Jureurs et réfractaires ! Mais prêtres les uns et les autres ! Pendant la révolution, les Français ne savent trop où donner de l’âme : ou bien ils s’adressent à ceux qui ont prêté serment à la constitution civile du clergé, et se rendent ainsi infidèles au pape, le chef de l’Église catholique ; ou bien ils font confiance aux ecclésiastiques demeurés fidèles à Rome, mais qui exercent alors en pleine illégalité, par rapport aux nouvelles lois françaises !
Bonaparte va ramener la paix dans les églises et les chapelles, dans les chaumières et les séminaires. Le 16 juillet 1801, à deux heures du matin, il signe un concordat avec le pape Pie VII : le catholicisme y est reconnu pour la religion pratiquée par la majorité des Français. Le premier consul nomme les évêques qui lui prêtent un serment de fidélité, mais le pape leur donne l’investiture canonique. Les acquéreurs de biens nationaux ne seront pas inquiétés par Rome, en revanche, un salaire convenable est accordé aux évêques et aux curés. Que faire des prêtres jureurs qui avaient renié le pape ? Eh bien, quand ils reviendront dans le sein de l’Église, on tournera la tête, et on fera semblant de croire qu’ils n’en sont jamais sortis…
« Entre mes mains, un pareil homme aurait fait de grande choses »
Cadoudal ! Un élève brillant au collège Saint-Yves de Vannes où il se signale par son sens de la répartie, par son esprit vif dans un corps qui en impose. Adulte, Cadoudal est un géant qui trouve dans la chouannerie bretonne une aventure à sa mesure. Elle lui permet de quitter son bureau poussiéreux de clerc de notaire. En 1793, à vingt-deux ans, il refuse avec éclat la conscription, se retrouve au combat, est blessé, emprisonné à Brest, puis libéré. Lors du débarquement franco-anglais de Quiberon, le 27 juin 1795, c’est lui qui commande la troupe des chouans, jusqu’au désastre.
En 1796, il accepte de faire la paix avec Hoche, mais, en 1797, il se rend en Angleterre, est nommé commandant en chef de la Basse-Bretagne par le comte d’Artois (le futur Charles X). Il lève une armée de 20 000 hommes et reprend le combat en 1799. Février 1800 : il signe la paix, davantage par contrainte que par volonté. Quelques mois plus tard, il participe à l’organisation de l’attentat de la rue Saint-Nicaise où Bonaparte aurait dû trouver la mort : une machine infernale composée de barils de poudre installés sur une charrette explose entre la voiture du premier consul et celle de Joséphine – on compte dix morts, des dizaines de blessés ; Bonaparte est indemne et demande que sa voiture poursuive son chemin, sans se préoccuper de son épouse…
Retour en Angleterre pour Cadoudal. Louis XVIII le nomme commandant en chef des armées de l’ouest. En 1803, il revient pour enlever Bonaparte, avec Pichegru, Moreau, et quelques autres. Arrêté le 9 mars 1804 à Paris, il est jugé et condamné à mort. Avec onze de ses compagnons, il est guillotiné le 25 juin 1804. Son corps est donné aux étudiants en médecine : le chirurgien Larrey garde son squelette, et le monte sur fil de fer afin de l’utiliser pour ses cours d’anatomie. Aujourd’hui, les restes de George Cadoudal reposent à Auray, au mausolée de Kerléano. Bonaparte qui avait eu avec lui, en 1800, une entrevue plutôt houleuse, et qui cherchait à le sauver, eut ces mots : « Entre mes mains, un pareil homme aurait fait de grandes choses ! »
La France du premier consul a besoin de stabilité. Voilà pourquoi Bonaparte adresse des offres de paix à l’Angleterre, à l’Autriche, offres rejetées. Il va falloir garantir les frontières par la guerre !