Le 2 décembre, à sept heures trente, la bataille commence. Comme l’avait prévu Napoléon, les Austro-Russes attaquent son aile droite. La cavalerie de Murat et l’infanterie de Lannes – son aile gauche – s’apprêtent à en découdre avec les régiments du Russe Bagration. Napoléon se trouve sur un tertre, non loin du champ de bataille dont une grande partie est plongée dans le brouillard. Soudain, le soleil apparaît vers huit heures, dissipant un instant la brume, le temps pour Napoléon de constater que le centre austro-russe s’est bien dégarni, comme il l’avait prévu. Les hommes de Soult, massés au pied du plateau, s’impatientent.
Finalement, l’ordre d’assaut est donné. Les régiments de Soult escaladent le plateau de Pratzen, émergent du brouillard et surgissent au centre dégarni de l’armée austro-russe dont les deux ailes ne se rejoindront plus ! Les soldats de Koutouzov sont ahuris : d’où sortent ces Français qui déferlent dans leurs rangs ? Les deux empereurs comprennent immédiatement dans quel traquenard ils sont tombés. Ils tentent de lancer une contre-attaque, mais leurs troupes sont désormais coupées en deux, en trois, en quatre, et celles de Napoléon s’acharnent sur chacun de ces tronçons dont l’un termine sa course sur les étangs gelés, près de l’aile droite française. Napoléon fait donner le canon sur les glaces qui se brisent. Des milliers d’Austro-Russes vont périr noyés !
Quelques heures ont suffi à Napoléon pour conduire une bataille qui demeure considérée comme la bataille des batailles, comme un exemple de stratégie – à condition de combattre un ennemi aux analyses un peu courtes ! On peut imaginer ce qu’aurait été Austerlitz si on avait écouté Koutouzov au lieu de l’envoyer dormir ! Ou bien on n’imagine rien et on se penche sur le bilan de la plus célèbre des victoires de l’empereur :
« Voilà un brave ! »
Au soir de la bataille, Napoléon fait cette proclamation : « Soldats, je suis content de vous. Vous avez, à la journée d’Austerlitz, justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire… » Il vous suffira de dire : « J’étais à la bataille d’Austerlitz », pour qu’on vous réponde : « Voilà un brave ! »
Ainsi prenait fin le Saint Empire romain germanique fondé plus de huit siècles auparavant !
Iéna, Auerstadt en 1806, Eylau et Friedland en 1807, autant de batailles, autant de victoires de Napoléon contre la quatrième coalition !