Alerte ! Les Autrichiens se préparent – encore ! – à attaquer la France par le sud. La Paix ? Ils ne veulent pas en entendre parler ! Le 18 février 1800, Bonaparte n’a pas le temps de savourer le résultat du plébiscite qui accueille sa nouvelle constitution (déjà mise en œuvre depuis décembre 1799…) : plus de trois millions de oui, et seulement 1 562 non ! Mais environ quatre millions d’abstentions… En mars, il prépare son plan d’attaque. Son idée : lancer deux armées qui vont converger sur Vienne. L’une d’elles passe par la Bavière, elle est confiée à Moreau. L’autre, l’armée d’Italie, retrouve son chef adoré qui a décidé de déboucher par surprise dans la plaine du Pô. Il lui faut porter secours au plus vite à Masséna, isolé dans Gènes, car les troupes autrichiennes occupent toute l’Italie du Nord. Par où faut-il passer pour arriver sur l’ennemi en le surprenant, lui qui s’acharne à faire le siège de Gênes, ce qui va laisser à Bonaparte toute liberté d’action ? Il faut franchir les Alpes en passant par le Grand-Saint-Bernard !
Les habitants de la montagne déclarent qu’il est impossible d’effectuer ce parcours : la neige, en altitude, fait plus de trois mètres d’épaisseur, et les sentiers sont à flanc de montagne. Impossible ? Hannibal l’a bien fait au IIe
siècle avant Jésus-Christ ! C’est sans doute encore faisable ! Voilà pourquoi Bonaparte décide que son armée, 60 000 hommes, 100 canons, des centaines de caisses de munitions et de vivres, vont franchir les Alpes ! Les canons sont démontés. Des arbres sont abattus, évidés de sorte qu’ils prennent la forme d’une auge où le fût est déposé. Puis cent hommes s’y attellent avec des cordes. En deux jours, la pièce se retrouve de l’autre côté de la montagne !À deux heures de l’après-midi, l’armée française est décimée, elle va entamer une retraite prudente. Bonaparte a suivi cette déroute du haut d’un clocher. Il sait maintenant que Desaix est en route pour le rejoindre, mais il va sans doute arriver trop tard. Desaix est au galop avec ses troupes fraîches. Il se guide au son du canon et, bientôt, il parvient en vue du champ de bataille de Marengo. Il place ses hommes et leurs armes en ordre de bataille, il fait donner le canon, et bientôt la victoire change de camp : les Autrichiens sont vaincus. Mais, dès le début de l’engagement, Desaix, Louis Desaix, le pacificateur de l’Égypte qui y avait acquis le surnom de « Sultan juste », son cheval lancé contre l’ennemi, a reçu une balle en plein cœur. Bonaparte qui l’appréciait est atterré. Ce soir-là, il dit, devant la dépouille de son général et ami : « Pourquoi ne m’est-il pas permis de pleurer ? » Le même jour, au Caire, Kléber qui était resté en Égypte est assassiné par un fanatique à la solde des Turcs.