ange. Au début de 1796, une conspiration visant à renverser le Directoire est élaborée par Gracchus Babeuf et ses compagnons. Cette conspiration des Égaux parvient aux oreilles de la police du gouvernement. Les conjurés sont arrêtés le 8 mai. Trois semaines plus tard, Babeuf et son compagnon Darthé montent à l’échafaud. Les autres sont déportés.
1798, l’Égypte : « Soldats, du haut de ces pyramides
...»Même si Bonaparte est sollicité par les directeurs en cas de coup d’État, même s’ils lui demandent parfois des conseils, ils ne voient pas toujours d’un bon œil son ascension fulgurante.
Au diable, Bonaparte !
Mais qu’est-ce que c’est que ce petit général qui se permet d’ignorer les ordres, qui inonde de ses Courriers d’Italie
la France ébahie par tant de bravoure, de gloire ? Il fait de l’ombre au Directoire ! Il est grand temps de l’éloigner, de l’envoyer au diable, ou du moins, en enfer, c’est-à-dire dans un lieu de fournaise, sous un climat où le soleil peut être fatal, et surtout dans une zone géographique qui représenterait une première étape avant les Indes d’où il faudrait chasser les Anglais : l’Égypte ! 280 navires de guerre, 55 navires de transport ! 54 000 hommes ! Les plus valeureux généraux : Berthier, Murat, Davout, Lannes, Marmont, Duroc, Bessières, Friant, Kléber, Desaix. Le départ a lieu de Toulon, le 19 mai 1798. Le 9 juin, l’île de Malte est prise.«… quarante siècles vous contemplent ! »
Le 1er
juillet, l’expédition arrive à Alexandrie, après avoir réussi à échapper à Nelson, l’amiral anglais lancé aux trousses de Bonaparte. La ville d’Alexandrie est prise en une journée, le 2 juillet. L’armée marche sur Le Caire. Le 21 juillet, la cavalerie turque des Mamelouks lui barre la route. Napoléon dope alors ses soldats avec cette phrase : « Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! » Quelques heures plus tard, les Mamelouks sont écrasés. La voie est libre vers Le Caire où les troupes françaises entrent le 23 juillet 1798. Bonaparte établit dans la ville son quartier général. Une semaine passe, et c’est la catastrophe : Nelson prend habilement en sandwich la flotte française, et la détruit. Napoléon est coupé de l’Europe, prisonnier de sa conquête !