Battus au sud, les Autrichiens, mais encore présents et belliqueux à l’est ! Moreau va les écraser à Hohenlinden, en Bavière, le 3 décembre 1800, prenant leur colonne sous un feu nourri, dans une clairière entre deux forêts. Moreau les poursuit, se dirige vers Vienne où il pourrait faire son entrée. Mais il fait demi-tour, ce que Napoléon lui reprochera jusqu’à Sainte-Hélène ! La paix est ensuite signée à Lunéville le 9 février 1801, une paix qui renforce le traité de Campoformio, accordant à la France la rive gauche du Rhin, les territoires belges. Bonne nouvelle aussi du côté des Anglais qui signent le 25 mars 1802 la paix d’Amiens : l’Égypte est restituée à la Turquie, la France récupère ses colonies. Cette paix est accueillie avec enthousiasme, mais rien n’est réglé en profondeur : la France et l’Angleterre demeurent de farouches rivales sur le plan commercial et industriel. Un semblant de paix s’installe cependant.
Toussaint Louverture
Il est né esclave des Espagnols et des Anglais en 1743 à Saint-Domingue. La révolte contre les planteurs blancs, c’est lui qui la conduit. Le 4 février 1794, les députés français abolissent l’esclavage. Toussaint Louverture chasse de son île les Anglais et les Espagnols. Il fait alliance avec les Français. Excellent administrateur, il donne à Saint-Domingue une constitution où il est précisé que l’île est autonome, mais qu’elle demeure dans l’Empire colonial français. La sécurité des planteurs y est garantie, et le commerce devient florissant. Intolérable pour Bonaparte ! Il envoie, en février 1802, 20 000 hommes qui vont tout casser et tout gâcher : Toussaint Louverture – qui devait son nom aux brèches qu’il savait pratiquer dans les lignes ennemies – est fait prisonnier. Il est emmené en France, détenu au fort de Joux, dans le Doubs. Il y souffre des rigueurs du climat mais aussi des brimades, des vexations et des humiliations que lui font subir ses gardiens, parce qu’il est noir. Il meurt de chagrin le 17 avril 1803.
Pas de temps à perdre : Bonaparte possède un génie de l’organisation qui fait merveille pour remettre en ordre une France qui va acquérir des structures dont beaucoup nous servent encore aujourd’hui, quotidiennement.
Bonaparte profite de la paix pour continuer à organiser la France à sa façon : les écoles centrales départementales sont jugées trop souples dans leur enseignement, on a le tort d’y penser librement. Elles sont transformées en lycées à la discipline militaire où la pédagogie vigoureuse va s’inspirer des pratiques jésuites. Depuis 1789, un code de lois uniques a été entrepris, jamais achevé. Bonaparte crée une commission chargée de le terminer. Il participe à la rédaction de certains articles, notamment ceux qui renforcent considérablement, dans la famille, l’autorité du père sur sa femme et ses enfants. Il impose le divorce par consentement mutuel – on ne sait jamais, Joséphine ne parvient pas à lui donner d’enfant ! Il y fait ajouter un règlement détaillé pour les militaires.
Cambacérès, avocat, député de l’Hérault à la Convention, avait déjà présenté le projet d’un code unique pour tous les Français le 9 août 1793 à l’Assemblée. Projet sans suite à l’époque, car une commission de rédaction n’avait pu être réunie. Le 12 juin 1796, Cambacérès ressort l’ébauche de son code civil, mais il ne convainc pas le Directoire. En 1800, Bonaparte est séduit ; un comité de rédaction, composé de Bigot de Préameneu, Malevile, Portalis et Tronchet, se réunit au domicile de celui-ci, rue Saint-André-des-Arts, et rédige, en quatre mois, une première version du code qui sera discuté entre le 17 juillet 1801 et le 21 mars 1804 durant 109 séances du Conseil d’État dont cinquante-sept sont présidées par Bonaparte, et cinquante-deux par Cambacérès. Le 21 mars 1804 naît officiellement le code civil des Français, un code rédigé de façon claire, sobre et précise, et qui va obtenir beaucoup de succès à l’étranger.
Hochets de la vanité