Le pape Pie VII grelotte ce 2 décembre 1804 dans la cathédrale Notre-Dame décorée de carton pâte, à l’antique, où il a été installé depuis neuf heures du matin. C’est Talleyrand qui l’a invité à venir à Paris pour le sacre. Convoqué plutôt qu’invité… À onze heures, les vingt-cinq voitures du cortège partent des Tuileries. Le carrosse de Napoléon est tiré par huit chevaux de couleur isabelle, empanachés de blanc, des pages en tenue vert et or l’encadrent. L’arrivée dans la cathédrale est solennelle, mais l’atmosphère familiale n’est pas au beau fixe : les sœurs de Napoléon détestent Joséphine. Elles ont été chargées de tenir sa traîne. Joséphine qui est de petite taille redoute que cette traîne l’emporte vers l’arrière. C’est ce qui arrive presque lorsque, volontairement, les sœurs traîtresses tenant le voile ralentissent brusquement. Joséphine rétablit son équilibre à grand peine…
Vers trois heures de l’après-midi, alors que Napoléon vient de prononcer, la main sur l’évangile, son serment en terminant par ces mots : « Je jure de gouverner dans l’intérêt de la gloire et du bonheur du peuple français », le héraut de la cérémonie crie : « Le très glorieux et très auguste Napoléon, empereur des Français, est sacré et intronisé. » Quatre cents porteurs de torches conduisent ensuite le cortège aux Tuileries. C’en sera bientôt fini de la Révolution : on ne fêtera plus le 14 juillet, la
Si l’amiral français Villeneuve n’avait pas été battu au large des côtes d’Espagne à Trafalgar par Nelson, s’il avait pu revenir en Manche comme l’espérait Napoléon, si… C’est toujours avec des si qu’on a envahi l’Angleterre…
Présent en Allemagne dont il devient une sorte d’arbitre en ayant réduit à quatre-vingt-deux les 350 États du Saint Empire, présent en Suisse et en Belgique, en Hollande et en Italie, en Méditerranée, présent en Inde, à Saint-Domingue, en Louisiane, Napoléon, plutôt que de se laisser harceler sans cesse par les Anglais, aimerait débarquer dans la Grande Île, très inquiète de l’ascension du petit Corse, très soucieuse pour son commerce. Des dizaines de projets lui sont présentés, du tunnel sous la Manche à la montgolfière, en passant par le plus raisonnable : les navires. Les préparatifs vont bon train à partir de Boulogne, de 1803 à 1805, où un immense camp pouvant contenir 100 000 hommes est installé. Des centaines de bateaux à fond plat, prêts à être entraînés vers le large, des chaloupes canonnières, des corvettes, et des espèces de barges de débarquement pouvant emporter cinquante chevaux attendent au mouillage. Des forts, des arsenaux, des poudrières, des postes d’observation hérissent la côte. Tout est prêt, ou presque.